Ce titre peut surprendre l'internaute qui me lit depuis quelques années. J'espère vraiment que Syriza va remporter, dimanche prochain, les élections législatives et disposer de la majorité absolue au Parlement pour mettre un terme à la tiers-mondisation de la Grèce et de l'Europe. Mais, toute victoire est porteuse d'espoirs et de désillusions.
La victoire de Syriza serait un doigt d'honneur aux conservateurs qui, en France et ailleurs, considèrent que le rapport de forces est chose immuable, et qu'il n'y a nul salut en dehors de la droite décomplexée (UMP-FN) et de la droite complexée (social-démocratie qui joue à l'occasion avec l'extrême droite).
Elle démontrerait aussi, que quelles que soient les intimidations et les interventions néo-coloniales d'une Merkel ou d'un Hollande, d'un Juncker ou d'un Moscovoci, c'est le peuple qui décide en dernier ressort, surtout quand ce dernier prend conscience que toutes les recommandations vertueuses et sages, pragmatiques et réalistes des austéritaires l'ont conduit dans une impasse économique, sociale et humanitaire, digne d'une tragédie...
[1]Alors oui, une force de gauche, une gauche de gauche, une gauche de transformation sociale qui faisait à peine 3 % en 2009 sera probablement majoritaire en ce début 2015 pour conduire une politique de relance sociale, tout simplement, parce que la gauche doit servir le peuple, et non l'oligarchie en prétextant, comme Hollande, Valls et consorts, le remboursement d'une dette odieuse et illégitime.
Aussi, la responsabilité de Syriza est importante vis-à-vis du peuple grec mais aussi des autres peuples. Deux scenarii se profilent :
- Tsipras réussit à convaincre l'UE de conduire un processus de remboursement de la dette assorti d'une clause de croissance à l'instar de l'Allemagne en 1953.
- Sinon, Siriza devra renverser la table comme lui conseille Lordon, à moins de trahir..
La tâche sera dure, mais quel que soit le scenario, il y a suffisamment d'exemples qui démontrent que la rupture avec l'ordre économique dominant est la seule voie possible pour sortir du piège austéritaire et de la régression sociale. Le pire serait, contrairement aux affirmations de la propagande des médias dominants, que le peuple grec obéisse encore aux diktats de la troïka néolibérale.
Par conséquent, Syriza doit mettre en œuvre son programme de gouvernement diamétralement inverse aux politiques austéritaires conduites par la droite, l'extrême droite [2]et la social-démocratie.
Tsipras et son équipe ont la responsabilité de prouver aux peuples européens, malgré toutes les pressions, qu'une autre politique est possible, en d'autres termes, que TINA n'est pas une fatalité. Et ainsi, l'ordre économique dominant pourrait vaciller en Europe, d'autant que les peuples espagnols et irlandais décideront aussi de leur avenir en cette année 2015.
Notes
[1] capture d'écran du site okeanews
[2] Marine Le Pen soutenait son homologue grec le LAOS aux précédentes élections avant de tourner sa veste en 2015, faisant mine de soutenir Syriza...