La Havanne – 7 novembre
Arrivée en soirée à La Havane ce 7 novembre, pour deux semaines de découverte de l’ile. Longue attente pour passer la douane, longue file encore pour acheter nos premiers pesos ‘convertibles’, avant de rejoindre notre Casa Particular, Casa 1932, dans Havana Centro. Accueil chaleureux de Luis, dans cette petite maison joliment décorée de bric et de broc d’un autre temps. Petite chambre, c’était prévu, mais nickel, c’est tout ce qu’on verra de la Havane ce soir!
Levés de bonne heure le lendemain, nous voilà déambulant dans les rues de la ville aux premières chaleurs du soleil. Temps idéal, lumineux, pas trop chaud, petite brise le long du Malecon (la rue de 8km longeant la côte à deux pas du centre). On admire l’architecture variée, tantôt en ruine, tantôt rénovée, alternant briques à nu, matériaux battus par le vent marin, façades colorée et fraichement repeintes, terrains vagues entre deux immeubles, maisons coloniales à balcons, hôtels austères, … une atmosphère irréelle mais chaleureuse se dégage de cet ensemble hétéroclite.
Nous nous enfonçons dans les petites rues. Là encore, l’atmosphère est chaleureuse, on se sent bien, peu de trafic, peu de monde, des sourires, des accolades, des apostrophes d’un balcon à l’autre, une reproduction du Ché, un incroyable mélange là aussi, de blancs, de noirs, de créoles, comme si toutes les teintes de peau se mélangeant dans un joyeux ensemble coloré.
On se sent bien à La Havane. Et pour ajouter à l’atmosphère, il y a ces vieilles Américaines! Vieilles carrosseries rongées par la rouille ou superbement restaurées, souvent colorées, parfois passées, ces vieilles dames forcent le respect et on ne peut s’empêcher de les admirer, de les photographier. La plupart servent de taxi, beaucoup véhiculent les touristes, et allant sur leurs 70 ans on se dit que tous les talents de mécaniciens des cubains finiront par ne plus suffire à les maintenir en vie, et qu’il faut profiter encore de ce spectacle coloré et majestueux!
Du Malecon et Havana Centro nous continuons vers le Paséo, superbe avenue flanquée d’un passage pédestre bordé d’arbre, en son centre, d’où l’on admire à loisir les belles demeures coloniales, à l’aspect plutôt bien conservé dans ce quartier. Dans Havana Vieja, tous les guides nous mènent aux ‘quatre places’, centre touristique de la ville. Ces places sont en effet superbes et très bien restaurées, reliées par des rues joliment entretenues, touristiques et animées. On prend plaisir à admirer la place des Armes et ses bouquinistes, la place de la Cathédrale et ses figurants encostumés haranguant le touriste, la belle église de la place San Francisco de Asis, …
On reviendra souvent, l’atmosphère est agréable, les rues toujours animées, les café-concert jamais loin, et les petits bars où siroter un mojito non plus!
Nous sillonnons la ville trois jours durant. Avec une préférence pour Vieja et Centro; le bus hop-on-hop-off (5cuc) qui nous a emmené faire un tour plus à l’ouest ne nous a par contre pas impressionné.
Je n’avais pas entendu beaucoup de bien de la cuisine cubaine. Il faut croire que l’ouverture de restaurants privés aux touristes, et la possibilité de vendre des produits plus savoureux que le poulet, porc, pizza et riz ont changé la donne ces dernières années: le touriste de passage peut désormais gouter aux crevettes et à la langouste, et aux délicieuses spécialités locales dans les paladares (restaurants privés), ainsi que dans les casa particulares (chambres d’hôtes). On s’est régalés à La Havane, en particulier au Chanchullero et chez Dona Eumitia. Brochettes de langoustes, banane plantain farcie de viande aux olives et raisins, ropa vieja (littéralement ‘vieille fringue’, un ragout effiloché d’agneaux très slow food), crevettes pêchées localement et préparées de mille façon, souvent accompagnés de riz et de haricots noirs cuisinés, bien plus savoureux que l’image un peu sèche que nous en avions!
