Aussi surprenant que le titre de cet article soit, le sujet de mon propos a bel et bien un rapport avec la conquête spatiale.
En effet, alors qu’une sonde s’est presque posée comme une fleur sur une comète filant à des milliers de kilomètres/seconde, à des millions de kilomètres de la Terre, nous avons encore bien des problèmes à faire le ménage sur notre propre paillasson : notre orbite.
C’est pas moi, ce sont eux…
Plus de 12 000 déchets de plus de 10 cm ont été recensés en orbite basse. Pour les plus petits, c’est encore malheureusement impossible de les suivre, mais sachez bien qu’un boulon de 2 cm lancé à 30 000 km/h a autant de force de frappe qu’une grenade à fragmentation.
En effet, l’ESA, l’Agence spatiale européenne, prend le problème très au sérieux et organisera un atelier réunissant les plus grands manufacturiers européens de satellites les 17 et 18 mars prochains dans le but de trouver des solutions. L’initiative, nommée Clean Space, est organisée en partie par Jessica Delaval, membre de l’ESA qui a déclaré :
«Cet atelier est une étape essentielle pour impliquer tout le secteur spatial européen dans le but de définir la direction à suivre pour les satellites en basse orbite.»
Car le problème est de taille. On a souvent parlé dans les médias de cette terrible masse de plastique qui s’est amassée au large des côtes de la Californie. Les aventuriers spatiaux de notre époque rencontrent eux aussi des débris tout aussi mortels que le plastique l’est pour la faune marine.
Les débris qui «polluent» notre orbite sont le résultat de plus de 50 années de conquête spatiale avec ses réussites, mais surtout ses échecs, rarement aussi médiatisés. Nombre de satellites sont là pour nous rappeler que sur et autour de notre bonne vieille Terre, tout ce qui monte finit immanquablement par redescendre.
Le champ de débris présenté ci-dessus est basé sur des données réelles, mais la taille des objets a été exagérée (Image : ESA).
En effet, la plupart des satellites envoyés en orbite basse – jusqu’à 2 000 km de la surface de la Terre – ont une durée de vie limitée, mais non contrôlée. On retrouve parmi ceux-ci des outils de communications (comme ce que compte envoyer bientôt SpaceX), des outils de télédétection ou des stations comme la Station spatiale internationale. Tandis que la plupart finiront fatalement leur course sur le plancher des vaches qui les a vu s’élever, certains entreront en collision avec d’autres engins créant des nuages de débris.
Faire le ménage devant chez soi avant de vouloir polluer ailleurs
Il n’est pas surprenant de vouloir suivre l’adage «Il vaut mieux balayer devant chez soi avant d’aller voir chez le voisin» lorsqu’on parle de conquête spatiale. Malgré les distances faramineuses qui séparent tous ces déchets, leur seule présence représente un problème très préoccupant. La moindre collision de l’un de ces objets, aussi petit soit-il, peut-être fatal à n’importe quelle mission, humaine ou non.
C’est un peu comme si on avait demandé à Christophe Colomb de partir découvrir l’Amérique depuis un port entouré de massifs de récifs juste assez gros pour percer la coque de son navire. Ses chances de réussite auraient été grandement réduites.
Plus de 12 000 déchets de plus de 10 cm ont été recensés en orbite basse. Pour les plus petits, c’est encore malheureusement impossible de les suivre, mais sachez bien qu’un boulon de 2 cm lancé à 30 000 km/h a autant de force de frappe qu’une grenade à fragmentation. Afin de se rendre compte du danger pour les astronautes, c’est un peu comme si on avait demandé à Christophe Colomb de partir découvrir l’Amérique depuis un port entouré de massifs de récifs juste assez gros pour percer la coque de son navire. Disons que ses chances de réussite auraient été grandement réduites, et ce, dès le départ.
Des premières résolutions ont donc déjà été prises au niveau mondial afin de commencer à endiguer cette marée de bidules flottants et dangereux. Désormais, les satellites devront avoir une durée de vie maximale de 25 ans avant de retomber en se désintégrant dans l’atmosphère, ou être en mesure d’être «rangés» dans un «cimetière» spatial loin des voies les plus fréquemment utilisées par l’homme et ses fusées.
Mais alors, qu’est qu’on fait?
Les solutions ne sont guère aussi évidentes que sur Terre, où il suffit de se baisser pour ramasser ce que l’on jette. Tandis que les fusées de lancement augmentent en puissance, les satellites, eux, n’ont jamais été aussi performants, petits et légers. Étant donné que chaque gramme compte, le poids de tout système dédié au processus d’autodestruction de ces satellites viendra empiéter sur celui des composants utiles à la mission.
Espérons donc que cet atelier des grands pontes de l’industrie aérospatiale européenne donnera naissance à de belles idées qui ne feront pas de notre orbite basse, les décharges à ciel ouvert que sont devenus, par notre faute, nos océans.