En France, cette liberté fondamentale implique le droit de critiquer les religions et de les tourner en dérision.
Ce que les dogmes religieux appellent « blasphème » concerne en fait les seuls adeptes d’un culte donné et ne saurait donc s’appliquer à l’ensemble des citoyens…
Le blasphème est un droit de la République, légitime et autorisé. Seules sont interdites et sanctionnées pénalement les attaques contre les personnes ou les groupes de personnes, quand elles revêtent un caractère diffamatoire, raciste, antisémite, xénophobe ou discriminatoire.
Mais il existe toujours en France, dans les départements d’Alsace et de Moselle, un « délit de blasphème », vestige dans le « droit local des cultes » de l’occupation bismarckienne de 1870. Il est toujours prévu et réprimé par l’article 166 du droit pénal local !
Et si après l’attentat contre Charlie, le gouvernement de François Hollande a promis de prendre un certain nombre de mesures d’ordre administratif, juridique ou policière, il n’a pas annoncé de mettre fin au délit de blasphème en Alsace-Moselle !
Pourtant, une telle abrogation ne porterait pas atteinte au libre exercice des cultes, puisque celui-ci est garanti partout en France par la Constitution et la loi du 9 décembre 1905. Ce serait même un acte hautement symbolique, un devoir minimal du Parlement et du Gouvernement français, à l’égard de la mémoire des victimes de la liberté d’expression, saluée le 11 janvier par des millions de personnes qui ont défilé dans la rue.
Mettre fin à cette dérogation locale potentiellement meurtrière aurait en même temps la valeur d’une réaffirmation, pour l’ensemble du territoire, de la portée des libertés républicaines et un signal fort à l’égard de toutes les religions dont l’Islam qui a pris un sérieux retard sur la nécessaire conversion laïque.
Si François Hollande s’était engagé pendant la dernière campagne présidentielle à « inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution » le programme du candidat, publié le 26 janvier 2012, faisait apparaître hélas une proposition numéro 46, sournoisement anti-laïque : « La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle. »
Avec cette phrase et sous couleur de défendre la laïcité, François Hollande voudrait ainsi graver dans le marbre le Concordat napoléonien en Alsace-Moselle et par voie de conséquence aujourd'hui le délit de blasphème.
Mais donner des gages aux religions n’est sans doute pas la meilleure réponse à apporter pour défendre la laïcité. C’est pourquoi, il convient d’exiger de la part du gouvernement l’abrogation immédiate, par voie législative, de ce délit de blasphème dérogatoire aux lois de la République et lié à la prétendue justification de meurtres barbares...
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