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[Avant-première] Imitation Game, hommage parsemé d’approximations

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

[Avant-première] Imitation Game, hommage parsemé d’approximations

Ce lundi 26 janvier, nous avons pu assister à l’avant-première d’Imitation Game, de Morten Tyldum, pour lequel Benedict Cumberbatch est nominé à l’Oscar du meilleur acteur. C’est le quatrième film du réalisateur norvégien. A Nice, où le Laboratoire de Mathématiques J.A. Dieudonné de l’université de Nice Sophia-Antipolis, avait créé un musée d’informatique et un espace culturel dédié aux sciences du numérique, l’Espace-Turing, malheureusement fermé en mars 2014 (bien qu’il continue son activité hors-les-mur), en honneur au mathématicien, père de l’informatique, il faut dire que nous étions impatients de voir Imitation Game. Morten Tyldum a-t-il su rendre hommage au génie Turing qui déchiffra le code nazi Enigma et abrégea la seconde guerre mondiale ?

Durant la seconde guerre mondiale, Alan Turing (Benedict Cumberbatch), mathématicien diplômé de Cambridge est recruté par les services secrets anglais pour casser le cryptage Enigma mis en place par les nazies pour leurs télécommunications. Chaperonné par Stewart Menzies (Mark Strong), un agent du MI6  et en conflit permanent avec le Commandant Denniston (Charles Dance que l’on connaît pour son rôle emblématique dans Game of thrones), son caractère difficile lui donnera du fil à retordre avec ses collègues : Joan Clarke (Keira Knightley) avec qui il aura une liaison, Hugh Alexander (Matthew Goode) et John Cairncross (Allen Leech).

[Avant-première] Imitation Game, hommage parsemé d’approximations

Alan Turing (Benedict Cumberbatch)

Librement adapté et forcément sujet à caution sur les sentiments et les ambitions réels de Turing, Imitation Game souffre de quelques approximations, sûrement dans l’espoir de romancer la vie de Turing. Premièrement, Turing savait que son ami Christopher Morcom était malade de la tuberculose bovine. La décision de faire annoncer la nouvelle par le proviseur est un artifice dramatique. La licence créative est tout à fait acceptable dans cet esprit-là. De la même manière, Turing n’a jamais appelé sa machine Christopher mais Bombe, référence guerrière et son premier modèle fut nommé Victory. Cette idée scénaristique rajoute à son étrangeté.

[Avant-première] Imitation Game, hommage parsemé d’approximations

Peter Hilton (Matthew Beard), Hugh Alexander (Matthew Goode), John Cairncross (Allen Leech) et Alan Turing (Benedict Cumberbatch)

Cependant certain point d’Imitation Game sont plus sujets à controverse. Si Turing a été inquiété et condamné pour ses préférences sexuelles homosexuelles, il n’a jamais été soupçonné une seule seconde de trahison. Le personnage de John Cairncross a quant à lui réellement travaillé à Bletchey Park mais n’a jamais été affecté à la même unité que Turing. Il y a quelques années, un ancien membre du KGB aurait révélé son implication en tant qu’agent soviétique. Il est tout de même limite de la part de Morten Tyldum d’insinuer que Turing aurait eu connaissance d’une trahison et ne l’aurait jamais divulgué.

[Avant-première] Imitation Game, hommage parsemé d’approximations

Joan Clarke (Keira Knightley), Stewart Menzies (Mark Strong) et Alan Turing (Benedict Cumberbatch)

Imitation Game joui d’une réalisation correcte mais somme toute banale. C’est vraiment grâce à la participation de Cumberbatch, habitant le personnage avec panache et sincérité que le film réussit à prendre de l’ampleur. Son interprétation est juste et touchante. Il rend parfaitement la stature un brin hautaine du génie au sein duquel point pourtant une fragilité émotionnelle. À l’instar du jeune Alex Lawther qui est aussi émouvant en jouant le jeune Alan. Solitaire, Turing pris souvent le parti de travailler seul, en marge de son équipe de Bletchley Park, le quartier général de la Government Code and Cypher School, organisme de renseignement britannique chargé d’intercepter et de décrypter les communications étrangères entre 1919 et 1946. L’acteur fait brillamment revivre le génie.

[Avant-première] Imitation Game, hommage parsemé d’approximations

Alan Turing (Benedict Cumberbatch)

Alan Turing fut condamné à la castration chimique pour éviter la prison. Il se suicida un an après sa condamnation. La Reine Elizabeth II a gracié Alan Turing en 2013 sans jamais remettre en cause la responsabilité de l’état britannique dans la persécution homophobe qui durait depuis 1885 et ne prit fin qu’en 1967.

Boeringer Rémy

Pour voir la bande-annonce :


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