Ce segment de l’émission d’Isabelle Maréchal au 985fm a susciter de nombreuses réactions le 14 janvier dernier. A première vue il est tentant de vouloir rembourser son hypothèque le plus vite possible, mais compte tenu des bas taux d’intérêt, cotiser à son REER va vous enrichir davantage.
Suivant cette émission de radio, j’ai élaborer mon propos dans une chronique qui a été publiée dans les pages du Journal de Montréal et de Québec.
Faisons le calcul
D’abord, précisons que chaque cas est différent, mais pour avoir une idée précise débarrassez-vous des formules toutes faites et des croyances populaires de beaux-frères!
Qui paye ses dettes, s’enrichit! » est toujours vrai, MAIS, les dettes ne sont pas toutes égales. Les dettes de cartes de crédit sont toutes mauvaises et il faut autant que possible ramener son solde à zéro. Avec du 15, 20, et même du 26% pour les cartes de grands magasins, de grâce clairez-moi ça, ça presse!
Avant de dire qu’il vaut mieux payer sa maison que de prendre des REER ou des CÉLI, La variable qui vous importe le plus est VOTRE taux d’intérêt hypothécaire en vigueur. Les taux directeurs imposés par la Banque du Canada se trouvent dans un creux historique. On trouve donc facilement des hypothèques fermées de 5 ans à moins de 3%.
En 2015, cotiser à son REER est plus payant
Prenons un exemple concret. Le revenu gagné de Jean est de 50 000$. Bien que son taux moyen d’impôt, qu’on appelle le taux effectif soit de 22,6%, son taux marginal (ses derniers dollars gagnés) sont imposés à 38,4%. Cela signifie que si Jean cotise 2000$ à un REER, il récupérera 768$. Maintenant si Jean choisit un portefeuille diversifié équilibré similaire à un fonds de pension contenant des actions, obligations et liquidité, il peut s’attendre à une croissance annuelle moyenne de 6,5%. Dans cinq ans, son 2000$ aura engendré 740$ de gains + retour d’impôt de 768$= Jean s’est enrichi de 1 508$.
Voyons maintenant, si notre gars choisissait de mettre son 2 000$ dans le capital de sa maison. D’abord, croyez-vous sincèrement que l’appréciation future de l’immobilier sera aussi spectaculaire dans les prochaines années que depuis les dix dernières? Une majorité d’économistes et de spécialistes s’entendent plutôt pour dire qu’il est même fort probable que les valeurs des maisons régressent. Mais disons pour notre exemple qu’il y aura croissance de 2%. En remboursant, 2000$ Jean économisera des paiements d’intérêt de 3% par année qui totalisent 319$ en 5 ans. Ajoutons à cela la somme de 208$ représentant la croissance hypothétique de la valeur de sa maison (2% par années)= 527$.
Cotiser à un REER rapporte ici 981$ supplémentaires ou 186% de plus. Donc, dans le cas de Jean et d’une majorité de travailleurs, tant et aussi longtemps que les taux hypothécaires restent faibles, c’est une très bonne affaire de cotiser à son REER plutôt que de faire des remboursements anticipés et d’immobiliser ses capitaux dans la brique.
Certains diront que j’ai oublié les impôts qu’il faudra payer lorsqu’on retira les REER. Je n’ai pas été aussi loin dans mon calcul car le taux d’impôt au retrait variera énormément en fonction de la somme des revenus à ce moment-là. Je n’ai pas oublié l’impôt pas plus que je n’ai oublié le fait que pour faire croître ou maintenir la valeur d’une résidence, il faut absolument investir régulièrement dans la rénovation, l’entretien, payer des taxes annuelles… etc. Sans oublier qu’à la vente, on doit souvent débourser des frais de courtage et de notaire.
À RETENIR
- Remboursez au plus vite les dettes à intérêts élevés
- Les taux hypothécaires étant très faibles, SI vous faites de l’épargne, prenez plus de temps pour rembourser
- Cotisez à vos REER et CELI est payant, MAIS prenez le temps de bien choisir vos produits
- Les portefeuilles diversifiés permettent de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier
- Sur 20 ans, le rendement moyen des fonds équilibrés neutres canadiens est de 6,5% NET