La nouvelle « séquence communicationnelle » est claire : le pays, apeuré, perdu, choqué et malmené par des événements dramatiques, a besoin de se rassembler. Ça tombe bien : son Président sera son berger. Et ça tombe d’autant mieux que cela permettra d’éviter toute action concrète et réelle pour remettre l’économie française en ordre de marche. Malheureusement, si en matière d’action, l’exécutif n’a pour le moment pas brillé par des démonstrations de compétence, en matière de communication non plus…
Il suffit d’ailleurs de comparer celle qui fut faite avant et après les attentats du 7 janvier pour bien comprendre que cette communication n’est pas vraiment le fort de l’équipe en place.
Ainsi, avant cette date fatidique, la période fut riche en occasions d’ouvrir son clapet pour dire des bêtises d’autant que le Chef de l’Exécutif a bêtement choisi de multiplier les apparitions publiques et de montrer toute l’étendue de ses capacités communicationnelles. On pourrait par exemple analyser (comme c’est fait ici) la petite phrase de début d’année « Est-ce que j’ai pris le bon chemin ? On verra à la fin. », qui résonne maintenant de façon assez inquiétante à l’aune des récentes excitations gouvernementales « sécuritaristes » : ou bien Hollande ne sait pas où il va, mais il y va résolument, tête baissée, même, et le fait sans s’inquiéter. Ou alors, il a bien conscience de tâtonner à l’aveugle mais s’en fiche éperdument tant qu’il peut continuer à barboter dans les ors de la République. Dans les deux cas, c’est assez alarmant pour un pays qui a résolument besoin d’une direction…
Quant aux vœux présidentiels, ils furent là encore l’occasion de démontrer qu’on peut très bien se moquer ouvertement de plusieurs millions de Français sans pour autant risquer sa tête : sans même s’attarder sur le décorum de l’intervention, tellement artificiel qu’il en devenait presque kitsch, pour Hollande, les hausses d’impôts, le matraquage taxatoire et fiscal, les charges et la paperasserie toujours plus encombrantes, tout ça n’existe pas. C’est dit, tout a été fait pour les entreprises ! Il relève donc de leur exclusive responsabilité de se mettre au travail et d’embaucher. Ben voyons. Et le chômage qui n’augmente pas en Europe sauf en France, c’est la faute à l’Europe. Imparable.
Cette communication catastrophique n’est même pas restreinte au Président. Il y a, bien sûr, les services du premier ministre qui nous ont gratifiés, au moment du réveillon de Noël, d’un magnifique « kit Repas de Famille » maintenant célèbre pour son aspect propagandiste éhonté. Difficile de ne pas y retrouver les meilleurs posters de l’ère soviétique, aux graphismes si délicieusement grandiloquents et aux coloris tranchés. De nos jours, la communication se la joue Web et HTML 5.0, mais le résultat laisse un franc goût de manipulation grossière. Quant aux Vœux du Gouvernement, on a même passé un nouveau palier dans l’agressivement débile. Et comme il est assez peu probable que vous soyez au courant de cette prouesse communicationnelle, tant l’argent dépensé dedans l’a été en pure perte, je vous livre l’URL pour que vous alliez y faire un tour. On touche ici au Facepalm chimiquement pur, à l’essence d’esprit de concentré de consternation, distillé artisanalement dans les alambics cuivrés de la niaiserie institutionnelle débridée : pour exprimer ses vœux aux Français, le gouvernement a résolument décidé d’être fier de la France (ce n’est pas grâce à lui, mais bon, pourquoi pas) en … barbouillant Marianne et quelques photos (dont celle de Manuel Valls).Si, pour le « Kit Repas de Famille », l’intention propagandiste des communicants était grossièrement limpide (ou alors, situait l’ensemble de la démarche dans une auto-dérision d’un degré si élevé qu’il n’aura été capté par personne), ces vœux prolongeaient la séquence de communication de l’Exécutif après les fêtes, en une sorte de story-telling du foutage de gueule en loucedé, ou une espèce de ratage artistique confus où l’on ne sait plus exactement qui doit quoi à qui, ni pourquoi.