Au Chanchullero, café-restaurant décalé, l’assiette de viande ou poisson en sauce est accompagnée de crudités, d’avocat, et de pain de maïs… et de préférence aussi d’une bière locale, d’un mojito, daiquiri, ou autre boisson à base du délicieux rhum produit sur l’ile.
Ah et puis il faut le savoir, les portions sont conséquentes à Cuba! Du petit déjeuner (souvent royal, fruité, très copieux) au diner, les repas sont très bien servis!
Nous passerons notre troisième nuit dans une petite casa sympa au cœur d’un quartier populaire et vibrant au son de la musique endiablée de ses bars; notre chambre (n°7) dotée d’une chouette petite terrasse sur les toits nous permet de profiter à loisir de cette atmosphère festive.
Nos coups de cœur:
Casa 1932 : Campanario # 63 bajos, entre San Lázaro y Lagunas La Habana
Casa Maria & Jésus : Aguacate #518 / Sol y Muralla - Old Havana, Havana City - Cuba
Restaurant Dona Eumitia : Callejon del Chorro # 60-C | Plaza de la Catedral, Habana Vieja, La Havane 30600, Cuba
Bar à tapas Chanchullero: Tte Rey # 457 entre Bernaza y Cristo, Habana Vieja, La Habana.
Infos utiles, lors de notre passage (Novembre 2014):
- 1cuc (peso convertible, destiné aux touristes) vaut environ €0,8 lors de notre passage. 1 cup (moneda national, réservés aux cubains, et qu’on n’a quasiment pas utilisés) vaut environ 1/25ème de cuc.
- L’accès internet est rapide… mais peu répandu et cher (6cuc/h). On achète des cartes dans les bureaux Etecsa, les cartes sont valables dans tous les bureaux, qui ont des points internet (PC’s). Accès dans les hôtels de standing aussi, au même tarif pu plus cher, on en a même vu un avec wifi (Las Jazmines à Vinales).
- Plus de réservations possible des bus Viazul en ville, obligation d’aller acheter les billets à la gare routière (3km).
- Le bus touristique s’arrête vers 18:00 (pas 21:00). 5cuc pour la journée.
- La fabrique de cigares a déménagé, les visites se réservent en ville à l’hôtel Saratoga.
- Emporter des boules Quiès est toujours une bonne idée…
- Si vous pouvez éviter le vol d’Air Europe, c’est mieux! On n’avait pas vu un plateau-repas aussi peu ragoutant depuis bien longtemps, un personnel antipathique et un avion au confort limité, system audio-vidéo inexistant, et un peu crasseux…
Nous quittons la ville enchantés et la tête pleine d’images colorées; nous prévoyons d’y repasser prendre un bol de cette chouette atmosphère avant notre départ, et réservons déjà une nuit à la Greenhouse dont nos guides disent le plus grand bien.
En route pour l’Ouest, la vallée de Vinales, 4 petites heures de bus confortable (12cuc) avec Cubanacan (réservé à l’hôtel Inglaterra; les bus Viazul ne se réservant plus pour le moment que depuis le terminal hors de la ville), climatisé, sur route nickel! Jolis paysages verdoyants.
Vinales – 10 novembre
La vallée de Vinales, et l’ouest de l’ile en général, est réputée pour sa production de tabac. Même si les principales fabriques de cigares se trouvent dans les alentours de la capitale. Elle est caractérisée par ses ‘Mogotes’, de gros monticules rocheux rappelant les formation karstiques du Vietnam, couvertes de végétation et parsemant les plaines et l’horizon. L’ensemble forme un paysage magnifique de grandes plaines cultivées, parsemées de bananiers, et des silhouettes ciselées des Mogotes. Quelques vautours tournoyant dans le ciel à peine nuageux ajoutent encore à la beauté du paysage, et quand le soleil vient à se coucher, étirant les ombres le long des plaines, la vue sur la vallée est absolument magnifique.
