Objectivement, j’ai toutes les raisons du monde de ne pas aimer ce livre.
L’écriture simple – ce qui n’est pas un mal – est chargée de lieux communs. Les personnages sont caricaturaux à l’extrême : un couple de petit vieux plan-plan qui n’ont rien à se dire depuis des années et sombrent doucement mais sûrement dans une léthargie maladive. Des jeunes systématiquement pommés. Des quadragénaires obsédés par le gain, la consommation, etc. Des femmes toujours douces et gentilles, mise à part l’épouse d’Harold, une vraie mégère mais ce n’est pas de sa faute, elle a le cœur brisé.
Le pèlerinage – le titre original est The unlikely pilgrimage of Harold Fry – soudainement entrepris par M. Fry se voudrait non religieux, et pourtant j’ai l’impression de lire un remake d’Immortelle randonnée – que je n’ai pas lu d’ailleurs et qui a été publié après le livre de Rachel Joyce. Tout ça pour dire que mise à part la prière – et encore – tous les éléments d’une marche le long de la route de Compostelle y sont réunis : les doutes, les rencontres, la douleur, l’isolement, le vacarme des grandes villes, le lavement de pied – si-si je me demande même si Jean-Christophe Rufin est allé jusque là dans son récit – la visite d’église et autres sites touristiques, et puis l’arrivée évidemment…
Voilà, j’ai fait ma langue de vipère. Et dire que ce livre est un cadeau, j’ai honte. Pardon Cyve. Pardon et Merci ! :)
Parce que si j’ai toutes les raisons objectives de détester ce livre, dans les faits je l’ai dévoré, j’ai avancé avec Harold avec plaisir tout au long des 400 pages de ce roman que j’ai lu en 2 jours à peine – les vacances ça aide. Si l’écriture n’est pas très élaborée, j’ai tout de même eu la surprise de découvrir dès la première page une pelouse « transpercée en son milieu par le séchoir télescopique », qui aura largement contribué à me faire tourner la deuxième page. On alterne phrases attendues et descriptions rocambolesques.
Si les personnages ne sont pas très fouillés, ils n’en sont pas moins hyper attachants, quand au pèlerinage, il reste une jolie leçon de vie qui m’invite toujours et encore à réfléchir à ce que pourrait être la foi pour mes contemporains – et pour moi-même – en ce début 2015. La foi au XXIème est d’ailleurs le sujet du reportage malvenu que doit subir Harold… J’en suis un peu vexée, j’en aurais bien fait un sujet d’étude personnel…
Comme souvent, c’est à partir d’œuvres très simples comme celle-ci que j’en viens à formuler, enfin, des questions qui me sont chères – je vous épargne les réflexions « hautement » philosophiques qui me viennent à l’esprit en regardant la série Once upon a time.
Pour conclure, La lettre qui devait changer le destin d’Harold Fry est un livre drôle, tendre, simple et ça fait du bien dès l’instant où l’on accepte de ne plus trop se prendre au sérieux ;).
Ce livre est chroniqué dans le cadre du Challenge ABC Critiques de Babelio (retrouvez ma liste de livre en cliquant sur le lien).