Après Marin-Marie, Jean Fréour et Mathurin Méheut, voici un nouvel artiste breton, moins talentueux à mon sens, mais fort intéressant. Il s’appelle Ernest Guérin. Vous ne le connaissez pas ? Normal, il n’est pas très connu (en tous cas, personnellement, il y a quelques mois, j’ignorais tout de lui). Mais le but de ce site est aussi de vous présenter des artistes moins renommés, « mineurs » comme certains les appellent.
Pour revenir à notre ami Ernest Guérin, sachez qu’il est né à Rennes en 1887 et qu’il meurt à Quiberon en 1952 : un breton de Bretagne donc.
Après des études à l’école des Beaux-Arts de Rennes, il achève sa formation à Paris. Particulièrement doué, il bénéficie rapidement d’une reconnaissance internationale, le nombre de commandes venant de l’étranger en témoignent. A 26 ans, il ouvre sa première exposition au Musée des arts décoratifs, pas rien quand même.
Très vite, il se concentre sur son sujet de prédilection : sa région natale. Il en peint et dépeint la rudesse, la sauvagerie mais aussi la piété populaire et les fêtes traditionnelles, dans une Bretagne qui amorce son tournant vers la modernité. Pote de Mathurin Méheut, qui est son presque contemporain, il côtoie également Anatole Le Braz (l’Ankou et les légendes de la Mort, vous connaissez ?) qui le confortera dans une vision assez romantique de la Bretagne, moins que celle de Théodore Botrel car Guérin n’hésite pas à croquer la misère et la pauvreté. Les couleurs sont froides (gris, vert, bleu) et humides. Il diversifie parfois ses sujets : on lui connaît quelques vues de Tunisie, charmantes au demeurant. En revanche, question technique, il touche à tout, à l’image de beaucoup de ses contemporains : de la peinture à l’huile, de l’aquarelle et même de l’enluminure. En effet, Ernest Guérin est fasciné par la peinture médiévale et les primitifs flamands. Certains voient dans son œuvre une influence indirecte et tardive des pré-raphaélites : j’avoue que j’ai un peu de mal à voir le rapprochement avec Rossetti ou Burne-Jones mais bon… Il peignait quasiment uniquement sur commande. A la fin de sa vie, il est influencé par l’art asiatique, notamment dans le traitement des paysages et des couleurs. Ses dunes et ses paysages de la fin de sa vie pourraient avoir été peints sur le mode de l’estampe japonaise. Après la seconde guerre mondiale et sa mort, plus rien. Il est largement tombé dans l’oubli jusqu’à ces dernières années où plusieurs rétrospectives ont eu lieu dans différents musées bretons et où il apparaît régulièrement en salle des ventes.Un artiste qui mérite donc d’être redécouvert !