L’offre de logements en casa particulares est largement supérieure à la demande, néanmoins les adresses mentionnées dans les guides sont souvent complètes si on n’a pas pris la peine de réserver. Nous cherchons un toit en se baladant dans une des rues adjacentes à la (unique) rue principale du village; les casas colorées se succèdent, plus éclatantes les une que les autres, et souvent une petite terrasse de front ornée de deux rocking chairs et un toit plat faisant office de terrasse. Nous nous dirigeons vers le bas de la rue, près des champs et de la vue sur les Mogotes, pour nous installer chez Bernado et Belkis, dans une chambre proprette avec magnifique terrasse de toit aménagée et vue sur la campagne environnante. Petit mojito les doigts de pieds en éventail au soleil couchant, et plus tard un délicieux repas de poisson et crevettes, hyper-copieux comme toujours dans les casas, dégusté dans le patio de la maison. A noter, la sauce des crevettes de Mlle S, à refaire sans tarder avec ail, vin blanc, cumin, ognons, et concentré de tomate: un régal. Curiosité locale également, le fromage ‘queso gouda’ accompagné d’une confiture de goyave, en guise de dessert…
Bernardo nous organise une balade à cheval (un must dans cette région) le lendemain matin, avec son pote fermier Pipo. Après un classique mais délicieux petit déjeuner (comme souvent: œufs, fruits frais , jus de goyave, café, pain, fromage et miel… on ne va pas se plaindre!), nous voilà confortablement installés sur la selle de Sabrosa et Perrrriiicoooo. Ils connaissent le chemin, pas de soucis; bien que n’étant pas du tout cavalier je me sens assez à l’aise… même quand plus tard ils partiront dans quelques trots et même mon baptême de galop!!!
La balade à travers champs est très agréable, et la vue magnifique. Entourés des Mogotes, nous cheminons d’un champ à l’autre, notre cowboy de service (Pipo a un look de gentil cowboy avec son chapeau blanc vissé sur le crâne) nous commentant les cultures entre deux blagues! Pipo est lui-même agriculteur, et connait tous le monde dans la vallée.
Le paysage est parsemé d’étranges granges triangulaires, au toit de feuilles de palme ou parfois de tôle rouillée, servant en fait de séchoirs pour les feuilles de tabac. Nous nous arrêtons à l’une d’elles, pour une petite explication, démonstration de roulage, dégustation de guarapo (jus de canne à sucre fraichement pressée entre deux rouleaux, et citron, mon pêcher-mignon!), et vente de cigares bien entendu A 3cuc l’unité c’est un peu cher pour du roulé local, mais on assume notre statut de touriste et ça met du beurre dans leurs épinards ;-)
Le torredor (rouleur de cigares) s’en va donc de sa petite explication bien utile: les feuilles sont mises à fermenter et sécher dans la grange avant d’être aspergée d’un mélange (secret certainement) de jus de fruits, miel et eau pour enclencher une seconde fermentation, anaérobie cette fois, les feuilles étant pressées dans un grand bac étanche. Les feuilles sont triées en fonction de leur qualité, qui dépend de leur position sur la tige de la plante. Les plus hautes sont plus corsée. 90% de la production est remise à l’état, les 20% restants (oui, ça se passe comme ça à Cuba!) sont conservés par le paysan pour sa consommation propre ou pour rouler de jolis souvenirs aux touristes.
Déveinées, les feuilles sont roulées en choisissant les qualités appropriées pour l’intérieur et l’enveloppe. Il faudra encore maintenir le cigare bien serré pour qu’il acquière sa forme et sa tenue définitive. Ne restera plus qu’à guillotiner la base (on trouve partout ces coupe-cigares en bois estampillés ‘Cohiba’ sur les marchés ‘artisanaux’), allumer le barreau de chaise et se le coincer négligemment au coin de la bouche!
