Durant sa longue, très longue période d’activité, qui nous semble également intense à la lecture des archives, le redoutable Conseil des X a pris des mesures qui peuvent nous surprendre de nos jours.
Il semble que la date du 28 janvier fut, de tout temps une source d’inspiration pour les patriciens les plus craints de la Sérénissime République.
Ainsi, le 28 janvier 1432, il réitère l’interdiction d’organiser des associations politiques en des termes que le décret précise : … che se d’ora innanzi alcuno o alcuni Nobili nostri, da sé o col mezzo d’altri, sotto alcun colore, modo forma o ingegno che dire, o immaginare si possa, oserà fare qualche setta, confederazione, compagnia o altra intelligenza, chiara od occulta, colle parole e coi fatti, con giuramento o senza, per aiutarsi l’un l’altro ne’ nostro Consiglio, siano banditi perpetuamente, e se tornino dal bando condannati al carcere in vita.
Soit : … si désormais toute ou partie de nos nobles, par eux-mêmes ou par l’intermédiaire d’autres, sous n’importe quelle couleur, quelque soit la forme ou l’ingéniosité de la manière, et quelle qu’en soit l’imagination, osera créer une secte, société ou autre intelligence, claire ou obscure, par la parole ou par les actes, avec ou sans serment, pour s’entre aider sans l’accord de notre Conseil, seront bannis à jamais, et en cas de retour, condamnés à la prison à vie.
Le 28 janvier 1489, une ordonnance est publiée, qui nous paraît, aujourd’hui, pour le moins curieuse : Siano evitati i brogli nelle votazioni dei Consigli.
Certes, il est bon de rappeler qu’on évite la fraude lors des votes des Conseils, mais l’Histoire semble démontrer que ce vœu est resté pieu, et ce durant toute l’histoire de la Sérénissime République, quand à l’Italie moderne, nos chèr-e-s politiciens ne savent même pas ce que cela semble vouloir dire…
Mais le décret le plus impopulaire fut probablement pris par le Conseil des X le 28 janvier 1776 : è fatto divieto alle donne di entrare nei caffè, sia di giorno che di notte, dopo la fine del Carnevale.
A compter de cette date, interdiction est faite aux femmes d’entrer dans les cafés, de jour comme de nuit après la fin du Carnaval.
Valentino Francesconi, petit-fils du fondateur du Caffè Florian, s’est battu longtemps et avec obstination contre cette décision. Plusieurs fois il a déposé une demande de dérogation, promettant aux inquisiteurs l’utilisation d’une salle réservée aux dames, et rappelant que le Florian était un des meilleurs endroits de la vie locale et artistique de la ville.
Il réussi, finalement, après de longues années à convaincre les inquisiteurs : Le Caffè Florian obtint la permission de laisser entrer les femmes en son sein, et de les rendre ainsi à la vie sociale et mondaine de Venise.