Imitation Game // De Morten Tyldum. Avec Benedict Cumberbatch et Keira Knightley.
Au delà de cette histoire merveilleuse que Imitation Game nous raconte, le film cherche aussi à parler de la société britannique de l’époque alors que notamment être homosexuel était un crime. C’est terrible le fait que Alan Turing est finalement décédé à cause de sa sexualité et du fait qu’elle n’était pas acceptée à cette époque. C’est pourtant un héros de guerre, quelqu’un qui a réussi à sauver tout le monde avec ses statistiques et ses connaissances en cryptographie. Il a réussi à casser le code de Enigma, autrement dit la machine de codage des messages allemands qui était apparemment impossible à casser. Sauf que Alan Turing est un homme de défit et il va relever celui-ci à merveille. Rapidement cette histoire vraie devient captivante car l’on a envie de voir comment il s’y est pris alors que sans Alan Turing on aurait probablement mis deux ans de plus avant de gagner la guerre et perdu près de 14 millions de gens en plus. Les statistiques que Turing et ses équipes avaient mis en oeuvre permettaient de donner des indications sur les attaques à réaliser afin que les allemands ne sache pas du tout qu’ils avaient entre les mains tous les messages qu’ils pouvaient envoyer.
1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable
Adapté du livre de Andrew Hodges par Graham Moore (10 Things I Hate About You), Imitation Game est en grande partie réussi pour sa façon de faire évoluer son récit jusqu’au bout. Malheureusement, c’est aussi un film qui souffre de ce dont beaucoup de séries nominés aux Oscars souffrent : cette mise en scène qui est simplement là pour lécher les bottes aux votants. Imitation Game aurait probablement pu être différent, plus original, mais le film est finalement un biopic très soigné mais peu original et sincèrement, j’aurais apprécié que cela soit fait différemment. Ce n’est pas forcément un grand défaut, surtout que le film est très bon et qu’il est doté d’un scénario qui fonctionne avec un Benedict Cumberbatch (Sherlock) sincère et très bon sous les traits de Turing. Morte Tyldum (Headhunters, U) est un metteur en scène norvégien qui a bien compris ce qu’il fallait pour faire un biopic réussi et se donner sa chance aux Oscars. Parfois cela me rappelle un peu Le Discours d’un Roi, parfois cela me rappelle tout un tas d’autres choses sans jamais que ce ne soit de mauvaises références. J’aurais juste apprécié que Imitation Game sorte un peu des rangs afin d’aller puiser dans d’autres références moins convenues.
Car du coup, Imitation Game ne surprend que par la puissance de son récit et par son casting très réussi. Car si Benedict Cumberbatch est très bon dans le rôle de Turing, Keira Knightley est elle aussi très bonne sous les traits de Joan Clarke, Matthew Goode sous ceux de Hugh Alexander sans parler de Mark Strong sous ceux de Stewart Menzies. Il y a aussi quelque chose de touchant dans cette histoire puisque Imitation Game ne cherche pas à édulcorer le fait que Alan Turing était homosexuel et malheureux dans ce sens là. Le seul amour de sa vie, Christopher, donne un peu de baume à une histoire qui aurait probablement manqué de sentiments si cela n’avait pas été pour cette relation là. C’est d’autant plus important que l’on est à une époque où justement l’homosexualité était vu comme une déviance sexuelle importante qui ne méritait que la prison ou la castration chimique. Ainsi, Imitation Game n’est peut-être pas le meilleur film pour les Oscars (j’ai largement préféré Foxcatcher par exemple pour le moment), il n’en reste pas moins une proposition classique et efficace avec un brin d’émotions.
Note : 8/10. En bref, un récit efficace mais un peu convenu.