La balade comprend une visite de grotte percée à la base d’un Mogote; rafraichissant, mais pas suffisant pour nous enthousiasmer, et certainement pas pour nous faire plonger dans l’eau filtrée de la piscine naturelle qu’on trouve en son fond… Nous retournons vite fait à nos montures pour une balade au soleil déclinant des plus agréables.
Ah au fait: pas de tracteurs ici, les paysans labourent à l’aide de bœufs et parfois de chevaux. On apercevra un ou deux tracteurs plus tard, mais la plupart des travaux semblent réalisés à la dure par traction animale!
Pour nous remettre de cette balade au soleil, nous prenons un taxi (3cuc) pour l’hotel Los Jazmines à quelques kilomètres en hauteur de Vinales, pour profiter de sa belle (mais froide!) piscine (3cuc), confortablement installés sur un transat, et profiter encore d’une vue sublime sur la vallée de Vinales au soleil couchant (en compagnie d’une bonne bande de touristes, l’endroit étant plus réputé pour sa vue et sa piscine que pour ses chambres un peu vétustes).
Notre dernière journée à Vinales sera marquée par un délicieux repas à 2km du village, à la Finca Ecologica El Paraiso. Nous nous y rendons tard (vers 13:30) et c’est une excellente idée pour éviter les bus touristiques qui connaissent bien l’endroit! La ferme produit la majorité de ses produits, en biologique, et nous pouvons admirer les rangs de légumes en contrebas de la terrasse de la ferme. La vue de cette terrasse est magnifique, donnant sur la Valle del Silencio, ses Mogotes découpant le paysage et ses vautours animant le ciel.
On nous sert un festin pour 10cuc, après une ou deux pina colada, préparées ici avec ananas et coco frais et saupoudré de cannelle, et qu’on charge selon son gout du rhum posé sur la table! Superbe cochon rôti à la peau craquante, poulet grillé, agneau en sauce, beignets et chips de plantain, guacamole à se rouler par terre, soupe claire de légumes savoureuse comme jamais, et quelques salades de légumes de jardin, peu assaisonnées comme c’est souvent le cas ici. Un pur délice, avec cette vue incroyable et le silence de la campagne (après le départ des bus, s’entend!), c’est un vrai Paraiso ici!
Nos coups de cœur à Vinales:
- Ferme-restaurant Finca El Paraiso
- Casa Bernaldo y Belkis, ses jolies chambres tout confort avec couvertures de lit roses à frou-frous, ses cocktails sur la terrasse avec vue sur la vallée, ses repas absolument délicieux.
- Restaurant El Olivo
- La boulangerie locale à l’angle de la rue principale qui nous a vendu un cake peu sucré et tout chaud pour notre voyage vers Cienfuegos.
Infos utiles, lors de notre passage (Novembre 2014):
Pas mal de bus vers La Havane et Cienfuegos, cuc32 et 6h30 heures pour ce dernier avec Cubanacan; on nous proposait aussi des taxis privés (en fait des minibus) avec Cubataxi pour environ cuc40.
Cienfuegos – 14 novembre
Déception en arrivant à Cienfuegos: la ville n’est pas très jolie, le quartier colonial passablement défraichi, la côte assez sale et pas vraiment ensablée, la place principale un peu carton-pâte… bref, pas vraiment laid mais pas de charme non plus. On s’installe dans une casa particular mentionnée dans le Routard, Esther est toute contente de voir des touristes et va fisa donner un coup d’éclat à notre chambre… vieille maison de famille, meubles et vaisselle d’un autre siècle, peintures passablement défraichies, photos jaunies des ancêtres aux murs… l’endroit a un certain charme malgré le hauts plafonds et le mobilier branlant. Un escalier en colimaçon dans notre chambre (manque de s’écrouler et) nous mène à ‘notre’ terrasse qui doit bien faire 100m² avec jolie vue sur la ville et des rocking chairs délabrés! Original!
