Chronique d'une fausse note ou d’une Faute attendue.
Sur fond de report possible des élections présidentielles en République Démocratique du Congo, alors que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, ne cesse de dire, je cite ; "Le débat autour de la fin de mon mandat relève de la distraction", ceci se passait dans le Katanga en fin d’année 2014.
Kinshasa, Goma, et d’autres villes manifestent leur mécontentement. Des manifestations de militants supposés de l’opposition ont lieu. S’ensuit très vite, la peur, l’arrêt de l’activité économique, l’arrêt des transports ce qui immobilise l’ensemble de toute la population.
S’ensuit aussi, une forte répression orchestrée par la Police Nationale, le dépassement des Leaders de l’opposition, (l’utilisation du mot, « supposés » n’est nullement fortuit).
Chronique d’un malaise annoncé ?
- Il y a le flou autour de cette élection Présidentielle, de la révision de la Constitution ou de la possible prolongation du mandant à cause d’un recensement inadéquat.
- Il y a l’emploi qui manque. Le chômage qui ne cesse de croitre. Les entreprises qui ferment, les taxes anormales qui sont prélevées dans les entreprises et dans le petit commerce. Une économie qui ne s’étouffe pas, puisqu’elle n’existe quasiment pas, mais qui ne démarre pas. Des riches très riches. Une Classe Moyenne qui peine à éclore. Une population dans l’extrême pauvreté.
Ceci n’est que la partie visible. Nous pourrons aller plus loin dans le raisonnement d’une économie congolaise qui pour les uns, est en hausse, et pour d’autres, certainement les plus raisonnables, est en baisse et gravement en baisse. A ce propos, seul le pouvoir n’est pas responsable. Il y a tout un ensemble qui ne tourne pas en Afrique des Grands Lacs, et en particulier en R.D.C.
Ce jeudi, l’Assemblée Nationale a de nouveau à l’ordre du jour, le report de la date des élections pour cause de recensement. Ce qui fait de cette journée, un jour particulier de tensions diverses, d’attente et d’obesrvation(s).
Pas touche à la Constitution !
La tentative de modification de la Constitution, qui pourrait permettre au président Joseph Kabila d’aller vers un troisième mandat suscite la colère quasi générale, au Congo et à l’étranger, nous assistons à une manœuvre, très osée et sur le fil, de sursoir aux élections pour cause de …. Recensement.
Le 17 janvier en soirée, l’Assemblée Nationale a adopte un projet de loi qui lie la tenue des prochaines élections, législatives et présidentielle, au résultat et surtout à l’aboutissement du recensement général qui doit être entamé cette année.
Les votes : 337 POUR, 8 CONTRE, 24 ABSTENTIONS. La plupart des députés de l’opposition n’ont pas pris part au vote.
Les choses vont très vites. Et si un recensement de la population, et donc des électeurs, représente un coût exorbitant, une organisation extrêmement lourde, ELLE N’EST PAS FORCEMENT LONGUE. Une année tout au plus !
Bien que le Président dit et affirme le contraire. Il est évident pour tout le monde qu’au niveau du pouvoir en place, on se pose des questions quant à l’après Joseph Kabila. Et différentes réflexions ont été produites afin de laisser la main dans les meilleures conditions possibles.
La fermeture de plusieurs industries, les différents chantiers de la modernisation du pays qui sont freinés, la relance agricole qui tarde , et une corruption qui ne cesse de croitre à tout les étages, font que le Bilan annoncé est quelque peu ternis. Des enrichissements et des spoliations de biens au vu et au su de tous.
Le Président ne peut tout régler. Mais le laisser faire, laisser aller, lasse la population qui n’en peu plus de voir tout ces biens qui sont mal acquit par des gens qui ont un poste plus ou moins haut dans l’appareil de l’Etat.
Attendre la fin du recensement représenterait donc une manière reprendre la main durant encore au moins un an ou deux, ce qui équivaut à récupérer le temps perdu à cause, dit-on de la guerre à l’Est.
La guerre à l’Est à bon dos. Décidément, le Kivu porte au fil des ans, de plus en plus le poids de la destinée de la R.D.C.
La fausse note tant attendue
Pourquoi en arriver la ? Car, le Pouvoir comme la population et la Diplomatie Internationale, tout le monde sait que la moindre fausse note serait comme une allumette jetée dans un stock de poudre.
Personne n’est dupe, la majeure partie des députés de l’opposition, boycottant le vote de samedi soir, ont dénoncé un « coup d’Etat constitutionnel ». On est habitué aux grandes phrases et aux formules qui font mal au bord du Fleuve Congo. Mais il faut dire que beaucoup de monde attend depuis longtemps la première provocation du Pouvoir en place.
A la disposition de report des élections s’ajoute entre autres, celle de la caution exigée aux candidats à l’élection présidentielle qui passe de 50.000 à 100.000 dollars.
Alors que Paris et le monde « Est Charlie, la Paix, l' Union, », Kinshasa se rebelle
Les partis d’opposition ont rapidement perdu le contrôle de leurs troupes, qui ont été dépassées par des émeutiers et des pillards. Pillages ci et la ont très vite été exécutés, ces derniers jours.
Le Pouvoir a réagi par la manière forte, la Police anti émeute a tiré à balles réelles sur les manifestants. Le bilan des victimes est contesté, mais il y a des morts dans les deux camps :
C’est la guerre des chiffres quant à savoir combien de personnes ont péris lors des manifestations. Des symboles de la réussite du pouvoir ont été incendiés, les Bus Transco.
En plus des arrestations, et de mise à résidence surveillée, l’accès au réseau Internet et aux SMS a été suspendu, afin, probablement, de freiner une éventuelle coordination entre les émeutiers.
La voie express menant à l’aéroport a été bloquée et le vol Air France du mardi soir a été supprimé. L’Unikin semble très mobilisée. Les étudiants manifestaient en grand nombre.
La simultanéité des manifestations de jeunes, leur manière quasi organisée pourrait faire penser, à quelque chose de préparé depuis longtemps. Les attaques contre les symboles de l’Etat, commissariat(s), compagnies de Bus, et autres endroits saccagés , peut faire songer à une stratégie mise en place et étudiée.
Qui commande qui ? Des manifestants violents auraient été payés pour semer le trouble. Ne sachant pas à qui il a à faire (où ne le sachant que trop bien), les Services ont suspendus les moyens de communications. Opposition et Pouvoir semblent l’un et l’autre dépassés par la colère populaire.
Pas qu’à Kinshasa
A l’intérieur du pays également les manifestations de protestation se sont poursuivies : à Goma la police, Mbandaka dans l’Equateur et Bukavu dans le Sud Kivu ont connus des manifestations pacifiques, s’opposant, comme à Kinshasa, à la nouvelle loi électorale.
Appels au calme
Clément Kanku , député, appelle les Kinois à ne pas se livrer à des actes de vandalisme et il a déclaré qu’il était temps pour le gouvernement d’écouter la voix de la population.
L’Union européenne et la Monusco ont exprimé leur préoccupation face au risque de déstabilisation du pays et surtout, l’archevêque de Kinshasa, Mgr Monsengwo qui lance cette phrase « ne pas tuer leurs concitoyens ».
« Ces derniers jours » dit encore Monseigneur Monsengwo, … « Kinshasa se trouve dans un état de siège incompréhensible, la population est en révolte… » tout en condamnant le projet de révision de la loi électorale actuellement examiné par le Sénat.
Belle et Bonne Journée, Belles et Bonnes Lectures aussi !