Luca, professeur de philosophie, découvre que la liaison discrète qu'il a entretenue il y a trente ans avec La Chanteuse, est révélée au grand jour à l'occasion d'un article de presse concernant la biographie de l'artiste internationale, depuis décédée. Si son patronyme reste anonyme, il ne fait aucun doute que l'écrit parle de lui et lui révèle par la même occasion, un lourd secret porté par son amour disparu.
Catherine Locandro cadence parfaitement L'Histoire d'un amour, en alternant la narration de cette journée que Luca va subir et de son passé dévoilé. Marié et père d'une fille, il a toujours tenu secret cet amour, en raison de la renommée de l'artiste mais aussi de leur différence d'âge. Le contenu de l'article de presse va littéralement l'assommer au point de se faire porter pâle au lycée, de l'inciter à déambuler dans les rues de Rome pour y rejoindre les membres de sa famille, renouer les liens quelque peu abîmés et s'expliquer. Cette plongée dans ce passé amoureux (et aussi douloureux, puisque ce premier grand amour fut peut-être le seul de sa vie, parce qu'en aucun cas, il n'a pu s'affranchir de la rupture non choisie, n'a pu se faire aimer autant qu'il espérait de cette interprète suicidaire et dépressive) va l'envahir le temps d'une journée.
La force de Catherine Locandro est son phrasé tout en retenue et délicatesse. Avec elle, on navigue dans l'Italie au temps des vespas, des théâtres et des vieux téléviseurs, de la boucherie familiale. Elle sait décrire le cadre où évoluent ses personnages, sans pesanteur, sans descriptions inutiles. Elle donne corps aux révélations bien réelles tout en respectant la mémoire de la défunte (L'histoire d'un amour concerne la vie d'une grande artiste des années 1970). Il y a beaucoup de pudeur et de justesse dans son écriture et forcément, chez ses personnages qui vivent au travers de sa plume légère. Par moments, ce roman m'a rappelé celui de Fanny Chiarello, Une faiblesse de Carlotta Delmont : même milieu (artistique), même zone géographique (Paris), même figure féminine (au désir insatisfait et incomplet). Pourtant, Catherine Locandro tient son intrigue jusqu'au bout et m'affame sur la fin : j'aurais tellement voulu rester un peu plus longtemps avec Luca, un homme touchant !
Éditions Héloïse d'Ormesson (116 pages consacrées au texte)
Rentrée littéraire 2014
avis : Eimelle
emprunté à la biblio (lu dans le cadre du prochain comité de lecture)