Mais tout ceci, bien sûr, n’est rien face à l’avalanche de débilités confuses que l’attentat à Charlie Hebdo aura provoquées. Je passe rapidement sur le fait que les lieux de l’attentat étaient à peine sécurisés que le chef de l’État s’y rendait, accompagné non du représentant de sa sécurité personnelle mais bien d’un communicant, dont il n’aura fait usage que pour sortir le service habituel de l’effroi et de la ferme résolution à prendre des décisions courageuses (peu importe lesquelles, puisqu’il s’agissait de communiquer sur le soutien aux victimes, la fermeté de la République et tout le tralala habituel)… En vertu de quoi, plus personne ne comprend maintenant quoi que ce soit à la liberté d’expression, puisqu’elle permet à Charlie Hebdo de caricaturer Taubira mais l’interdit à d’autres journaux, de bord politique opposé, elle autorise les uns à jouer de l’humour sur des attentats et interdit aux autres toute ironie, ou elle aboutit enfin à plusieurs dizaines d’interpellations pour des propos qui relèvent pourtant bien souvent de l’expression d’une simple opinion… Expression d’opinion qui est devenue, en France et en quelques jours fatidiques, une véritable prise de risque.
La tempête émotionnelle à peine achevée, le levier communicationnel qu’elle pouvait représenter n’a pas tardé à être utilisé pour pousser, dans une hâte presque comique, de nouvelles brouettées de lois (ou velléités de lois) prétendûment anti-terroristes, et plus simplement anti-opposition au courant global d’asservissement de la population, avec son assentiment.
Tout, maintenant, est fait au plan de la communication pour tenter de transformer un type qui a enfilé les réformes médiocres, les piètres déclarations et les bricolages approximatifs afin de gagner du temps, en un leader charismatique derrière lequel pourrait se retrouver sinon le peuple, au moins une majorité solide de gauche. Et pour cela, la presse a été fermement commissionnée à coup de « Fôparécupérer », « Unité Républicaine » et autres fadaises anesthésiantes pour repeindre le vaporeux portrait de Hollande en quelque chose d’apte à nous faire reprendre espoir dans sa politique. Effort herculéen, déjà largement entrepris au tractopelle médiatique.
On retrouve ici exactement le même mécanisme qui avait, très brièvement, été mis en place lorsque cette même presse avait tenté de le faire passer comme un chef de guerre efficace suite à la campagne malienne (qui, au passage, est un des éléments déclencheurs de la tempête de caca mou que nous avons subi ces derniers jours), ou, le procédé, par omission cette fois-là, qui avait permis à Hollande de ressortir peu égratigné de son consternant rétro-pédalage syrien alors qu’il fut lâché, en rase campagne, par à peu près tout ce que la planète comprend d’alliés importants.
La nouvelle séquence est donc limpide : comme un attentat est survenu, subitement, le Chef de l’État a pris une nouvelle dimension (mais si, mais si) et aussitôt, la Nation s’est rassemblée derrière lui (mais si, mais si), parce que « quand l’enjeu est l’essentiel, quand il s’agit de notre propre avenir, de notre propre nation, il y a ce qui doit nous rassembler. Là, il faut éviter mauvaises querelles, surenchères, amalgames » (Et caricatures aussi, François, hein ?). Mais si, mais si. Autrement dit, ceux qui persisteraient à penser tout haut que le pays continue de sombrer sont instamment priés de se la boucler, et avec les nouvelles lois qui s’annoncent, il va être assez facile de le leur faire comprendre.
Nous sommes à mi-mandat pour Hollande. Il reste plus de 800 jours au socialiste pour continuer à s’agiter à son poste, ce qui lui fait plus de 800 occasions de proférer l’une ou l’autre ânerie, 800 occasions d’essayer une nouvelle réformette, de revenir dessus quelques mois plus tard, d’annuler tel ou tel contrat coûteux. Il reste plus de 800 jours pendant lesquels le gouvernement, l’un de ses ministres ou n’importe quel membre de la majorité s’exprimera pour sortir une nouvelle bêtise. Cela représente une période bien trop longue devant les quelques jours dont Hollande peut espérer bénéficier suite aux attentats, et que ne manqueront pas d’étirer tant que possible les éditorialistes obséquieux de la presse subventionnée. Quoi qu’il fasse et quoi qu’ils écrivent, la réalité reviendra, plus dure que jamais, et ce ne sont pas les communicants du Président qui lui éviteront la confrontation avec elle.
Même si Hollande communique à tour de bras, ce pays est foutu.
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