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José Artur.
Ouiiiiii, on est au "Pop Club", sur France-Inter, émission quotidienne, créée le 4 octobre 1965 par José Artur, lunettes cerclées et écharpe blanche, impeccable compagnon des nuits radiophoniques.
Lui, l'idole de toute une génération d'auditeurs, était né le 20 mai 1927. L'accompagnateur de nos soirées nous a quittés sans prévenir à l'aube de ce samedi 24 janvier 2015.
Son fils David Artur a indiqué que l'animateur de radio était hospitalisé depuis une dizaine de jours à la suite d'un accident vasculaire cérébral.
Mais n'avait-il pas dit "Si je meurs un jour, j'aimerais que ce soit une nuit" ?
"Il faut rire avant d'être heureux", pensait José Artur, mort à moins de 88 ans. Trop tôt! On l'entendait encore régulièrement sur les ondes, jamais méchant, toujours impertinent, curieux. Et ses rires... Après un silence toutefois lors de l'arrêt brutal de son "Pop Club" en juin 2005, c'est à peine si la direction de l'époque l'avait prévenu, il avait peu à peu repassé les portes de la Maison de la radio et était réapparu à quelques micros, le temps d'un été, le temps d'une émission. Offrant à ses millions de fans l'occasion de réentendre sa voix, d'y distinguer à nouveau ses sourires - à l'époque, la radio n'était pas encore filmée.
Quelques-unes de ces citations:
"La seule école libre est l'école buissonnière."
"J'ai arrêté d'envoyer des habits à l'abbé Pierre, il ne les met jamais."
"Qui suis-je? Où vais-je? Qu'est-ce qu'on mange à midi?"
"Avec la radio, surtout la nuit, on peut encore faire rêver."
Les hommages à José Artur, disparaissant si vite après Jacques Chancel, pleuvent. Ceux d'une génération. Dont ce tweet de Bernard Pivot:
"José Artur avait toujours d'avance un bon mot, deux réparties et trois histoires drôles. Son esprit si vif rendait le nôtre poussif."
Le livre est sorti quatre ans après la fermeture définitive du "Pop Club" - émission culturelle musicale que José Artur présenta chaque soir de la semaine sur France Inter - après quasiment 40 ans de bons et loyaux services. Il a un peu réconforté les inconditionnels de l'animateur, perdus depuis son départ de la radio. Même si France Inter avait consacré une émission quotidienne à José Artur durant l'été 2008. Dans la séquence "C'est pas croyable", l'infatigable homme de radio conta à Stéphane Bern sa vie au théâtre, dans ses coulisses et à la radio, depuis sa naissance le 20 mai 1927, ainsi que les innombrables rencontres extraordinaires qu'il avait faites. Avec émotion, rires et enthousiasme.
Ces souvenirs audio se prolongent de façon très agréable dans le livre "Au plaisir des autres", qui n'est pas une autobiographie au sens habituel. "Je ne suis pas une star", y écrit José Artur, "mais un spot. A travers mes émissions, j'ai pu éclairer des personnages que je n'aurais jamais cru, jeune homme, approcher." Et quels personnages! Tout ce qui compte comme grands noms dans notre petit monde a défilé à son micro. De Jacques Prévert à Johnny Hallyday, en passant par Eugène Ionesco, Salvador Dali, Brigitte Bardot, Marguerite Duras, Jeanne Moreau, Coluche et les dizaines d'autres célébrités qu'on croise au fil de ces chapitres enlevés.
D'une plume alerte, José Artur raconte sa vie. Et quelle vie! Piètre élève mais fou de théâtre, il est très tôt le protégé de François Périer. Il va chez Colette, chez Cocteau, chez Pierre Fresnay et Yvonne Printemps. Après la guerre, il fait du théâtre, du cinéma, de la radio. Les rencontres se succèdent. Aujourd'hui, elles sont devenues des portraits gourmands, fantaisistes parfois, insolents souvent, drôles toujours. Alignant les anecdotes et promenant son regard sur le monde, José Artur livre, l'air de rien, une analyse percutante des quatre dernières décennies de notre société.
Anecdotes, blagues, citations, devinettes, extraits de presse, perles et photos amusantes passent notre société au crible, la flinguent, en veulent aux femmes comme aux hommes, s'amusent d'un rien comme d'un tout sans oublier la sexualité. Surtout, les mots célèbrent le dieu humour. A son propos, Guy Bedos a dit : "L'humour est une langue qui, pour certains, aurait besoin de sous-titres." On les plaint, ceux-là, mais ce n'est pas pour autant qu'ils réclameront contre ce livre indispensable, qui dérouillera les zygomatiques des plus récalcitrants.