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Le restaurant de l'amour retrouvé, Ito Ogawa

Publié le 26 janvier 2015 par Bouquinovore @bouquinovore

Le restaurant de l'amour retrouvé, Ito Ogawa Auteur:Ito Ogawa Titre Original: Le restaurant de l'amour retrouvé Date de Parution : 6 janvier 2015 Éditeur :Picquier poche ISBN: 978-2809710724 Nombre de pages : 224 Prix : 8,00 €
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Quatrième de couverture : Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d'un chagrin d'amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l'art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies. Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l'épice secrète est l'amour.
Extrait Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j'ai un petit boulot, l'appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu'aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu. Un instant, j'ai cru que je m'étais trompée de porte. Mais j'avais beau vérifier et revérifier, c'était bien ici, le nid d'amour où je vivais avec mon petit ami indien. La tache en forme de coeur, abandonnée au plafond, en était la preuve irréfutable. On aurait dit le jour où l'agent immobilier nous avait montré l'appartement pour la première fois. Seulement, à la différence de ce jour-là, il flottait dans la pièce un léger parfum de garam masala et, au beau milieu du salon désert, luisait la clé de mon copain. Dans cet appartement que nous avions eu du mal à trouver, nous passions nos nuits dans le même futon, côte à côte, main dans la main. La peau de mon amoureux indien exhalait toujours un arôme épicé. Les vitres étaient décorées de cartes postales du Gange. J'étais parfaitement incapable de déchiffrer les lettres en hindi qui arrivaient de temps à autre d'Inde, mais il me suffisait de poser le doigt sur les caractères pour avoir l'impression d'être reliée à ma famille indienne, submergée de tendresse. Un jour, on irait sans doute en Inde, tous les deux. C'est comment, une cérémonie de mariage à l'indienne ? Je m'abandonnais à de doux rêves, aussi sucrés qu'un lassi à la mangue. Cet appartement renfermait, condensés, les souvenirs de trois années de vie commune avec mon fiancé et tout ce que nous possédions de plus précieux. Chaque soir, je cuisinais en attendant son retour. L'évier était petit mais nanti d'une paillasse carrelée, et l'appartement, qui faisait l'angle, avait des fenêtres sur trois côtés. Lorsque j'étais de service du matin au restaurant, la joie de préparer le repas en fin d'après-midi, dans la lumière orangée du soleil déclinant, était un bonheur sans pareil. Il y avait également un four à gaz, pas très performant mais un four à gaz quand même, et comme la cuisine aussi avait une fenêtre, quand je dînais seule, je pouvais faire griller du poisson séché sans que l'odeur envahisse la maison, c'était pratique. J'avais aussi tous mes ustensiles de cuisine préférés. Le mortier de l'ère Meiji hérité de ma grand-mère aujourd'hui disparue, le baquet en bois de cyprès dans lequel je gardais le riz au chaud, la cocotte en fonte Le Creuset enfin achetée avec mon premier salaire, les baguettes de cuisine à pointe fine dénichées chez un marchand spécialisé de Kyoto, le couteau d'office italien que m'avait offert le chef d'un restaurant bio pour mes vingt ans, mon tablier en lin si agréable à porter, les galets ronds indispensables à la confection des aubergines en saumure, sans oublier la poêle en fonte pour laquelle j'avais fait tout le trajet jusqu'à Morioka.

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