26 janvier 2015
Pas mal de cinéphiles qui ont bouclé leurs tops ten avant la date du 31 décembre ont du s'en mordre les doigts: contrairement aux années précédentes, les deux dernières semaines de l'année ont vu sortir dans les salles françaises deux immenses films, qui pouvaient tous les deux figurer en haut de chaque classement personnel.
Et si j'ai réussi à caser in extremis Whisplash, sorti le 24 décembre dernier dans ma liste des 10 films de l'année, je n'ai pas eu le recul nécessaire- même si je l'avais vu deux jours avant la rédaction de ce classement final- pour y intégrer "A Most violent year", le troisième long métrage et premier chef d'oeuvre de J.C Chandor, auteur du déjà excellent Margin Call, alors même que le film fait incontestablement partie des très grandes oeuvres de l'année.
En même temps, je dois avouer que le film de Chandor est le genre de films qui marque surtout sur la durée, et pas forcément de façon aussi instantanée que le film de Damien Chazelle...
Et si de mon côté, je n'ai jamais pris la peine d'écrire une belle chronique sur ce très grand film, ce cher Michel, qui l'a vu quelques semaines après moi, donc bien après la fin de son top ten à lui, l'a tellement aimé également qu'il s'est empressé de le chroniquer et de vous expliquer, de son style si personnel ( et plus synthétique que moi, comment fait il?) pourquoi il faut absolument voir "A most violent year", s'il joue encore dans quelques salles de votre région :
Comment rester honnête lorsque l’on est à la tête d’une société de distribution de Fioul qui marche formidablement bien et qui rend jaloux la concurrence? Comment rester honnête à New-York en 1981 année considérée comme la plus violente de la fin du XXe siècle? Comment rester honnête lorsque l’on a épousé la fille d’un ancien gangster, que l’on a investi beaucoup d’argent dans une transaction immobilière et que les agents du fisc de l’état de New-York frappent à votre porte? Comment rester honnête dans un monde cynique et corrompu? Voilà en gros les quatres questions à laquelle tente de répondre de si implacable façon ce A Most violent Year, la nouvelle claque du nouveau prodige d'Hollywood, j'ai nommé JC Chandor.
Formidable conte moderne, scénario impeccable, réalisation parfaite qui alterne avec intelligence rapidité et contemplation, choix des décors, personnages denses incarnés par des acteurs inspirés jusqu’au plus petit rôle. Oscar Isaac a l’intensité d’un Al Pacino chez Lumet, et Jessica Chastain, étonnante Lady Macbeth, manie le Browning sans état d’âme.
Chaque scène millimétrée accompagne le héros vers la lumière aveuglante d’une réussite amère. Polar moderne et classique à la fois, fable morale et désenchantée, « A most violente year » nous prouve une fois de plus que loin des blockbusters insipides il existe encore un cinéma américain qui ne prend pas les spectateurs pour des imbéciles.