Titre original : Mortdecai
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Koepp
Distribution : Johnny Depp, Gwyneth Paltrow, Paul Bettany, Ewan McGregor, Olivia Munn, Michael Culkin, Ulrich Thomsen, Jeff Goldblum…
Genre : Comédie/Policier/Adaptation
Date de sortie : 21 janvier 2015
Le Pitch :
Charlie Mortdecai, un marchand d’art notoire et escroc à temps partiel, qui croule sous les dettes, est réquisitionné par les Services Secrets pour retrouver la trace d’une mystérieuse toile de maître. Une peinture autrefois subtilisée par les nazis, sur laquelle figure un indice menant droit à une fortune incommensurable. À la fois poursuivi par des gangsters russes, un criminel d’envergure, et toute une kyrielle d’individus plus ou moins dangereux, Mortdecai va devoir la jouer fine pour mener sa mission à bien, éviter la banqueroute et par la même occasion sauver son mariage…
La Critique :
Alice au Pays des Merveilles, Pirates des Caraïbes 4, Rhum Express, 21 Jump Street, Dark Shadows, Lone Ranger, Transcendance et aujourd’hui Charlie Mortdecai. Johnny Depp semble avoir tiré un trait sur la réalité, comme en témoigne ces films sortis entre 2010 et 2015. Du moins en ce qui concerne son apparence. Désormais, d’une manière ou d’une autre, il se grime et/ou se déguise et souvent, en fait des tonnes. Le cinéma Johnny, il le voit comme une bonne occasion de s’amuser, sans se préoccuper des critiques de plus en plus nombreuses qui soulignent une nette tendance à ne pas y aller avec le dos de la cuillère et à éviter absolument de revenir à une certaine sobriété. Des voix qui s’élèvent du même coup pour qualifier l’acteur de has-been, voyant dans cette propension à nous ressortir son éternelle batterie de grimaces film après film, un essoufflement manifeste.
Cela dit, question maquillage, dans Charlie Mortdecai, Johnny se « contente » d’une moustache fantaisiste et d’une dentition légèrement altérée. Rien de bien extravagant en somme, si on fait exception des tenues de vieil aristocrate que porte le comédien dans le film et surtout sa capacité à en faire des caisses encore et toujours, sans même avoir l’air de s’en rendre compte. De tous les plans, Depp nous concocte ici un personnage hybride, situé quelque part entre Austin Powers pour le côté aristo anglais fantasque et séducteur, et Jack Sparrow pour tout le reste. Il a beau nous affirmer s’être inspiré de Peter Sellers pour créer son personnage, on pense encore et toujours au héros de Pirates de Caraïbes et non ce n’est pas forcément une bonne nouvelle tant Johnny nous fait le coup de plus en plus souvent.
Mais qui a vu la bande-annonce du film de David Koepp sait déjà qu’il en est ainsi et si l’envie lui prend de tenter le coup en achetant son billet, c’est qu’au fond, la chose ne le dérange pas vraiment.
Johnny Depp fait du Sparrow et ne force pas beaucoup, mais à moins d’être profondément allergique, force est de reconnaître qu’il le fait bien (même si comme ici, il est en pilotage automatique), quitte à multiplier de plus en plus souvent les bides, lors de performances plus fragiles qu’avant. Passé la première scène du film, durant laquelle le personnage est plus ou moins posé, on s’y habitue et on se rend compte qu’une telle outrance dans le jeu s’avérait nécessaire, ou au moins pertinente, vu l’intrigue du film, son ambiance et la tonalité générale. Il y aussi cette propension de l’acteur à gagner à l’usure. Par l’outrance il impose ses choix et finit par s’arranger pour justifier l’excès qui caractérise son style, conscient lui aussi que de toute façon, ce film ne rejoindra pas son Panthéon personnel.
En retrouvant Johnny Depp, une dizaine d’années après Fenêtre Secrète, le réalisateur David Koepp choisit d’adapter une œuvre de Kyril Bonfiglioli sortie en 1972, en la transposant de nos jours. Baigné dans une ambiance aristocratique conférant à l’ensemble une patine un peu hors du temps, le film semble clamer haut et fort se moquer un peu de son histoire. Il est question d’un tableau, d’une somme colossale d’argent et de types venus des quatre coins du monde, opposés d’une manière ou d’une autre à ce Mortdecai. On comprend vite, mais on s’en moque, tant l’intérêt ne réside pas franchement dans le pourquoi du comment.
Charlie Mortdecai gagne en effet ses galons grâce à ses comédiens. Johnny Depp, omniprésent, mais pas que, puisque autour de lui gravite un nombre suffisant d’acteurs recommandables, pour diluer le cabotinage de leur tête d’affiche, tout en nourrissant le récit d’une autre sorte d’extravagance plutôt bienvenue. Ewan McGregor par exemple, Paul Bettany, excellent, également, ou Olivia Munn et Gwyneth Paltrow, en passant par Jeff Goldblum. Qu’ils ne fassent que passer ou qu’ils squattent l’écran un peu plus longtemps, tous servent un peu la soupe à Depp, mais confèrent aussi de l’énergie, du glamour ou du prestige à un film qui jouit de la somme des talents impliqués. Un tantinet bordélique, le long-métrage fait le job car il laisse les coudées libres à ses acteurs et sait maintenir une rythmique enlevée, elle aussi pour beaucoup dans la réussite (relative) de l’ensemble.
On rit, pas aux larmes, mais souvent, et tout compte fait c’est l’essentiel. Charlie Mortdecai part dans tous les sens, reste dans le fond très convenu et téléphoné, mais sait toujours retomber sur ses pattes. Avec une identité marquée, il distille une légèreté désuète et il est vrai plutôt communicative.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport adaptation Charlie Mortdecai Comédie critique David Koepp Ewan McGregor Gwyneth Paltrow Jeff Goldblum Johnny Depp Michael Culkin Olivia Munn Paul Bettany policier Ulrich Thomsen