Après « Tiempo de valientes », Damián Szifron nous livre sa deuxième réalisation : « Les nouveaux sauvages ». Ricardo Darin, Erica Rivas ou encore Rita Cortese tiennent les rôles principaux. En plus de réaliser le long-métrage, Damián Szifron signe le scénario. Le long-métrage fût présenté en sélection officielle, en compétition, au 67ème Festival de Cannes. « Les nouveaux sauvages » sortait dans nos salles françaises le 14 janvier 2014.
Synopsis : Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, certaines personnes franchissent l’étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amoureuse, le retour d’un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouvent l’indéniable plaisir du pétage de plombs.
Nouveau film à sketch, « Les nouveaux sauvages » se démarque des autres longs-métrages du genre par son fil rouge où des personnes lambda pètent littéralement les plombs. Tout commence avec une courte introduction, donnant toute de suite le ton pour ce qui va suivre, et qui aurait mérité un bien meilleur traitement d’ailleurs. Malheureusement comme tous les films à sketch, le long-métrage se trouve être très vite inégal dans l’intérêt de ses différents courts-métrages. Les bonnes idées sont clairement présentes, mais le rythme ne suit que très rarement … Au final, les deux heures et deux minutes de « Les nouveaux sauvages » paraissent bien longues. De même, si l’humour est clairement présent, on ne se retrouve jamais à rire aux éclats mais plus à arborer un léger sourire sadique. « Les nouveaux sauvages » est davantage une très bonne satire sociale qu’une réelle comédie assumée. Tant mieux, le plaisir n’en est que meilleur.
À toute satire sociale, il faut d’excellents personnages afin de servir celle-ci. Tout comme le scénario de « Les nouveaux sauvages », les personnages sont très inégaux suivant les sketchs. Ceux comme cet homme qui prend une amende de manière injuste, ou encore cette femme qui apprend être trompée par son mari le jour de son mariage, sont les piliers du long-métrage. De plus, les interprétations de ces acteurs, Ricardo Darin et Erica Rivas en tête, sont très travaillées. Ils jouent leur personnage tout en retenue, ne rendant les situations que plus savoureuses. À côtés, il y a ce conducteur qui se bat avec un autre conducteur à cause d’un doigt d’honneur, ou encore cette serveuse se retrouvant devant l’homme qui a détruit sa famille, qui sont amenés trop facilement dans leur déchéance. Ce qu’il y a de remarquables avec tous les personnages de « Les nouveaux sauvages », c’est qu’ils ne le sont pas : quand la population décide de dépasser la limite morale.
La réalisation de Damián Szifron se veut, elle-aussi, très inégale dans son approche. D’un côté, elle apporte un dynamisme exceptionnel dans quelques moments intelligemment pensés. On pense notamment à la scène de danse au mariage ou encore celle sur une route déserte où les deux conducteurs se font face. De même, la direction photographique de Javier Julia, alliée au cadrage de la réalisation, permet de créer une réelle ambiance, qui sert habillement le scénario. Cependant, ces aspects positifs ne concernent qu’une moitié du long-métrage, l’autre moitié étant beaucoup plus formatée et conventionnelle. La fraîcheur et la singularité esthétique du long-métrage disparaissent donc, pour ne revenir que bien plus tard … et ainsi de suite. Au final, à l’image de son scénario, « Les nouveaux sauvages » aurait mérité un bien meilleur traitement dans son ensemble, ce qui aurait offert au long-métrage plus de cohérence dans son approche artistique.
« Les nouveaux sauvages » est une satire réjouissante et drôle, où les bonnes idées fourmillent. Il est dommage que les sketchs ne soient pas du même niveau, cela reste le plus gros soucis du long-métrage, et que la réalisation ne soit pas réussie dans sa totalité.
Les nouveaux sauvages. De Damián Szifron. Avec Ricardo Darin, Erica Rivas, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia, Dario Grandinetti, Rita Cortese, …
Sortie le 14 janvier 2015.