De Riyad à Paris, les droits de l'homme sont-ils aussi ceux des femmes ? #droitshumains
Alors que je partageais un article de Ouest-France intitulé " Arabie Saoudite. Le nouveau roi invité à respecter les droits de l'Homme" , Karine m'interpellait en me faisant remarquer qu'il faudrait également parler du droit des femmes. Cela m'a incité à écrire sur ce thème, pour plusieurs raisons. En premier lieu, j'ai vu l'observation de Karine comme l'occasion de compléter mon billet d' hier... Comme je le lui ai répondu, Ouest-France aurait du, comme c'est maintenant généralement d'usage dans la plupart des autres pays du monde, hormis la France, parmi les défenseurs des libertés fondamentales, parler de droits humains, ce qui évite cette discrimination préjudiciable aux femmes, en effet. On peut d'ailleurs déplorer et s'étonner de cette franchouillardise indécente qui consiste à persister dans l'emploi du terme de droits de l'homme. La querelle n'est pas d'aujourd'hui. Une autre raison de l'écriture de ce billet, c'est l'énormité commise depuis la mort du roi par l'une des femmes du monde parmi les plus visibles, j'ai nommé Christine Lagarde. Pour la patronne du FMI, en effet, " le roi Abdallah " était un grand défenseur des femmes ". Forcément, ça grince dans les milieux féministes et pas que.... Il semblerait qu'on se soit peut-être un peu trop polarisé à travers le monde, même si c'est également à juste titre, sur la situation du blogueur saoudien Raif Badaoui (moi le premier, et je m'en excuse), qui masque la situation intolérable des femmes dans ce pays. Comme le rappelle cet article des nouvelles News, " les Saoudiennes ne peuvent exercer aucun de leurs droits - aller à l'école, travailler, ouvrir un compte en banque ou voyager en dehors du pays - sans la permission de leur " gardien " masculin. L'Arabie saoudite reste le dernier pays au monde où les femmes n'ont pas le droit de conduire. Et deux Saoudiennes sont actuellement derrière les barreaux pour avoir défié l'interdiction. " . Par ailleurs, pour faire pendant à la situation du blogueur, il n'est pas inutile de préciser que pour des raisons similaires, l'avocate Souad al-Shammari est en prison pour un tweet jugeant " idiot " que les croyants se sentent obligés de porter la barbe. De plus, comme l'observe France info (op.cité) " Le Parlement saoudien (la Choura) compte aujourd'hui 20% de femmes - tous les membres sont nommés par le roi -, et elles devraient avoir le droit de se présenter et de voter aux municipales en 2015. ". Il semblerait donc que Madame Lagarde aurait mieux fait de se taire, et de rester dans son champ de compétence : le libéralisme économique. La sociologie et la politique lui vont visiblement beaucoup moins bien. Il est de plus fort dommage que ce soit une femme qui propage ce genre d'âneries. Cela pose la question de sa déconnexion d'avec la réalité de terrain des pays que le FMI est sensé aider.... Comme de la manière dont certaines femmes hélas sont les plus mauvaises ambassadrices du droit des femmes, et de la réussite du combat contre les inégalités.
Ceci étant écrit, quand on voit que la porte-parole d'Osez le féminisme, Anne-Cécile Mailfert, a été contrainte de porter plainte suite à des messages malveillants de médecins pas très fins ( quand ce n'est pas des photomontages d'elle-même dans des positions explicites) après avoir dénoncé le caractère sexiste et choquant de la fresque du CHU de Clermont-Ferrand, on se dit qu' en France non, plus, le droit des femmes, c'est pas gagné...