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MONDE / TERRORISME > Le Japon sous haute pression après la fin de l’ultimatum lancé par Daesh

Publié le 23 janvier 2015 par Fab @fabrice_gil

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Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Tokyo le 21 janvier 2015 I ©SHIZUO KAMBAYASHI / POOL / AFP

Le gouvernement japonais est sous forte pression à quelques heures de la fin de l’ultimatum posé par le groupe terroriste Daesh, qui menace d’exécuter deux otages nippons dont la vie semble suspendue au paiement ou non d’une rançon de $200 millions.
Le Premier ministre Shinzo Abe et le chef de la diplomatie Fumio Kishida activent depuis mardi tous les canaux diplomatiques (Turquie, France, Italie, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Iran, Jordanie, etc.) pour tenter d’obtenir "la libération immédiate" des Japonais Haruna Yukawa et Kenji Goto retenus par les jihadistes. Une vidéo avait été postée mardi dans laquelle Daesh disait son intention de tuer les deux otages sauf la somme exigée est débloquée. M. Abe, qui se trouvait alors au Moyen-Orient où il a offert une aide humanitaire de $200 millions pour les populations victimes des avancées de Daesh en Syrie et en Irak, a juré de "ne pas céder au terrorisme". Tokyo paie au prix fort son "pacifisme actif", une volonté de plus en plus affirmée de jouer un rôle international dans la résolution des crises, sans enfreindre l’interdiction constitutionnelle des offensives militaires.
Ce que veut Daesh, "c’est utiliser cette occasion pour attirer l’attention du monde : le groupe montre ainsi qu’il voit le Japon comme un membre du bloc conduit par les Etats-Unis à son encontre", souligne Misa Kanaya, chercheuse de l’institut du Moyen-Orient. L’ultimatum a expiré "à 14H50 ce vendredi" (05H50 GMT), a indiqué le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshihide Suga, qui a ajouté que le Japon "ignorait encore la situation exacte dans laquelle se trouvait les otages", faute de contact même indirect avec leurs ravisseurs. Dans une vidéo réalisée en octobre dernier avant qu’il n’entre dans la zone contrôlée par l’EI, le journaliste japonais enlevé Kenji Goto expliquait partir à la recherche de Haruna Yukawa, fondateur d’une petite entreprise de sécurité, qui avait été capturé en août. "S’il m’arrivait quelque chose, la responsabilité m’en incomberait totalement", avait-il insisté dans ce document. Un guide de M. Goto, qui a témoigné mercredi sur des télévisions japonaises, avait reçu mission de contacter sa famille au cas où il ne donnerait pas de nouvelles durant plus d’une semaine, ce qui s’est effectivement produit.
La femme du journaliste indépendant, un quadragénaire habitué aux terrains hostiles, avait reçu dès novembre une série de courriels d’un soi-disant membre de Daesh lui réclamant alors déjà de l’argent. Dans un échange de messages sur internet entre un journaliste de la chaîne publique japonaise NHK et un "porte-parole de l’EI", ce dernier insiste sur le fait que l’EI ne fera pas de concessions, pressant le gouvernement d’accepter sa demande tout en répétant que "le combat n’est pas économique, mais psychologique". Le porte-parole du gouvernement japonais évite systématiquement de répondre directement à la question "l’Etat paiera-t-il ou non ?" "Notre position n’a pas changé, nous ne plierons pas sous les menaces terroristes", se borne-t’il à répéter, suggérant ainsi qu’il n’y aura pas de versement de rançon. D’un autre côté, le Premier ministre a ordonné mercredi que "tous les moyens soient employés pour sauver les deux hommes", ce qui peut apparaître contradictoire, souligne la presse. Le ministre de la Défense, Gen Nakatani, qui se trouvait à Londres, a cependant confirmé que le gouvernement nippon était incité par l’extérieur à ne pas lâcher un dollar à Daesh, évoquant une "attitude ferme" de la part de son homologue britannique, selon des propos aux journalistes.
Des médias avaient affirmé que le Japon avait déjà dans le passé versé de l’argent à des ravisseurs de Nippons. Cette fois, compte tenu du montant élevé et du fait que les deux hommes détenus sont entrés en zone risquée en pleine connaissance de cause, on peut supposer que rien ne sera déboursé, juge une partie des journaux. "Le Japon n’a pas d’autre choix que de clamer haut et fort qu’il combat le terrorisme", tranche Toshiyuki Shikata de l’Université Teikyo.FG

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