Qu'est-ce qu'une interaction médicamenteuse? SelectAfficher
On parle d’interaction médicamenteuse lorsque la prise d’une substance modifie l’effet d’un ou plusieurs autres principes actifs présents au même moment dans l’organisme.
- Si un médicament empêche l’absorption ou l’action d’un autre, ce dernier pourra ne montrer aucune efficacité.
- A l’inverse, si son élimination est ralentie ou si son effet est amplifié, des signes de toxicité pourront apparaître.
Différents mécanismes d’interactions
Interaction pharmacodynamique SelectAfficher
Ces interactions sont plus ou moins communes aux substances d’un même groupe thérapeutique (médicaments ayant des propriétés pharmacodynamiques ou des effets indésirables communs, complémentaires ou antagonistes vis à vis d’un même système physiologique)
Par exemple:
- Addition d’effets indésirables atropiniques
- Addition d’effets bradycardisants (antiarythmiques, bêtabloquants, digitaliques, inhibiteurs de la cholinestérase, etc…)
- Augmentation du risque hémorragique en cas de prise conjointe de médicaments à actions différentes mais additives sur la coagulation
- Addition des effets indésirables musculaires des statines et des fibrates
- Antagonisme d’action des antihypertenseurs et des anti-inflammatoires (AINS) sur la pression artérielle
Interaction pharmacinétique SelectAfficher
- Absorption perturbée (modification de la vitesse ou de la quantité totale absorbée)
- Distribution perturbée : le médicament circule dans le sang sous 2 formes : une forme liée aux protéines plasmatiques, inactive, et une forme libre dissoute dans le plasma, seule active. Par compétition, certains médicaments peuvent déplacer d’autres médicaments de leur liaison aux protéines plasmatiques.
- Métabolisme perturbé: Si des médicaments sont métabolisés par les mêmes systèmes enzymatiques, il y a compétition de leur métabolisme. Certains médicaments sont inhibiteurs enzymatiques: ils freinent le métabolisme d’autres médicaments et augmentent le risque d’effets indésirables liés à la dose. Les inhibiteurs enzymatiques sont souvent spécifiques d’une ou plusieurs enzymes. Certains médicaments (phénytoïne,rifampicine, carbamazépine) sont inducteurs enzymatiques . Ils accélèrent le métabolisme d’autres médicaments et diminuent leurs effets. Le plus souvent, ils ne sont pas spécifiques d’une isoenzyme, mais ils activent de très nombreux systèmes enzymatiques. Le système enzymatique le plus souvent retrouvé est celui des cytochromes P450
- Transports cellulaires perturbés: la glycoprotéine P est très souvent impliquée, elle joue le rôle de « pompe » située dans les membranes cellulaires qui expulse certains médicaments vers l’extérieur de la cellule.
- Réduction de l’élimination rénale: action de certains médicaments sur la filtration glomérulaire, et surtout l’excrétion tubulaire active
Les principales grandes interactions
Télithromycine SelectAfficher
La Télithromycine Ketek® est contre indiquée avec l’atorvastatine ou la simvastatine
- Atorvastatine : Tahor®, Caduet®
- Simvastatine : Lodales®, Zocor®, Inegy®
Risques en cas d’asscociation: Myalgies, risque de rhabdomyolyse avec libération d’enzymes musculaires exposant à un risque d’insuffisance rénale aigüe
Alcaloïdes de l'ergot de seigle SelectAfficher
- Dihydroergotamine : Diergo® spray, Ikaran®, Seglor®, Tamik®
- Ergotamine : Gynergène® cafeine
Association contre indiquée avec les triptans: Almotriptan Almogran®, Elétriptan Relpax®, Naratriptan Naramig®, Sumatriptan Imigrane®, Zolmitriptan Zomig®, Zomigoro®
Risque: Poussées d’hypertension artérielle, ou vasoconstriction aigue avec risque d’ischémie myocardique ou cérébrale. Lorsqu’un malade est traité par un alcaloïde de l’ergot de seigle, attendre 24heures après la dernière prise avant d’utiliser un triptan. Inversement lorsqu’un malade est soigné par un triptan, il convient d’attendre 6heures après la dernière prise avant d’utiliser un alcaloïde de l’ergot de seigle
Association contre indiquée avec les macrolides Azithromycine, clarithromycine, dirithromycine, érythromycine, josamycine, midecamycine, roxithromycine, télithromycine
Risques: Survenue de manifestations ischémiques périphériques, coronaires ou cérébrale (ergotisme, liées aux propriétés vasoconstrictrices des dérivés de l’ergot de seigle.
Antiparkinsoniens dopaminergiques SelectAfficher
Cette interaction concerne:
- Précurseurs de la dopamine: lévodopa : Modopar® , Stalevo®, Sinemet®
- Agonistes dopaminergiques : Apomorphine, bromocriptine, lisuride, pergolide, piribédil, pramipexole, ropinirole
- Amantadine (Mantadix®)
- Inhibiteur de la MAO-B sélégiline
- Inhibiteur de la COMT entacapone, tolcapone
Association contre indiquée avec les neuroleptiques antiémétiques
- Métoclopramide Anausin®, Primpéran®, Prokinyl®
- Métopimazine Vogalène®
- Alizapride Plitican®
Risque: Il existe un antagonisme réciproque entre l’antiparkinsonien et le neuroleptique antiémétique pouvant provoquer une aggravation de la maladie de Parkinson, avec , en particulier, une majoration des symptômes akinétohypertoniques.
