Bain de lune

" Bain de lune "

LAHENS Yanick

(Sabine Wespieser)

Haïti. Deux clans. Celui des nantis, les Mésidor. Celui des démunis, les Lafleure. Au cœur du tumulte. Ou plus exactement des tumultes. Les catastrophes naturelles. Les dictatures, celles de Papy puis de Baby Doc avant que ne fasse irruption le Curé dont le règne s'acheva de même façon que celui de ses prédécesseurs. Yanick Lahens n'administre cependant pas une leçon d'histoire. Yanick Lahens parle d'un peuple en souffrance, d'un peuple privé de l'essentiel, mais qui s'acharne à survivre, qui ne renie rien de son passé. Elle en parle dans une langue qui illumine le récit. Que ce soit dans les épisodes qui narrent la seconde " vie " de Cétoute dont le corps fut découvert échoué sur une plage que dans ceux qui relatent non seulement les affrontements qui opposent les deux clans mais aussi, et plus encore, le combat au quotidien que mènent des hommes et des femmes qui s'entêtent et résistent aux pires des abominations. Avec leurs rêves, leurs croyances, leurs espoirs a priori insensés. " J'aimerais arriver en Guinée ou près du Grand Maître avec une robe de reine et des pieds rouge feu. Je suis ainsi faite. Je suis fille de Fréda. "

Voilà un roman qui ne tolère aucun renoncement, qui se nourrit des aspirations des plus humbles, qui dénonce la violence qui leur fut, qui leur est faite. " A force de les recevoir jusque dans nos campagnes, nous savions que les loups du moment, avec ou sans uniforme des armées du monde, venaient de tous les coins pour chasser ou dépecer ce cadavre trop encombrant que nous étions devenus. Haïti, yon chaj two lou, une épine au pied de l'Amérique. "