Le pitch : En 2002, Matthieu Blanchin est victime d’une attaque cérébrale qui le laissera dix jours dans le coma. Dans cet étonnant récit en bande dessinée, il témoigne de son expérience fabuleuse et de son difficile retour à la vie normale pour lui et sa famille. Une expérience rare qui impose un traitement singulier de son histoire où l’essence de son dessin se trouve affranchie. Un livre baroque et insolite pour une histoire vraie. Un livre nécessaire aussi.
« - Dans quel état m’avez-vous trouvé quand je suis arrivé aux urgences la nuit de mon opération ?!
Jeanne va avoir 2 ans. Matthieu Blanchin est heureux de fêter l’anniversaire de sa fille mais il est en proie à de violents maux de tête, vomissements et aveuglement qui le conduisent à l’hôpital. C’est une tumeur au cerveau. Il faut l’opérer dans l’urgence. Matthieu Blanchin tombe dans le coma. Trépané, il a eu besoin de raconter son passage dans la mort, son coma et l’existence qui s’en est suivie.
Coté scénario, Matthieu Blanchin livre ici un récit intimiste plein de pudeur. De la folie du coma jusqu’à la lente guérison, en passant par les rechutes, on suit le quotidien de l’auteur, sa quête du savoir et le ressenti de ses proches. On peut y voir également l’incompétence des services d’urgence, en effet Matthieu Blanchin doit la vie à l’obstination de sa femme Isabelle. Pendant 48 heures, elle a du se battre avec les services hospitaliers pour leur faire entendre que son mari n’a pas été orienté vers le bon service. Dans un premier temps, le corps médical diagnostique un diabète qui se réglera avec une légère convalescence en gastro-entérologie. Malgré l’insistance des infirmiers pour la rassurer, elle ne trouve pas normal l’état léthargique dans lequel se trouve son mari. A force de persuasion, elle obtient un autre examen qui donnera lieu à un transfert et une opération en urgence, une trépanation. Matthieu a, en effet, une tumeur au cerveau de la taille d’une orange, et, suite à l’opération, il est ensuite plongé dans un coma artificiel pendant une dizaine de jours. Ce récit biographique se découvre petit à petit, donnant un à un les éléments d’un puzzle qui relie les cauchemars du coma avec la réalité. Raconter ce cheminement avec autant de précision et de détails m’a laissé sans voix et m’a permis de comprendre ce que peut ressentir un patient dans un état comateux : "C’est là un des pires souvenirs du coma : voir, sentir mes proches, sans pouvoir les atteindre, tendre les bras 100 fois, 1000 fois… Implorer encore et encore, appeler, sans réponse aucune…"
Coté graphisme, Matthieu Blanchin opte pour un noir et blanc, sobre, dans la lignée de Martha Jane Cannary. Parfois assez sombre, notamment dans les cauchemars, qui permet d’accentuer l’ambiance horrible de ce que l’auteur a pu ressentir.
Parce qu’un médecin lui a conseillé d’écrire ses souvenirs hors du commun, Matthieu Blanchin signe ici un récit autobiographique étonnant : un témoignage singulier de cette parenthèse de vie qui, pendant longtemps, l’a rendu incapable du moindre dessin. Une bande dessinée qui donne vraiment envie de vivre, de retrouver la force de se battre.