Antiarythmiques SelectAfficher
Interactions entre antiarythmiques
- Disopyramide ou quinidiniques Rythmodan®, Isorythm®, Serecor®
- Amiodarone
- Sotalol
L’association de ces médicaments majore le risque d’augmentation de l’intervalle QT et de troubles du rythme ventriculaire potentiellement grave qui en résulte, notamment de torsades de pointes.
Mizolastine SelectAfficher
La Mizolastine Mizollen® présente une interaction avec l’ érythromycine, la clarithromycine, et/ ou la Télithromycine
- Erythromycine erythrocine®, abboticine®, egery®, pédiazole®
- Clarithromycine Naxy®, Zeclar®, mononaxy®, monozeclar®
- Télithromycine: Ketek®
Le risque est une majoration du risque de l’augmentation de l’intervalle QT
Sulfamides hypoglycémiants SelectAfficher
Les sulfamides hypoglycémiants
- Glibenclamide Daonil® Hémidaonil®, Euglucan®, Miglucan®
- Glibonuride Glutril®
- Carbutamide Glucidoral®
- Glipizide : Ozida®, glibenese® minidiab®
- Gliclazide Diamicron®
- Glimépiride Amarel®
présentent une interaction avec le Miconazole (Daktarin®) par voie générale mais aussi en gel buccal.
Le risque se fait par inhibition enzymatique de la métabolisation des sulfamides. on observe une augmentation de l’effet hypoglycémiant de l’antidiabétique oral, avec survenue possible de manifestations hypoglycémiques, pouvant aller jusqu’au coma. Préférer un autre antifongique polyénique non résorbé par le tube digestif comme l’amphotéricine B ou la nystatine.
Floctafénine SelectAfficher
La Floctafénine: Idarac® présente une interaction avec avec les bêtabloquants: Aténolol, Bisoprolol, Propranolol…
Cette association peut conduire à une réanimation difficile en cas de choc anaphylactique induit par la floctafénine. Les bêtabloquants bloquent les récepteurs bêta-adrénergiques, inhibant ainsi l’action de l’adrénaline. Préférer les autres antalgiques non opioïdes
Tramadol, dextromethorphane SelectAfficher
Ces molécules:
- Tramadol: Topalgic®, contramal®, Ixprim®, monocrixo®, monotramal®, takadol®, zaldiar®, zamudol®, zumalgic®
- Dextromethorphane: Dérivé morphinique antitussif d’action centrale présent dans de nombreuses spécialités antitussives
présentent des interactions avec les IMAO sélectifs A Moclobémide: Moclamine®. Le tramadol et le dextropmethorphane inhibent le système de recapture de la sérotonine. Risque de syndrome sérotoninergique
Syndrome sérotoninergique
Manifestations neurovégétatives (hyperthermie, sueurs, tachycardie, augmentation de la pression artérielle systolique, frissons), digestifs (diarrhée) et neuropsychique (tremblement, troubles de la conscience, agitation, myoclonies, hyperréflexie, incoordination motrice).
Sympathomimétiques par voie orale SelectAfficher
Les sympathomimétiques par voie orale
- Pseudoéphédrine: Rhinadvil®, rhinureflex®, Sudafed®…
- Phényléphrine: Hexarhume®
présentent des interactions avec les sympathomimétiques par voie nasale
- Ephédrine: Rhinamide®, rhinosulfuryl®,
- Naphazoline: Derinox®,
- Oxymétazoline: Aturgyl®, Deturgylone®, Pernazene®,
- Tuaminoheptane: Rhinofluimucil®
entraînant ainsi une majoration de l’effet vasoconstricteur artériel menant à des poussées hypertensives mais aussi dans des cas exceptionnels à des accidents vasculaires cérébraux, à des crises angineuses, voire à des infarctus du myocarde
Que faire pour éviter les interactions?
Pour éviter les interactions SelectAfficher
- Informez toujours votre médecin, votre dentiste et votre pharmacien des médicaments prescrits par ailleurs, ou achetés sans ordonnance.
- Prévenez toujours votre pharmacien des traitements que vous suivez, avant d’acheter un médicament d’automédication. Ne croyez pas qu’un médicament soit forcément anodin parce qu’il est en vente libre. Certains d’entre eux peuvent être à l’origine d’interactions graves, comme l’aspirine lorsqu’on prend des anticoagulants.
- le dossier pharmaceutique est un outil indispensable pour votre sécurité. Demandez à votre pharmacien de vous en ouvrir un.
- Prenez garde au fait que deux médicaments, même pris à distance l’un de l’autre, peuvent interférer entre eux.
- N’oubliez pas que les produits et médicaments à base de plantes peuvent provoquer eux aussi des interactions.
Ces précautions vallent également pour les pilules contraceptives, qui sont des médicaments et dont l’efficacité peut être réduite par certains traitements.
Liens utiles SelectAfficher
Thèse de doctorat en Pharmacie soutenue par Amélie MATHIS sur le « Rôle des cytochromes P450 dans les interactions médicamenteuses et environnementales rencontrées à l’officine« :
Dossier thématique de l’ANSM: Thesaurus des interactions médicamenteuses (01/2014)
Interactions médicamenteuses. Pharmacologie Bordeaux (2004)
Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), ma pharmacie en ligne
Dernière modification le: jan 27, 2015 @ 13 h 27 min