Quatrième de couverture:
Il y a ceux qui sont fous parce qu’ils sont dans la rue, ceux qui sont dans la rue parce qu’ils sont fous, ceux qui peuvent se mettre à l’abri, ceux qui choisissent de voyager aux interstices des espaces de vie communément empruntés…
Ce sont les histoires de Suzanne, Félicien, Sam et les autres que racontent ici Célia Carpaye, éducatrice spécialisée, et Raphaël Bouloudnine, médecin psychiatre ; des histoires ordinaires, des histoires de fous, des histoires qui affirment que le fou n’est pas toujours celui que l’on croit, des histoires qui parlent de frontières qu’on contourne pour mieux aller à la rencontre de l’autre.
Des histoires qui fabriquent une histoire ; celle d’une psychiatrie hors les murs qui valorise des pratiques professionnelles innovantes allant à l’encontre du misérabilisme usuel qui entoure la maladie mentale. Les auteurs tentent ici de regarder les personnes avec leurs compétences et leurs savoirs, de rire quand il y a lieu de rire, de parler d’émotions vraies… Ils se refusent à la conceptualisation qui empêche la rencontre et acceptent l’inconfort et l’incertitude pour tenter la plus grande authenticité.
Des maraudes de rue au programme Un Chez-soi d’abord en passant par l’hébergement collectif, les auteurs racontent ces espaces distincts – et si proches pourtant -, qui questionnent les problématiques actuelles du logement, d’autant plus quand elles sont aggravées par la maladie mentale.
Dans ces expériences, et plus particulièrement dans le programme Un Chez-soi d’abord à l’oeuvre dans quatre villes de France, il s’agit de se décaler des considérations habituelles que sont les symptômes, les diagnostics et les traitements pour prendre à bras-le-corps la question de l’accès au logement pour tous, quels que soient le vécu et le degré d’exclusion des personnes. Juste pour donner une place de citoyen à ceux qui, au fil de l’histoire, ont été les plus exclus.
C’est un livre dont j’attendais d’avoir terminer la lecture pour le chroniquer, notamment parce que je connais Célia par le biais de son blog et de facebook, mais il me bouleverse tellement que je n’arrive pas à le terminer. Je lis une vingtaine de pages, et les personnes dont les auteurs parlent avec tellement d’humanité ne me quittent plus. J’ai tellement d’empathie pour eux que ça réveille mon léger syndrome post traumatique dû à la schizophrénie et à la psychiatrie et comme d’habitude ça finit en cauchemars, en larmes et en coeur brisé.Je n’ai lu que la moitié du livre, mais ce que je peux dire, c’est que ce n’est pas un livre comme les autres. Les auteurs ont beau être psychiatre et éducatrice spécialisée, il ne s’agit pas ici d’études de cas dressées par des professionnels distants et se croyants neutres. Les auteurs n’hésitent pas à parler d’eux: leur vie, leurs fragilités, leurs doutes, ce qui a fait d’eux des soignants, entre autre. Les personnes dont ils parlent sont avant tout des êtres humains dans toute leur force et leur souffrance, leur étrangeté et leur familiarité. Non, ce ne sont pas des cas psychiatriques ou sociaux, même si beaucoup les réduiraient à ça, ce sont nos semblables, des gens que la vie n’a pas gâtée mais qui savent encore rire et rêver. Et nous entraîner avec eux dans leur folie et leur lucidité douloureuse.
Classé dans:Livres théoriques et témoignages