Longue balade vers la pointe de la ville au soleil déclinant, petit resto à touriste qu’on ne vous recommande pas, jogging matinal sur le Malecon et c’en sera tout pour notre visite éclair à Cienfuegos!
Infos utiles, lors de notre passage (Novembre 2014):
- Casa Esther Curbelo Martinez: 5605 Calle 33, Cienfuegos – comme décrit plus haut, un certain charme très désuet, bon petit déjeuner (cuc25, pdj cuc5 pp).
- Restaurant Paladar El Criollito: a éviter; pas vraiment mauvais, mouches dans le vinaigre et prix des boissons non indiqués et finalement très excessifs; bref un attrape-touristes qui joue sur sa mention dans les guides… si seulement on avait eu accès à Tripadvisor avant de s’y rendre…..
- Bus Viazul vers Trinidad, cuc6, 1h30 environ, tout confort sur voies rapides.
Trinidad – 15 novembre
Ouf, après la déception de Cienfuegos, Trinidad se montre d’emblée à la hauteur de nos attentes! Petites maisons colorées, animation des rues, chevaux, calèches, quelques vieilles américaines, pas mal de (bus de) touristes aussi, rues pavées…. la carte SD va bien chauffer!!
On n’a pas réservé, la gare routière est en plein centre, passage en force (je suis un poil sur les nerfs aujourd’hui!) du comité d’accueil, nous voilà au calme des petites ruelles de la vieille ville. La seconde casa particular (Rogelio Inchauspi Bastida) sera la bonne: une ancienne pharmacie puis consulat, spacieuse, décorée de bois tropical foncé, meubles lourds, chambre aérée, et… deux superbes terrasses et deux autres terrasses intérieures, tout ce qu’on demande!!
L’endroit est idéal pour se (re)poser, profiter des terrasses pour lire et écrire, se perdre dans les petites rues pavées, s’émerveiller des lumières, des couleurs, de l’animation des rues, des scènes de vies… une fois la majorité des bus touristiques partis (avant 11h et après 17h), la ville est vraiment charmante, hyper-photogénique, et très reposante. On sent fort aussi la différence entre weekend et jours de semaine, où la ville est animée dès le matin des femmes faisant leurs courses, des hommes partant travailler, du va-et-viens des transports,… A Cuba le carnet de rationnement a encore cours, et dès le matin on aperçoit les files de cubains patientant pour s’approvisionner des quelques produits accessibles grâce au carnet qu’ils tiennent à la main. Mais la libreta ne suffit plus, et on l’a récemment amputée de biens de consommation indispensables tels le savon, qui doit désormais s’acheter au prix fort, et souvent en cuc, dans les épiceries et petits supermarchés souvent peu garnis. Pas étonnant dès lors que les Cubains fassent la chasse aux cuc, et à ceux qui en possèdent pleins leurs portefeuilles, les touristes! Tout ici est sujet à gagner quelques cuc supplémentaires: photos, transports improvisés, pourboires, musique, … c’est de bonne guerre mais évidemment parfois agaçant, bien que les Cubains restent toujours sympathiques, souriants, courtois, et pas trop insistants!
A noter aussi que malgré cette situation on se sent en sécurité à Cuba, le sourire et la rigolade y étant certainement pour quelques chose, autant peut-être que les trente ans de prisons promis à ceux qui déroberaient un étranger?!!
Un train parcourt la vallée des Ingenios toute proche, parsemée d’anciennes fermes d’exploitation de la canne à sucre. Le train à vapeur a probablement définitivement laissé place à une version diesel, mais la balade n’en est pas moins charmante, bien qu’un peu longue. Le claquement du train, le roulis, les paysages qui défilent, les vieux ponts rouillés, les vaches qui nous regardent passer, flanquées de leur inséparable héron, ça n’a pas de prix à mon avis, et ce n’est pas la présence exclusive de touristes sur le parcours qui nous gâchera notre plaisir!
