J’ai écrit ces poèmes entre la fin décembre 2014 et le début janvier 2015. Ils sont encore inédits mais ont été publiés sur certains forums de poésie.
Tableau
(27 décembre 2014)
Le bruit de la pluie est plein de frétillements et de répercussions, on devine les fractures du ciel et les nuages bourgeonnants.
Le bruit de la pluie ondoie comme un pressentiment et je reste hermétique aux réminiscences d’amours passées.
La cigarette a un goût de réglisse usagée, d’insouciance périmée, et la fumée prend la teinte des albums de famille au fond des tiroirs tristes.
Cette nuit, mes rêveries ne me mèneront pas plus loin que la lisière de l’enfance et je reste insensible au vent froid qui se lève à l’orée du trépas.
La chaleur de ton sommeil me ramène aux moissons d’autrefois sur les enluminures.
La tiédeur de ton souffle ranime l’or et la myrrhe sur les toiles flamandes.
Le bruit de la pluie s’effondre sur mes frissons.
Marie-Anne Bruch
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Revue de détail (10/01/2015)
en l’honneur de Charlie Hebdo
L’écho des guerres lointaines se dilue peu à peu dans le ciel impassible et la ville s’enivre du récit de ses fautes supposées.
Nous irons faire du tourisme dans les décombres des citadelles vaincues, nous achèterons des soldats de plomb aux épiciers goguenards.
La paix est une grenade qu’on n’ose pas dégoupiller et qu’on laisse moisir dans un champ en friches.
Les dieux, avec leurs yeux d’acier trempé, ne pleurent pas sur nous et attendent patiemment notre déconfiture.
Notre liberté consiste à nous détailler sans fin dans les miroirs, notre liberté consiste à ressembler éternellement à nous-mêmes.
Marie-Anne Bruch
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