En novembre dernier, j’annonçais le lancement de la Semaine Panafricaine organisée par le centre culturel Mbandja récemment installé à Toulouse.
J’ai récemment posé quelques questions au Responsable de ce lieu de culture et partage, qui a gentiment accepté de me répondre. Espérant que cette interview vous donne l’envie d’en savoir plus sur le centre Mbandja.
Afrozap : Que signifie MBanDja ?
Responsable du Centre Culturel : Les termes Mbandja, Mbandza, Banja, Ebando, Ebanza, dibandou, etc, présents dans le corpus linguistique de l’aire culturelle de l’ancien empire Kongo, renvoient à une notion d’origine, de cause première, de raison, de début, de commencement, c’est-a-dire d’initiation. C’est donc en cela que le Mbandja, traditionnellement situé à l’orée d’un village, représente le corps de garde où s’originent les grandes dynamiques qui régulent l’organisme social : gestion de conflits, définition des stratégies militaires et diplomatiques, veillées initiatiques ou profanes, etc.C’est à partir de cet espace physique que se structure l’espace mental de chacun des membres de la société. Ainsi, le Mbandja est comme la caisse de résonance d’une harpe amplifiant le signal de cohésion sociale, de paix et d’harmonie, afin de permettre à chaque individu d’en être le réceptacle, et de moduler sa conscience individuelle au rythme du sens social collectif.
Quelles sont les missions du centre culturel africain « Le Mbandja » ?
RCCMBandja: Il s’agit de récréer, dans un contexte moderne et interculturel, cet espace traditionnel, laboratoire de solidarité, de cohésion et de créativité. Notre action visera d’une part à changer la perception qui est généralement faite de l’Afrique en occident, d’autre part à cultiver, dans le contexte moderne, les valeurs ancestrales et traditionnelles contenues dans les cultures africaines, et dont l’oralité est depuis toujours le véhicule privilégié. C’est en ce sens que l’oralité sera l’ossature de notre action, pour faire de la culture la porte d’accès à ce qui fait l’essence même de l’Homme, et le singularise des autres règnes. C’est donc les fondements d’un humanisme africain qu’il est question de vulgariser à travers notre intervention dans les sphères sociales et culturelles. Cet humanisme africain permettant de tisser des ponts durables entres les individus, les peuples et les cultures. Ce même humanisme mettant le respect des équilibres naturels et culturels au cĹ“ur du développement social et technologique.
Afrozap : Retour sur la semaine panafricaine que vous avez organisée du 28 Novembre au 5 décembre à Toulouse. Quel a été le bilan ?
RCCMBandja : Tout au long de cette semaine panafricaine, qui s’est déroulé du 29 novembre au 06
décembre, nous avons eu l’occasion de présenter aux toulousaines et toulousains les principaux éléments de notre engagement culturel, et la portée panafricaine que nous donnons à celui-ci. De la projection de notre film « Un soleil s’en va » – qui livre notre lecture des maux qui minent l’Afrique et présente nos solutions – aux conférences en passant par les ateliers ubuntu, nous avons pu poser le cadre qui accueillera notre action. A en juger par l’importante mobilisation des toulousains,
on peut légitimement espérer une bonne dynamique culturelle à Toulouse.
Afrozap: Quels sont vos liens avec la ville de Toulouse et la région Midi-Pyrénées ?
RCCMBandja :Notre implantation toulousaine étant encore très récente, nous sommes en train de
renforcer notre ancrage dans l’univers culturel de Toulouse, en mobilisant les différents acteurs, associatifs ou non, qui sont autant de partenaires potentiels. Toutefois, notre action intégrant la médiation sociale par la culture, nous aurons bien assez tôt fait de mettre en route aussi bien des actions locales de cohésion sociale, que des projets de coopération décentralisée. C’est à ce titre que nous nous rapprochons actuellement des différentes institutions locales et régionales (mairie,département, région, préfecture, universités).
Afrozap: Quelles sont les rendez-vous phares pour 2015 ?
RCCMBandja :Dès le mois de février, nous proposerons aux toulousains et toulousaines de nous
rejoindre pour un week-end de la philosophie africaine « Ubuntu », au cours duquel nous proposerons conférences, initiation à l’art de l’épervier, un cercle de lecture et une nuit de l’oralité. Ce week-end sera un zoom sur l’humanisme africain (parlerions-nous plutôt d’universisme africain que nous serions plus proches de la vision de l’humain et de la Nature que véhicule la notion d’Ubuntu) qui sous-tend chacune de nos actions, et que nous venons remettre au goĂťt du jour. Ce week-end sera donc proposé afin de panser les déchirures sociales, et re-penser le vivre ensemble, à l’heure de la poussée violente des extrémismes, politiques et/ou idéologiques, où l’unité républicaine française et l’unité continentale africaine situent les enjeux de paix, de sécurité et d’épanouissement de toute l’humanité. Par cet événement, nous initions en fait une campagne d’éducation (ou plutôt de rééducation) au développement durable, au cours de laquelle nous introduirons dans les cercles de réflexions et d’actions écologiques, sociaux, culturels, économiques voire politiques, les éléments de réponses que nous inspirent les philosophies traditionnelles d’Afrique. Les dates des différents événements seront précisées dans les prochaines semaines.
Afrozap :Comment vous contacter ?
RCCMBandja :Celles et ceux qui souhaiteraient nous contacter, quelqu’en soit la raison, peuvent soit se rendre sur notre site internet , soit nous faire parvenir un courrier électronique à l’adresse mbandja.toulouse@gmail.org, soit nous appeler directement au 06 09 82 77 39. Nous sommes également présents sur les réseaux sociaux, disposant d’une page Facebook « Le Mbandja », ainsi que d’un compte tweeter « @LeBandja ».
Afrozap: Merci à vous !
RCCMBandja : Merci à vous ! Merci pour l’intérêt que vous portez à notre projet.
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Le centre culturel Mbandja a reçu en 2014, le Prix Madiba décerné par le FORIM ( Forum des oeuvres de solidarité internationale issues des migrations) pour ses « ateliers Ubuntu ». Connaitre le FORIM >>