Gérard Bertrand passe l’écrit

Par Gourmets&co

Dans nos sociétés post-modernes, l’écrit vient parachever une carrière, un exploit, une aventure, une réussite, comme si le livre demeurait un facteur de crédibilité que l’image ou le son n’ont pas et n’ont jamais eu.

Gérard Bertrand, vigneron de son état, n’y a pas échappé. Enfant du Languedoc, il suit dès son enfance le chemin tout tracé ou presque de cette terre ancestrale et dont les romains déjà prisaient le vin de la Narbonnaise. Ici, la terre donne le vin et le rugby fait l’homme. Gérard Bertrand fera les deux en bon enfant fidèle à la tradition.

Son père l’initie au vin et au secret de la vinification que le fiston n’oubliera pas. Passage incontournable par les stades où le jeune Gérard, grand, athlétique, se montre fort doué jusqu’à faire une belle carrière à Narbonne, puis en tant que capitaine du Stade Français. C’est le moment où le rugby sort de l’amateurisme qui faisait sa beauté et son style pour rentrer dans le monde du professionnalisme, des sponsors, et de l’argent.
Il va ainsi se créer un relationnel puissant et rentrer dans des affaires rentables jusqu’à l’appel pressent de la vigne qui le saisit à nouveau.

Il va s’y montrer travailleur, humble, inventif, exigeant, toutes ces qualités qui vont faire de lui non seulement une des signatures les plus réputées du vin en Languedoc, mais en France et depuis peu dans le monde. Il reste fidèle à cette terre, rendant hommage à son père en cultivant son ancienne parcelle, respectant ces paysages sauvages au pied des Corbières qui l’ont vu naitre et qui le nourrissent à la fois physiquement et spirituellement. Il milite pour le respect des sols, des sous-sols, la biodynamie, pour le maintien des cépages autochtones contre l’uniformisation du chardonnay et autres pieds de vignes que l’on retrouve partout à travers le monde alors qu’il en existe plus de 400 variétés alors que « partout on boit toujours les mêmes », s’irrite t-il. La standardisation des goûts l’inquiète, pour cet homme d’idées et qui les met en pratique.

Même si son immense domaine avec ses restaurants, ses chambres d’hôtes, ses boutiques, tourne un peu au Disney Wine, sans atteindre le ridicule d’un Duboeuf, Gérard Bertrand se découvre une mission presque mystique avec la terre qui l’entoure retrouvant l’antique signification et la symbolique du vin, commencée il y a 24 siècles avec Dionysos. Son vin quantique, le Clos d’Ora en est le plus bel exemple. « Chaque bouteille porte en elle le goût du fruit de l’Amour », dit-il.

L’homme est passionnant, sincère, habité par cette passion d’une terre régénérée et respectée en retrouvant les gestes paysans loin de l’agriculture moderne.
Son livre, une fois n’est pas coutume, donne une bonne image de l’homme. Souhaitons que « sa belle étoile » vieille longtemps sur lui, et que ses vins soient toujours aussi bons.

Le Vin à la belle étoile
par Gérard Bertrand

Editions La Martinière
208 pages
16 €
Sortie le 25 janvier 2015-01-07
www.editionsdelamartiniere.fr