Chaque année, en Europe, 170.000 personnes meurent de cirrhose alcoolique du foie. Si bien évidemment la consommation d’alcool est le facteur de risque le plus important, les données de risques et bénéfices des différents modes de consommation sont parfois contradictoires. Une consommation modérée d’alcool a été associée à une réduction du risque d’insuffisance cardiaque, une consommation modérée de vin à de nombreux bénéfices pour la santé, dont une protection contre les maladies cardiovasculaires, contre le diabète de type 2, un bon point pour l’immunité, ou même simplement pour l’humeur. Peut-on donc boire de manière modérée et régulière sans risque pour la santé ? Jusque-là on pensait en effet que le risque de cirrhose était fonction du volume d’alcool consommé indépendamment du mode de consommation. Cette étude établit un modèle de risque différent, l’influence significative d’une consommation régulière sur le risque de cirrhose.
Les chercheurs danois ont évalué le risque de cirrhose alcoolique chez 55.917 participants âgés de 50 à 64 ans, participant à la Danish Cancer, Diet, and Health study (1993-2011). Les participants ont renseigné par questionnaire de fréquence alimentaire et de mode de vie un certain nombre de données, dont l’alcool, le tabagisme, l’activité physique, l’éducation etc et ont subi un examen médical à l’inclusion dans l’étude. Les participants ont en particulier précisé leur consommation moyenne et leur fréquence de consommation d’alcool aux âges de 20 à 29 ans, 30 à 39 ans, 40 à 49 ans, 50 à 59 ans. Les chercheurs ont calculé les ratios de risque (RR) de cirrhose alcoolique en fonction de l’importance et de la fréquence de consommation, de la consommation » à vie » et du type de boissons consommées.
· Sur les 56.000 participants, 257 hommes et 85 femmes ont développé une cirrhose alcoolique, soit
- un taux moyen d’incidence de 66/100.000 personnes-années chez les hommes,
- de 19/100.000 personnes-années chez les femmes.
· aucun cas de cirrhose alcoolique n’a été constaté chez les abstinents à vie.
L’analyse montre ensuite que,
· chez les hommes, une consommation quotidienne augmente le risque de cirrhose alcoolique par rapport à une consommation u peu moins régulière (de 5 ou 6 fois par semaine, par exemple).
· une consommation récente d’alcool (un facteur qui atteste de la régularité de consommation) s’avère un meilleur prédicteur de la cirrhose alcoolique que la durée de consommation d’alcool » à vie « .
· la consommation modérée de vin, vs bière et autres spiritueux, est associée à un moindre risque de cirrhose alcoolique.
· Chez les femmes, les mêmes tendances sont constatées, avec une base statistique moindre.
Si de précédentes études ont associé la consommation cumulée d’alcool à vie et le risque futur de cirrhose alcoolique, cette étude ajoute un facteur de risque, la régularité extrême de la consommation. Une conclusion qui rejoint d’autres études et recommandations, donc celles de 2011 du Royal College britannique of Physicians britannique (RCP) qui appelaient à faire un break et à s’abstenir de boire 3 jours par semaine.
Source: Journal of Hepatology April 2014
DOI:10.1016/S0168-8278(14)60466-9CURRENT AND LIFETIME ALCOHOL CONSUMPTION AND RISK OF ALCOHOLIC CIRRHOSIS: A PROSPECTIVE COHORT STUDY
DOI: 10.1016/S0168-8278(14)60465-7 ALCOHOL DRINKING FREQUENCY AND RISK OF ALCOHOLIC CIRRHOSIS IN MIDDLE-AGED WOMEN AND MEN: RESULTS FROM A POPULATION-BASED COHORT STUDY