Les potentiels succès des partis Syriza et Podemos permettraient de réorienter l’Europe vers plus de croissance et de justice sociale.
Si la France se réforme, ce n’est pas pour satisfaire telle institution internationale ou telle autre européenne. C’est avant tout pour remettre en ordre de marche son appareil productif, ses compétitivités, et in fine son économie globale. Il ne s’agit nullement de la manifestation d’une quelconque soumission aux injonctions pouvant émaner de Washington ou de Bruxelles. Contrairement à ce que laissent penser les populistes de tout poil, les nations sont souveraines, et leurs gouvernements - démocratiquement élus - libres d’agir comme ils l’entendent.
C’est la raison pour laquelle nous devons affirmer avec force que les futures élections législatives organisées en Grèce puis en Espagne sont une chance pour l’avenir de l’Europe politique, économique et sociale à laquelle nous croyons.
ALARMISME DES DROITES CONSERVATRICES
Les progressistes européens - réformistes, écologistes, sociaux-démocrates et socialistes - ne doivent pas céder à la peur, et encore moins aux sirènes alarmistes des droites conservatrices qui, en réalité, craignent la véritable réorientation de l’Europe que nous souhaitons.
En premier lieu, arrêtons-nous sur le programme porté par Syriza en Grèce : rejet de la sortie de l’euro, hausse du salaire minimum, ou encore restructuration de la dette grecque - position d’ailleurs soutenue par nombre d’économistes. Les gauches européennes, française en tête, doivent-elles craindre de telles propositions ? Permettez-nous d’en douter.
D’autre part, regardons un instant les revendications de Podemos en Espagne avant d’émettre un quelconque jugement à son égard : lutte contre la corruption, réforme fiscale d’envergure, reprise en main des banques, et 35 heures. Les gauches européennes doivent-elles trembler devant un tel programme dont nous partageons la majeure partie des orientations ?
VERS UN NOUVEAU COMPROMIS BRUXELLOIS
Réjouissons-nous au contraire que sur les ruines fumantes d’une social-démocratie traditionnelle qui a failli, les citoyens du sud de l’Europe se tournent vers une gauche, certes radicale - du moins en théorie -, mais attachée à la démocratie et à l’Europe, et non vers l’extrême droite.
De fait, il n’y a pas d’inquiétude à éprouver : l’Europe ne deviendrait pas révolutionnaire du jour au lendemain, et c’est très clairement vers un nouveau compromis bruxellois que nous nous dirigerions avec de tels succès électoraux.
Ce qui se joue en Grèce, et demain en Espagne, est un possible basculement du rapport de force entre progressistes et conservateurs européens en faveur des premiers. C’est la raison pour laquelle la droite conservatrice agite le chiffon rouge : elle consent à jouer sur les peurs les plus viles pour annihiler tout espoir de changement en Europe. Ces deux pays de l’Europe du Sud pourraient en effet nous offrir l’occasion historique de réorienter l’Europe vers plus de croissance et de justice sociale. Soyons-en conscients.
RELANCER L'EUROPE SUR LA VOIE DE LA CROISSANCE
Quelles en seraient les conséquences potentielles pour l’avenir de la gauche européenne ? Les victoires de Syriza et Podemos permettraient aux propositions portées par les progressistes européens - notamment en mai 2014 - d’être davantage entendues : mutualisation de la dette avec création des eurobonds, mise en place d’une sécurité sociale européenne, instauration d’un salaire minimum adapté au niveau de vie de chaque pays, et lutte accrue contre la fraude et l’évasion fiscales.
Oui, nous sommes des réformistes français qui soutenons l’action du président de la République et de son gouvernement. Mais cet engagement n’entre pas en contradiction avec la façon dont nous appréhendons positivement les possibles succès de Syriza et Podemos, véritables opportunités de relancer l’Europe sur la voie de la croissance et du progrès social.
Nous lançons un appel à nos amis européens, et français : Réformistes, écologistes, progressistes et socialistes, la nouvelle Europe que vous souhaitez depuis tant d’années n’est - peut-être - plus si éloignée. N’ayons pas peur, soyons progressistes et européens ! Il s’agit là d’une occasion historique d’avancer vers un avenir européen que nous appelons ardemment de nos vœux.
Matthieu MAYER Président de Génération 6 Mai, Fabien CHEVALIER Président de Sauvons l'Europe! et Hadrien GHOMI Président du Cercle des Nouveaux Réformistes (CNR)
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