Envie de plage, après dix jours sur l’île il est bien temps que nous y fassions une petite visite. Direction Ancon, à 15km de Trinidad, longue bande de sable blanc bordée de cocotiers, deux ou trois gros hôtels bétonnés mais colorés, paillottes et transats, et plus loin une plage déserte pour celui qui désir plus de tranquillité. Nous y faisons une balade sous un soleil de plomb, avant de profiter du confort de la plage aménagée, et de la température idéale de l’eau… sable, farniente et cocotiers, ça sent bon les vacances!
On a pris goût au soleil et au sable blanc, nous réservons pour le lendemain un ‘package’ d’une journée vers une des iles ‘paradisiaques’ bordant la côte de Trinidad: Cayo Blanco. Ca fait du bien parfois de se laisser emmener et de ne rien organiser de notre journée!
Rendez-vous à la Marina Marlin, à deux pas de la playa Ancon, vers 9:00 pour retrouver une vingtaine d’autres touristes et embarquer dans un superbe catamaran disposant de deux trampoline sur lesquels on sait déjà qu’on passera un moment de détente et de bronzette au son du clapoti des vagues sur les coques du bâteau.
Trois marins tannés par le soleil, le ventre bien rebondi et les lunettes vissées sur le nez nous accueillent avant de prendre les commande du bâteau qui, comme les chevaux de Vinales, semble connaître le chemin! Une heure de navigation (au moteur) sous un beau soleil nous mèneront aux abords de Caya Blanco ou nous enfilons palmes, masques et tubas pour une heure de snorkeling le long des barrières de corail. L’eau est divinement tiède, les fonds marins sont sympas et animés de (petits) poissons colorés… on a vu plus joli mais on ne boude pas notre plaisir d’observer la vie sous-marine et de profiter de ce moment de détente totale en apesanteur et dans le calme de l’étendue d’eau qui nous entoure.
Nous accostons sur l’ile ensuite, ou un espace de restauration peuplé de gros Bernard l’Hermite et de quelques iguanes peu farouches (on les soupçonne d’être les deux seuls représentants de l’espèce sur l’île, grassement payés en nature pour divertir le touriste de passage…) qui se pavanent sur la terrasse. Sympa de les observer, et de déguster ensuite une paella aux fruits de mer accompagnée de crudités… le repas manque de variété néanmoins, et pour le tarif du package (50cuc, exorbitant pour les standards cubains) on aurait aimé un open-bar proposant quelques cocktails locaux (en plus des bières et sodas) et un peu de variété dans le repas. Mais bref, on profite quand même de ce repas avant de faire une petite balade sur l’île, sur laquelle on semble seuls au monde dès qu’on s’éloigne du baraquement et de nos compagnons de voyage. Baignade dans l’eau limpide, balade le long des plages, tantôt rocailleuses, tantôt de sable blanc ou couvertes d’algues sèches.
Le temps se gâte un peu après notre sieste à l’ombre des cocotiers, le chemin du retour sera un rien plus frais et ombragé, la pluie faisant même une brève apparition lors de notre passage sous un gros nuage noir rendant le paysage marin et la vue des côtes approchantes un rien dramatique!
Bon plan, le taxi que nous avions négocié pour la Marina ce matin (6cuc) nous attend pour le retour aux mêmes conditions, parfait!
Dernier repas au La Botija, un restaurant d’Etat qui nous plait décidément beaucoup, pour son ambiance, son chouette groupe musical pas trop ‘salsa’, et sa carte variée qui satisfait les petites faims, grignotages, ou repas plus conséquents! (on a aimé la pizza aux fruits de mer, les pâtes marines, le pain au tomates, les salades, les albondigas, et le mojito bien sûr; un peu moins les poivrons rellenos trop gras).
