[Emilie Daffis]
Les résolutions je n’en ai pas, je n’aime pas trop le concept dû au 1 er janvier je vais avoir des objectifs et les réaliser. (Faire un régime, arrêter de fumer, arrêter de sortir, de boire, faire du sport…) Je déteste faire comme tout le monde et pour le coup mes objectifs je me les colle régulièrement au … (presque tous les jours).
Bref passons, et revenons à nos moutons. Après cet attentat et ces prises d’otages, je me suis comme réveillée d’un long dodo. Penser à faire le bien ok, en parler c’est plutôt pas mal. Mais comment te dire à quoi cela va me servir si mes paroles ne sont pas suivies d’actes ?
Tu ne vois peut-être pas le lien entre ce qui s’est passé et ce que je me dis. Je comprends.
Je me suis fait une bonne masturbation intellectuelle, je lisais les commentaires des gens, entre les pros machins choses, les libertaires novices, les contestataires, les c’est « la faute de » …, je t’avoue que j’ai été choquée et super-triste de voir en plus de ces drames, certains comportements.
Bref passons n°2, pendant que je me masturbais mentalement et volontairement, je me suis engueulée sérieusement.
Quand allais-je comprendre ?
Me déresponsabiliser et rendre coupable les autres, c’est très facile.
La faute de l’Etat ? (tu peux me dire le jour où l’on ne les rend pas coupable de notre malheur ?)
La faute des autres ? (facile, et réducteur, les rendre coupable de ce que je ne fais pas, ce n’est pas très juste tu vois).
Mais quand est-ce que j’allais prendre mes responsabilités et me dire que peut-être si je voulais le bien autour de moi, cela devait peut-être commencer par moi.
Je suis très très forte dans le fait de me masturber intellectuellement, à réfléchir au pourquoi du comment, à trouver des solutions, à parlementer pendant des heures sur ce qui est et n’est pas.
D’ailleurs c’est même sympa, tu discutes avec les autres (autour d’un verre et d’une clope sinon c’est pas drôle), tu refais le monde, tu donnes ton opinion, la façon dont tu vois les choses, tu commences à supputer sur des trucs, et tu poursuis dans tes interprétations. Même que tu te marres pas mal, même que des fois tu te mets en colère, même que des fois tu chiales, même que des fois tu savoures ce moment orgasmique.
Bref passons n°3, la masturbation mentale tu l’auras compris peut-être jouissive à celui qui a deux neurones au moins connecté. Seulement, voilà, je veux faire le bien, j’en parle, et j’y pense. C’est mon délire, cherche pas, je suis faîtes comme ça. Je kiffe me sentir bien, je kiffe voir mon entourage heureux, je kiffe voir le bonheur des autres. Et si j’avais une putain de baguette magique, je ferais en sorte de réaliser tous vos vœux en commençant par vous donner beaucoup d’amour.
Bref passons n°4, je sais bien que le monde des Bisounours n’existe pas, faut pas déconner des tartes je m’en suis prise pas mal. Et j’ai déjà suffisamment chialé sur mon propre sort pour te dire que Candy c’est une sacrée .pµ£%te.
Mais mais mais, forcément j’en reviens à ma volonté de faire ce bien en moi et aussi pour les autres.
Et là, j’ai comme qui dirait saisi un truc assez important. Non pas que je n’en avais point conscience, je le savais déjà. Mais mais mais, il y a une différence entre savoir et avoir cette prise de conscience où je n’ai plus le choix si je veux pouvoir continuer à me matter devant ma glace le matin au réveil (après le défroissage forcément).
La réalité est telle que chaque jour, je vais voir et vivre des trucs violents, chaque seconde je peux les passer à être agressive et à en vouloir à la terre entière, chaque seconde de ma vie je peux flipper et rester bloquée sans jamais avancer.
Chaque matin, je peux recommencer la même journée que la veille en me masturbant sans jamais changer un petit truc en moi.
Chaque nuit je peux me refaire ma journée et culpabiliser de ne pas avoir fait.
Et puis y a des jours où la mort me frôle plus ou moins violemment, des attentats, des cancers, des suicides, des accidents de la route, et là je sais que ma vie est courte.
Je sais que je n’ai qu’une vie et pourtant je me rends compte que je ne la vis pas assez, je n’en profite pas assez. Je me masturbe bien correctement, je repense à tout ce que je pourrais faire, à tout ce que j’ai fait, mais voilà je reste là, sur place ou j’avance à petits pas histoire de ne pas trop me froisser. (ouais en vrai c’est de mon égo dont je prends soin ou comment me caresser dans le sens du poil que je n’ai pas)
Je sais, j’en ai conscience et pourtant je ne faisais pas comme je le voulais. Mais au fond, le voulais-je vraiment ?
Bref passons n° je ne sais plus combien : t’as vu à quel point je kiffe la masturbation mentale ?
Tout ça pour te dire, que merde, oui j’en ai marre de cette masturbation intellectuelle qui ne me fait qu’un orgasme mental (j’avoue j’adore ça). J’ai besoin de plus, j’ai besoin d’agir, de faire parce que j’en ai vraiment envie.
Grâce à tout ce qu’il s’est passé (attentats, cancers, accidents, pertes … et j’en passe), j’ai cette envie de vivre, d’agir, je veux et si je veux alors je fais.
Je veux me sentir bien, je veux être heureuse, je veux vivre, je veux et j’en ai sacrément l’intention.
Je veux que ceux que j’aime soit les plus heureux du monde, je veux les voir sourire, rire, s’amuser, et vivre leur vie.
Je veux que chacun de vous, soyez (en vrai on dit fussiez mais j’aime pas) enfin vous, libre d’être, j’ai envie que vous vous aimiez un peu, j’ai envie de vous voir happy.
Alors tu vois, je sais qu’on apprend toujours de nos expériences, et là je sais que grâce à tout ce qui s’est passé, je viens de me prendre une bonne leçon en pleine gueule.
Et bordel, que ça me fait du bien !
Soyez happy mes amis, ayez une vie orgasmique !
Prenez soin de vous et des autres ;)
Je vous kiss fort.