Prenons les choses dans l'ordre : nous ne connaissions rien de ce continent avant d'y mettre les pieds. Pour notre voyage en Asie, c'etait plutot facile parce que nous etions en terrain connu : notre voyage au Laos nous avait fait decouvrir la zenitude asiatique, nous savions qu'il etait facile de communiquer en anglais avec les gens et surtout, nous savions que ca allait nous plaire. Pour l'Amerique Latine, nous n'avions aucune idee de ce qui nous attendait. Nous abordions donc ce continent avec une bonne dose d'apprehension.
Nouvelle culture. Santiago est une grosse ville europeenne : les rues ont des trottoirs, du bitume et des feux rouges (plus une vache a l'horizon), les chiliens s'habillent comme nous, nous avons le meme teint et comble de tout, le metro qui sillonne les tunnels de la ville a ete construit par un francais (nous nous retrouvons donc dans les memes rames que la ligne 1, a nous accrocher a la meme rampe en metal que dans notre bon vieux metro parisien... effet etrange !)
Facile, donc, me direz-vous, de s'adapter puisque nous maitrisons tous les codes de la culture europeenne... Et bien non, c'est pas si simple, parce que nos neuf mois en Asie nous ont rendus accro aux chocs culturels... Apres ca, on a un peu l'impression de ne plus avoir notre lot de surprises quotidiennes. Pas envie d'aller a la rencontre des latinos-americains, pas envie de faire de photos non plus. Nous voilà donc face a un nouveau dilemme : tenter de mettre de cote tout ce que nous avons vecu en Asie, repartir de zero et surtout, arreter de faire des comparaisons. Voila comment nous devront nous adapter a ce nouveau continent. Je vous assure, c'est pas facile.
Nouvelle langue. On etait prevenu : en Amerique Latine (comme en France) personne n'a appris a parler anglais. Il faut donc se mettre a l'espagnol. Le gros avantage, c'est que dans les pays que nous voulons visiter (Chili, Argentine, Bolivie, Perou) tout le monde parle espagnol. Nous avons donc deux mois et demi pour apprendre et qui sait, peut etre devenir bilingue (on a croise un paquet de voyageurs qui le sont devenu en trois mois). Du coup, ca veut dire aussi comprendre plus en profondeur les pays ; nous pourrons par exemple lire les journaux, aller au cinema, questionner les gens... nous integrer plus facilement.
Nous avions donc commence a apprendre quelques phrases des notre arrivee sur les iles Fidji. Persuades que nous commencions a bien nous depatouiller dans la langue de Cervantes, le verdict fut radical : le premier jour, Yves est arrive fierement dans notre premier hotel et a demande au receptionniste, sur un ton plein d'assurance « Une table pour deux s'il vous plait monsieur »... Le receptionniste, a peine trouble, nous a repondu en anglais qu'il avait encore une chambre de libre. Il nous fallait donc prendre de vrais cours d'espagnols.
Decalage horaire : Pour la premiere fois depuis le debut de notre voyage, nous avons pris le decalage horaire en pleine tete. D'habitude, on gere ca avec une facilite deconcertante. Cette fois-ci, on tombait de sommeil a 18h pour se reveiller en pleine forme a minuit, fin prêt pour decouvrir ce nouveau continent, puis nous retombions dans les bras de morphee vers 6h du matin... Il nous a bien fallu 4-5 jours pour nous en remettre.