Paul Smith & Peter Brewis – Frozen By Sight

Publié le 20 janvier 2015 par Hartzine

On a toujours gardé un œil sur les travaux des frères Brewis, auteurs avec Field Music d’une poignée d’albums inégaux mais parsemés de petits trésors d’élégance et de sophistication qui avec le temps, se révèlent discrètement précieux. Concernant Paul Smith, le constat est un peu différent. A vrai dire, on avait même oublié jusqu’à son existence, passé l’enthousiasme provoqué par le premier essai de Maxïmo Park et son inusable single étalon Apply Some Pressure. Autant dire que la réunion de ces deux-là ne laissait a priori présager rien de bon, et que la balance penchait définitivement du côté de la soustraction frauduleuse du talent à l’heure de jauger cette greffe risquée. A l’écoute de cet étonnant Frozen By Sight, on est pourtant bien obligés de se raviser. Comme quoi, dans une équipe aussi disparate soit-elle, un intelligent partage des tâches dans un but commun peut sublimer les qualités de chacun: à Paul Smith les textes et le chant, à Paul Brewis la mise en musique, le tout sur le thème du voyage, chaque titre étant consacré à une destination. Le résultat: une collection de chansons d’une finesse et d’une sobriété auxquelles on ne s’attendait pas un instant. Autour d’arrangements de musique de chambre à l’élégance rare, construits principalement au travers d’un quatuor à cordes, Smith dépose un chant sophistiqué mais jamais pompier sur les mélodies raffinées de son acolyte du moment. Capable de rappeler la limpidité et la subtilité d’un Lambchop des beaux jours sur Barcelona (At Eye Level), lorgnant parfois du côté de Mark Hollis -toutes proportions gardées et la science du silence en moins- ou plus étonnement de Martin L. Gore, comme sur la sublime Mount Wellington Rises, le duo enchante par son appétence pour un minimalisme au pouvoir évocateur et à la luminosité parfaitement bluffants.Frozen By Sight est une indéniable réussite, qui parvient sans mal à faire oublier les discographies respectives des deux protagonistes. Ce qui finalement n’est pas la moindre des qualités de ce disque aux allures de classique hivernal.

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