Dauphin de Lyon la saison passée, l’OM se qualifie pour la ligue des Champions. Pour cette nouvelle saison, et comme chaque été, on se demande si Lyon pourra conquérir un nouveau titre national les doigts de pieds paisiblement installé dans ses OL charentaises. Qui mieux que Marseille peut symboliser la fin d’une Ère (qui plus est avec les départs de Malouda et Abidal de Lyon). Marseille, deuxième, Marseille champion l’année suivante ! Ça tombe sous le sens si l’on boit les paroles de France 2 Foot et les superlatifs de Louis Acariès. Malgré 12 défaites lors du précédent exercice et 17 points de retard sur les Gones, le prisme médiatique s’emballe et voit l’Ohème de retour au sommet. Après tout, ça fait bien quinze ans que Marseille n’a rien gagné, ça va bien s’arrêter un jour ; qui sait ? Sous le commandement d’Albert Émon, la préparation phocéenne est saluée par les observateurs et les supporters s’y voient déjà (où ?). D’autant que le recrutement estival semble avoir de la gueule. Auteur d’une seconde partie de saison tout à fait intéressante, Djibril Cissé est transféré définitivement de Liverpool. Suivent Boudewijn Zenden (Liverpool), Karim Ziani (Sochaux), Gaël Givet (Monaco), Steve Mandanda (Le Havre), Laurent Bonnart (Le Mans) et Benoît Cheyrou (Auxerre). Ambitieux et pas trop dégueulasse si l’on survole ces noms et qu’on n’est pas pris d’une soudaine déficience cardiaque à l’idée d’associer Givet et Rodriguez dans l’axe de la défense, gros boulet (Givet) monégasque d’un passé récent.
Le championnat ouvre ses portes sur Canal+ et à l’Ohème pour un déplacement à Strasbourg. À 17h10, un 4 août, les spectateurs de la chaîne cryptée ont bien du mal à se sortir de la sieste devant ce pathétique 0-0 bien de chez nous. Signe d’une affolante méprise sur le groupe marseillais, seul Mamadou Niang n’obtient pas la moyenne dans l’Équipe du lendemain avec 4,5 sur 10. Cissé obtient 5 ; Zenden 6,5 ; Carrasso 7 et Taiwo 5,5. Même Salim Arrache participe au match en entrant à un quart d’heure de la fin !
Comme on dit si facilement, l’enjeu tue le jeu. Marseille met 5 matches à décrocher sa première victoire (à Caen 2-1 ). Il faut attendre le premier match de ligue des Champions contre Besiktas pour voir les marseillais remporter un match au Vélodrome. Le match suivant, à Auxerre, l’OM s’incline pour la quatrième fois de la saison. Une défaite de trop pour Albert Émon qui est débarqué. Lui, grand prophète du renouveau marseillais la saison passée (deuxième) et amateur d’un jeu, sinon beau, qui avait le mérite d’ouvrir les rencontres (sans partir dans un hourra football de quart de finale de Coupe). Émon est remplacé en lieu et place par Éric Gerets.
Avec à peine deux jours pour préparer le match de Liverpool à Anfield, Marseille est le premier club français à s’y imposer grâce à un but venu d’ailleurs de Matthieu Valbuena. Mais les carences du championnat perdurent trois jours plus tard sur la pelouse de Sochaux. Marseille réussit à inscrire deux de ses trois buts contre son camp via Zubar et Bonnart (et Cissé de rate un penalty) pour une jolie défaite 2-1 à Bonal. Après un nul 1-1 contre Porto en C1 (qui aurait pu être bien être une défaite), Marseille doit avoir recours à la séance des tirs aux buts contre Metz en 8è de finale de la Coupe de la Ligue (2-2 ; 5 t.a.b 4) : Le sommet de l’ennui durant une heure et demie.
Ce paradoxe est donc à son comble. Séduisant en Ligue des Champions, pathétique en championnat, les marseillais inquiètent. Et comme de par hasard c’est en perdant son premier match de Ligue des Champions (à Porto 2-1) que Marseille se rassemble en Ligue 1. Dès lors, la remontée au classement va être aussi fulgurante que l’Ohème subit trois défaites de rang en C1 et se retrouve du fauteuil de presque huitième de finaliste à reversé en Coupe UEFA. 6 matches sans défaite jusqu’à la trêve dont une victoire retentissante sur la pelouse de Gerland (2-1) pour l’un des meilleurs matches de la saison. Hormis la rouste reçue au Vélodrome contre Liverpool (0-4). L’OM a presque l’air de retour aux affaires à la trêve (10è).
La reprise est terrible pour Marseille qui, à part sa qualification en Coupe de France à Beauvais, subit deux défaites en deux déplacements : À Rennes en ligue 1 (3-1) et à Auxerre en quart de finale de la Coupe machin (1-0). Le retour des démons du début de saison ? Non, parce que Gerets semble avoir trouvé la bonne carburation offensive avec son casse-tête du placement de Mamadou Niang et Djibril Cissé. Dans l’axe, Cissé a commencé sa saison, enfin. Niang fait le spectacle sur le côté gauche et Valbuena affole les forums de supporters. S’en suit dès lors une série de 10 matches sans défaites. Dans le ventre mou de la Ligue 1, cela suffit à se remettre en course pour l’Europe. D’autant que les marseillais marquent les esprits avec des matches bien maîtrisés (Valenciennes, Monaco) ou biens spectaculaires (le 3-3 à Lens, le 6-1 contre Caen). Marseille semble capable de gérer le championnat et la Coupe UEFA se qualifiant (chauds les marrons chauds quand même) contre le Spartak Moscou. Mais la victoire 3-1 au Vél contre le Zénith St-Petersbourg ne suffit pas. Les Russes s’imposent 2-0 au retour et se dégagent la route pour leur futur triomphe de Manchester.
L’élimination en Coupe UEFA semble marquer les esprits. Une semaine plus tard, les Marseillais se font sortir de la Coupe de France par un attaquant sans emploi, Papa N’Doye, joueur de l’équipe amateur de Carquefou (1-0). Dès lors il ne reste que 9 matches de championnat. Les Marseillais profiteront de la baisse de régime des nancéens ( qui s’entêtent en procédures diverses et variées) pour attraper la troisième place qualificative pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions et ceci, malgré trois défaites à domicile (Sochaux, Lille et Bordeaux). C’est lors de la dernière journée que les phocéens s’adjugent le Tour préliminaire de la Ligue des Champions en battant 4-3 des Strasbourgeois condamnés alors que les Rennais leur rendaient un fier service en gagnant à Marcel Picot 3-2 pour l’unique défaite de Nancy à la maison cette saison.
En partant de la 19è place à la 12è journée, forcément la saison de l’OM apparaît comme pas si dégueulasse que ça. Mais les éliminations en Coupe de France par Carquefou et en Coupe UEFA (alors que le Zénith pouvait prendre bien plus que trois buts au Vélodrome) laissent penser qu’il y avait mieux à faire. En attendant Marseille n’a plus rien gagné depuis 1993 (et les plateaux pour vider les poches de la Coupe Intertoto, ça compte pour du beurre !). Pire, Samir Nasri prolonge son contrat deux semaines avant de vraisemblablement s’engager ave Arsenal. Mardi soir, avant le match France-Équateur, on l’entend vomir l’hypocrisie ! Vouloir être compétitif et vendre son animateur offensif, il y a un choix à faire…