Que Monsieur Valls le sache une bonne fois pour toutes: il n’utilise pas l’expression appropriée, sauf à vouloir ramener des individus à leur appartenance, à leur couleur de peau, voire à leur religion.
S'il cherche à dénoncer les processus à l’œuvre depuis tant d’années, qui conduisent à l’atomisation de certains quartiers qu’il nomme lui-même «ghettos», il ferait mieux de dire la stricte vérité. Et cette vérité est simple: le problème majeur des quartiers populaires n’est pas l’islam mais l’épouvantable crise sociale, qui laisse sans emploi plus de 40% des 18-30 ans, sans parler des conditionsd’existence, réduites à pas grand-chose, avec des services publics en perdition. En laissant des populations entières assignées à résidence, l’État ne remplit plus son mandat d’égalité. Combien de fois faudra-t-il écrire ce déterminisme-là pour qu’il pénètre les esprits et les cœurs? On dit souvent que les quartiers s’éloignent de la République, n’est-ce pas plutôt la République qui s’éloigne des quartiers? Il y a loin des mots aux actes. Car pendant ce temps-là, malgré l’urgence de populations en danger, Manuel Valls poursuit la même politique antisociale et austéritaire. Une forme de non-assistance. En tous les cas, une belle hypocrisie. Une de plus.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 21 janvier 2015.]