Après trois nuit nous avons du changer de casa, et nous sommes dirigés vers la jolie casa de Sara Sanjuan Alvarez. Notre seconde nuit chez Sara était parfaite, après que cette dernière nous aie suggéré d’évacuer la chaleur emmagasinée de la chambre à l’aide d’une savante combinaison d’airco (mais pas trop), ventilo, et courants d’air! Le temps rafraichi par la pluie a certainement aidé aussi! L’endroit est vraiment charmant en tout cas, une de nos meilleures casa particulares du séjour: maison des propriétaires en front de rue, décorée de moulte bibelots, boudoirs, photos d’ancêtres, et commodes Marie-Machinchouette, débouchant à l’arrières sur quatre chambres dédiées aux touristes de passage, sur deux étages, et plusieurs terrasses agencées autour d’un patio lumineux et joliment décoré (pour qui aime les petites statues de jardin, moulures, fontaines et plantes en plastiques, s’entend!)… vraiment sympa et on s’y sent bien pour papoter avec Sarah dans notre espagnol approximatif, en se balançant sur un rocking chair (oui il existe de ‘vraies’ chaises à Cuba, mais la majorité semble quand même être de l’espèce ‘rocking’!!!)
Infos utiles et coups de coeur, lors de notre passage (Novembre 2014):
- Chouette ambiance, carte variée, et cuisson au feu de bois à El Bodija.
- Casa Rogelio Inchauspi, centrale et charmante.
- Casa Sara Sanjuan Alvarez
- Le train roule, mais pas à vapeur! Réservations chez ArtEx pour nous (Cubatour nous ayant affirmé que le train ne roulait pas).
- Taxi collectif Trinidad-La Havane pour cuc50, de porte-à-porte, départ 8:30/9:00, durée 4h30, à réserver en agence de voyage, à l’accueil de la gare routière, ou chez un rabatteur (jineteros toujours présents et apparemment fiable à l’angle de Bolivar près de café Internet).
La Havane – 20 novembre
Il est déjà temps de rentrer vers La Havane, où nous avons encore envie de trainer un peu avant notre retour en Europe. On nous propose un taxi collectif pour faire la route, plutôt qu’on bus Viazul ou Transtur, au même tarif et soi-disant plus rapide. On hésite un peu avant d’accepter (on en trouve facilement dans les agences de voyage ou chez les rabatteurs aux coins de rues). On a bien fait! Un van Hyundai nickel vient nous chercher à notre casa pour nous emmener à notre casa de La Havane en 4 bonnes heures, à 120 sur l’autoroute en compagnie de six autres touristes, dans un confort similaire à celui des nombreux bus climatisés que nous dépasserons en chemin (limités, eux, à 80km/h). La gare routière de La Havane étant située extra-muros, c’est vraiment un plus de se faire déposer directement à l’hôtel de son choix!
Zut, par contre les nuage de la veille se sont mués en grosse couverture nuageuse et pluie fine… La Havane a d’un coup perdu de son charme, en plus de pas mal de degrés… Heureusement la casa Greenhouse est dotée de vastes terrasses de toit abritées, ou on peut profiter du mauvais temps pour lire et écrire (ces lignes) en attendant le retour du soleil (bon, là c’est mal barré, on va plutôt aller voir si les mojitos sont toujours aussi savoureux!!).
Pluie diluvienne toute la fin de journée, parcours du combattant entre les flaques, déjeuner tardif au Chanchullero (délicieuses tranches de banane plantain cuites à la vapeur et surmontées d’une salade de thon relevée), retour à la Greenhouse trempés jusqu’aux os pour terminer la journée bien au sec!!
On enchaine aujourd’hui les visites qu’on avait reportées lors de notre premier passage et qu’on s’était promis de faire: fabrique de cigares Partagas d’abord, qui produit les marques les plus réputées telles Cohiba, Romeo&Juliette, et Montecristo. Visite intéressante, malheureusement les photos étant interdites je n’ai pas grand chose à vous montrer… dommage parce que l’atelier de roulage des feuilles était très animé, des dizaines d’ouvriers attablés devant leur presse à cigares en train de rouler le contenu d’abord, la feuille protectrice ensuite, au son d’une salsa endiablée! La vitesse d’exécution est impressionnante; après 9 mois de training ces ouvriers sont capables de rouler 100 à 150 pièces par jour. Une fois pressés, roulés, et enveloppés les cigares sont coupés à mesure puis encore calibrés au millimètre dans un atelier annexe, avant d’être bagués et mis en boîte. On a râté de peu le spectacle du lecteur engagé une heure par jour pour lire la presse ou un roman aux ouvriers; on apprend que le nom de la célèbre marque Montecristo provient du nom du Comte homonyme, dont les écrits étaient racontés dans la fabrique!
