De quoi les banlieues ont-elles besoin ?....
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Alors que notre pays a su se mobiliser face à la haine et à la menace terroriste, les quartiers populaires forment une nouvelle fois une cible toute trouvée pour ceux qui ne résistent pas à la tentation de surenchères démagogiques.
Surenchères qu’un député de la majorité et le premier ministre lui même n’ont pas hésité à alimenter en tenant des propos irresponsables qui ne peuvent que renforcer le sentiment d’injustice et de stigmatisation que ressentent les habitants des quartiers ainsi visés.
Comment peut-on prétendre mettre sous tutelle des quartiers où vivent des centaines de milliers d’habitants ? Ces femmes et ces hommes seraient ils jugés irresponsables ainsi que les élus qu’ils se sont choisis démocratiquement, pour être ainsi dessaisis de leurs droits les plus élémentaires ? La démocratie ne serait-elle valable que dans les quartiers les plus aisés ? On pourrait aussi rétablir le suffrage censitaire !
Quant à l’affirmation du premier ministre parlant d’« apartheid », c’est soit une formule destinée à faire le buzz médiatique et c’est alors indigne de sa fonction, soit une banalisation inacceptable de ce que fut l’apartheid, c’est-à-dire un régime établissant au sein d’un même pays une séparation juridique en fonction des origines.
Monsieur le Premier Ministre, monsieur le Député, nous vivons dans une République une et indivisible, qui proclame la liberté, l’égalité et la fraternité. Une République qui est fondée sur la démocratie, c'est-à-dire sur la liberté d’expression et l’élection des dirigeants par le peuple.
C’est cette République, ce sont ces valeurs qu’il faut faire vivre dans chaque immeuble, dans chaque rue, dans chaque quartier. C’est cela la responsabilité de l’Etat et non de traiter les gens comme des mineurs incapables de s’administrer démocratiquement.
Comment peut-on parler d’apartheid quand on réduit de façon drastique les dotations aux collectivités locales, en les contraignant à réduire les services publics de proximité qui sont souvent les derniers remparts de la population quand les services publics de l’Etat ont déserté, ainsi que les aides aux associations, fragiles piliers du tissu social?
Comment peut-on parler d’apartheid quand on dirige un gouvernement qui exclut des réseaux d’éducation prioritaire des collèges et des écoles qui accueillent pourtant une très large majorité d’enfants habitant dans des quartiers en grande difficulté ? Comment peut-on faire cela au moment même où tout le monde souligne l’importance de l’éducation et de l’école dans la lutte contre tous les fanatismes ?
Depuis sa création en 2010, l’académie des banlieues n’a eu de cesse de dénoncer les discriminations dont sont victimes les habitants de territoires entiers en matière d’éducation, de sécurité, d’emploi, de transports, de logement, de santé, de culture.
Nous ne demandons rien d’extraordinaire. Simplement l’égalité et le respect ! Un respect qui passe aussi par un traitement médiatique digne et non caricatural, comme c’est hélas trop souvent le cas.