Vite, débarassons-nous tout de suite d'une considération malheureuse : la qualité du son. Alors oui, il y avait trop de basses, et oui c'est bien dommage pour les spectateurs qui n'avaient pas de bouchons. Il était difficile il est vrai de percevoir les différentes strates électroniques jouées ou programmées par le trio. Après, qui peux bien attendre d'Animal Collective un son limpide? Car ce que le groupe propose sur scène, ce n'est pas une interprétation rigoureuse de compositions virtuoses à apprécier avec distance, mais une expérience physique à vivre ensemble avec abandon._Il est donc impossible de reprocher quoi que ce soit à Animal Collective, tant la présence de ses musiciens, en chair et en os, en T-shirts et en tongs, est entière, authentique et généreuse. C'est évident, c'est la transe qui est au coeur de la démarche, et à ce jeu-là les trois musiciens se donnent tout entiers: Avey Tare danse frénétiquement, Geologist secoue la tête en tous sens, et Panda Bear frappe ses caisses comme si rien d'autre ne comptait. L'invitation va de soi, que le public participe à la transe! Bien sûr, celui-ci hésite, décontenancé par une attitude inhabituelle en ces lieux, même s'il est indéniablement conquis et emporté par la cadence folle de Peacebone ou par le réarrangement aérien de Chocolate Girl.
Car comme Animal Collective possède une inspiration infinie, son répertoire est déjà un puit sans fond, ce qui en concert laisse place à toutes les possibilités. Ce Chocolate Girl est un moment si inattendu qu'il est émouvant : perle éclatante extraite du tortueux Spirit They're Gone, Spirit They've Vanished (2000), il est ici relu, ralenti, bousculé. Les compositions d'Animal Collective ne sont jamais figées, toujours en mouvement. Alors sur scène ils étirent Fireworks, et se réapproprient même le Comfy in Nautica de Panda Bear solo, d'une beauté absolue, à donner des frissons.
Et tout participe d'un même mouvement. Animal Collective envisage sa musique, exactement comme Atlas Sound en première partie, comme un flux continu: les morceaux initiaux ne sont qu'un point de départ à un immense mix psychédélique. Ils s'enchaînent et se mélangent les uns aux autres; nos musiciens ne s'arrêtent pas un instant. Ils ne laissent aucune place pour des applaudissements, qui seraient de toute façon bien saugrenus, autant que la hauteur désolante de la scène. Nous devrions tous danser autour du groupe sans complexe et profiter pleinement d'être ainsi invité à prendre part à une expérience nouvelle, animale et collective, moderne et réactive. Qui passe à côté d'artistes si essentiels à leur temps risque de rater quelque chose de sa propre vie._Le clip de Fireworks:
Le myspace.
Lire aussi, Panda Bear - Person Pitch (2007)