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Dis moi qui tu es...et je te dirai qui je suis !
Publié le 05 novembre 2014 par Odile Sacoche @OdileSacoche
Quand j'étais petite, je veux dire, vraiment petite genre quand j'étais enfant, je n'avais pas beaucoup d'amis. J'étais considéré comme la râleuse. La boulette aussi. Vu comme ça, c'est drôle une boulette râleuse, mais ça ne l'était pas vraiment. Vers 11 ans, j'ai eu la chance de voir Madame Puberté frapper à ma porte avec des cadeaux dont je me serais bien passée à l'époque: de nouvelles formes et un paquet d'Always assorti. De mon souvenir, j'ai mal vécut la transition. J'étais mal dans ce nouveau corps et je voulais rester une enfant. Puis l'été de mes 12 ans est arrivé, plein de copains, de petits copains et une nouvelle école. J'ai vu ça comme un nouveau départ. D'ailleurs, pendant un moment je suis devenue "la nouvelle", comme un vent de fraîcheur. La bête curieuse, celle qu'on ne connait pas. Mes nouvelles formes et moi on était plutôt du genre avant gardiste. Ca plaisait au garçon, ça jalousait les filles. Enfin... Jusqu'au jour où mes copines de classe sont devenues comme moi, et que je n'ai bientôt plus eu de grand intérêt. Toutes les bonnes choses ont une fin qu'ils disaient... Et je suis alors redevenue la râleuse, dans mon coin.Quelques années plus tard, alors que je sortais avec ma grande sœur (je l'admire aujourd'hui d'avoir pu à cette époque ramener sa petite sœur de 5 ans sa cadette sans en avoir honte) j'ai remarqué un truc dingue. Ma sœur, celle là même qui me cassait les pieds à la maison, était adorée de tous. Elle avait un nombre incalculable d'amis. Quand elle arrivait les gens avaient l'air plutôt heureux. Alors j'ai commencé à l'observer. A me demander comment elle arrivait à se faire tant d'amis et moi pas. Après des mois d'observation en mode petite chimiste de laboratoire, j'avais trouvé sa recette magique : le rire. Ma sœur riait, à tout va, de tout, de elle, surtout d'elle. Elle balançait sa jolie tête blonde et riait simplement aux éclats. Fort. Chaleureusement, contagieusement. Je me suis dit que si je voulais me faire des amis moi aussi, je devais apprendre à rire.Parallèlement à ça, je me suis vite rendue compte que les gens aimaient qu'on s'intéresse à eux et j'ai commencé à mettre au point une technique de 3 questions de base pour engager une conversation : comment t'appelles-tu, quel âge as-tu, que fais tu dans la vie. A tous les coups ça marchaient et on partait pour des heures de discussions. Le rire, les questions et moi on s'est mis à cartonner. Je me suis prise à mon propre jeux parce que ce que les gens me disaient me fascinait réellement. Je voulais tout savoir d'eux. S'ils avaient des frères et sœurs, quels étaient leurs hobbies, ce qu'ils adoraient manger. Ce n'était pas de la curiosité malsaine mais une réelle envie de tout savoir sur eux. J'ai commencé à adorer avoir de nouveaux amis. J'en voulais toujours plus. Ça me donnait un sentiment d'euphorie, celui d'être comme ma sœur : d'entrer dans une pièce et de voir les gens le sourire aux lèvres.Seulement je ne sais pas comment mais la machine a commencé à rouiller. Ça a commencé un jour comme ça, mine de rien. Une fois. Deux fois. Et depuis quelques années, j'ai plus de difficulté à mettre le costume du clown-journaliste. Non pas qu'il ne me plaisait pas, mais parce que je me suis rendue compte qu'une fois que toutes mes questions étaient posées, aucune ne venait en retour. Que finalement, j'animais la galerie avec mes blagues lourdes et mes calembours mais qu'une fois finie, on ne désirait pas savoir ce qui se cachait sous ma perruque. Alors que je connaissais absolument tout de la vie des gens, eux, ne connaissaient absolument rien de la mienne. Et j'ai commencé à me dire que moi aussi je voulais mon interview.Aussi, un soir, de retour d'une de ces soirées où je n'avais pas su jouer mon rôle de clown-journaliste comme il le fallait, et que j'avais failli mourir d'ennui, je me suis mise à me poser tout un tas de questions. Pourquoi ma technique ne fonctionnait plus ? Et surtout, pourquoi elle ne me plaisait plus ? Pourquoi j'avais besoin moi aussi, comme mes spectateurs d'être au centre de l'attention ? Et qu'est ce que je cherchais à combler ?Ce dont je me suis rendue compte c'est que pas mal de personnes attendaient de moi ce qu'ils connaissaient de moi. Comme une sorte de confort. Et que d'une certaine façon je me suis enfermée dans ce rôle de petite comique qui questionne la galerie. Pire même, lorsque j'ai simplement décidé d'observer, sans me manifester, on me percevait comme plus froide, plus distante. Lorsque je me mettais à attendre qu'on viennent m'aborder, on ne m'abordait jamais. Autre problème, à tant vouloir faire marrer les copains, ils se sont mis à se marrer de moi. Je passais tellement de temps à pratiquer l'auto-dérision et la flagellation humoristique pour me faire remarquer, qu'à un moment les gens se sont dit qu'ils pouvaient y aller gaiement eux aussi. Et là où tu pensais ne pas avoir de limite, tu te rends compte que tu en as... Même si aujourd'hui je reste encore un peu perplexe face à mes interrogations je pense avant tout, que dans la vie on a tous envie d'avoir son moment de gloire. Qu'il est humain de faire la parade pour avoir sa minute d'attention. Mais comme pour tout, il faut savoir arrêter, laisser sa place à l'autre. L'écouter réellement, sans chercher à faire le pitre, sans chercher à tout connaitre de lui. Il n'y a pas de tactique et un jour, il suffit juste d'être en paix avec soi même. Car au final, nous n'avons rien à prouver à personne. Pas même à nous même.
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