Selon François de Lassus, directeur de la communication de CPoR Devises, le cours du métal précieux se tiendra bien cette année.
Après une hausse de 7% en 2014, l'once d'or dépassait le seuil de 1.300 dollars, en séance le mercredi 21 janvier. A Paris, le lingotin de 31,104 grammes d’or fin (équivalent de l’once d’or), se négociait, lui, à 1.170 euros contre 1.035 euros le 31 décembre dernier, loin encore du record absolu de l’once en euros à 1.383 euros enregistré le 29 septembre 2012. Alors 2015 sera-t-elle l'année du retour de l'or ?
Le métal jaune devrait rester ferme estime François de Lassus, directeur de la communication de CPoR Devises, le premier intervenant sur le marché de l'or en France. Entretien.
L'or redevient-il une valeur refuge ?
«Le prix de l’or est remonté pour des raisons évidentes depuis le début de l’année dans le contexte actuel de volatilité des marchés boursiers, de leur dépendance aux mesures de la BCE, de la crise européenne qui perdure, de la crise ukrainienne plus ou moins absorbée, de nouvelles inquiétudes sur la Grèce et de perspectives économiques revues à la baisse, et cette hausse s’est accélérée à l’annonce surprise par la Banque nationale suisse le 15 janvier de ne plus défendre la parité de 1,20 franc suisse pour un euro. La hausse du franc suisse a été telle que l’or est redevenu une valeur refuge intéressante en terme de prix, plus abordable que le franc suisse. D’habitude quand le dollar monte, l’or baisse. Cette fois cela n’a pas été le cas et l’or monte face à l’euro et au dollar. Les investisseurs ont donc racheté des métaux précieux. Ainsi des entrées nettes sur les trackers spécialisés ont été observées de la part des institutionnels et des particuliers. Les particuliers allemands notamment se sont remis à acheter des pièces et des lingots.»
Quels seront les soutiens à la hausse du cours de l’or cette année ?
«Je ne dis pas que la hausse va continuer, mais l’or devrait rester ferme toute l’année compte tenu d’une demande assez forte, notamment de la bijouterie en Inde qui représente près du quart de la demande mondiale. 2015 sera l’année de l’Inde, la croissance s’annonce forte et les Indiens profitent de leur regain de pouvoir d’achat pour acquérir des bijoux de haute teneur en or, au moins de 22 carats. Elle pourrait récupérer sa première place dans la demande mondiale qu’elle a perdue l’an dernier au profit de la Chine. Et ce d’autant plus que le nouveau gouvernement a assoupli les quotas à l’importation. De leur côté, les banques centrales sont toujours acheteuses, celles qui étaient vendeuses ont cessé de vendre, tandis que l’activité du rachat de vieil or s’est éteinte après la chute des cours de 2013. Enfin les taux d’intérêt quasi-négatifs suppriment le coût de détention de l’or, qui après une hausse de 7% de son cours en euro l’an dernier apparait à nouveau comme un actif qui s'apprécie.»
Et les Français ?
«Nous observons un regain d’intérêt des particuliers français depuis quelques semaines, mais les demandes d’informations que nous recevons ne sont pas toutes transformées en achat ou en vente car la fiscalité freine les transactions d’or physique à l’intérieur des frontières françaises. Le régime de taxation forfaitaire de la plus-value (10,5% sur la valeur totale du bien) décourage les particuliers qui détiennent leur or de longue date de vendre leur or en France. Nous estimons que cette taxe devrait avoir rapporté moins de 45 millions d'euros à l’Etat en 2014 après 100 millions en 2013 (en raison du volume très important du rachat de vieil or aux particuliers). Ceux qui peuvent justifier de la date d’achat et du prix d'acquisition et ainsi bénéficier du régime de la taxation sur la plus-value réelle, sont encore peu nombreux (34,5% prélèvements sociaux inclus et décote de 5% par an au-delà de la deuxième année de détention exonérant la vente au bout de vingt-deux ans).»
Que préconisez-vous ?
«Les Français détiennent approximativement 3.000 tonnes d'or dans leurs bas de laine sous forme de pièces et lingots, de manière assez homogène entre les classes sociales. Nous essayons de convaincre le gouvernement avec l'appui d'un sondage IPSOS qu'aligner la taxe forfaitaire des métaux précieux sur celle des bijoux (soit 6,5% avec une franchise de 5.000 euros) pourrait relancer les transactions et apporter un bol d’air à certains notamment les classes les moins aisées pour consommer ou rembourser leurs dettes.»
(Aline Fauvarque - lerevenu.com - 24/01/15)