Passage par le magasin, après que notre guide nous aie proposé quelques grosses pièces à prix cassé, sous le manteau (!); on achètera au shop des modèles plus adaptés au goût de mon cher père!
Après le cigare, retour vers le centre pour un petit sandwich et café chicos sur la Plaza Vieja, avant de passer au musée Havana Club pour une visite assez chère et expéditive du lieu. On apprend que le célèbre rhum Cubain est un ‘light rhum’, fabriqué à base de la mélasse de canne à sucre (et non du sucre lui-même), issue de la transformation du jus pressé des cannes en sucre. Cette particularité le rend plus léger que d’autres, la mélasse étant moins sucrée.
La mélasse une fois recueillie, elle est ensemencée de levures et mise en fermentation, avant d’être distillée par injection de vapeur qui permettra l’extraction d’un alcool clair. Celui-ci sera ensuite mis à vieillir dans dans barils de bois de chêne américain (provenant bien entendu de pays non-américains!), deux ans minimum, trois pour l’Anejo, sept pour le rhum ambré qu’on nous fera déguster, délicieux, et plus pour les Réserves!
Intéressant mais la visite est menée au pas de course, le musée assez sombre et peu explicite sur le détails du procédé de production, et on aurait aimé une dégustation comparée de plusieurs rhum d’âge différents au lieu du seul sept ans…
Pour clore cette journée en beauté, soirée chez Dona Eutimia, le restaurant de Havana Vieja qui nous avait tant plu lors de notre arrivée à Cuba et que nous avions pris soin de réserver pour notre retour dans la ville. Déco d’une autre époque, meubles et service coloniaux, grands miroirs piqués et tableaux de quelques ancêtres. Raffiné, tout comme la carte qui propose des plats classiques cubains et d’autres plus originaux. On reprendra de ces croquettes de purée de malanga (une variété de pomme de terre) parfumée à l’ail et au persil, et qu’on déguste trempés dans le miel local… divin, comme cette viande sautée aux olives accompagnées des meilleurs haricots noirs que j’aie mangé: certainement longuement cuisinés avec vin rouge, oignons et poivrons, c’est un plat que j’ai très envie de réaliser!
Pour notre dernière journée à Cuba nous prenons un long petit déjeuner à la casa Greenhouse en compagnie d’autres voyageurs, là aussi dans un salon d’une autre époque, tasses de porcelaine et bibelots sur les commodes… Longue balade dans les rues de Centro, ses quartiers animés, petits marchés, le Malecon contre lequel de grosses vagues viennent s’écraser en gerbes de gouttelettes. Nous irons jusqu’au Calejon de Hamel, un morceau de rue décoré par Salvador Gonzalez Escalona pendant une dizaine d’année de fresques, sculptures d’objets de récupération, baignoires, poèmes, … joyeux bric-à-brac artistique assez sympa à découvrir quoiqu’un peu passé, et récupéré par une bande de jineteros qui en profitent pour essayer de nous vendre visite guidée, cigares, tours en voiture, festival de salsa, etc.
Il est temps de rentrer de faire ses bagages, de passer (encore!) chez Dona Eutimia et au café Escorial, d’attraper quelques pots du délicieux miel local, et de faire route vers l’aéroport sous une pluie battante.
Nous quittons cette belle ile ravi d’y avoir fait un beau voyage, les yeux pleins de couleurs, et les oreilles vibrant des rires et des sons Cubains.
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