Maria Chapdelaine est un roman rédigé en 1913 par l'écrivain français Louis Hémon, alors résident au Québec. Il y raconte la vie d'une famille qui tente de s'établir en milieu rural. Bien qu'écrit au Québec, la première publication de Maria Chapdelaine se fera en France, en 1913, dans le feuilleton quotidien Le Temps. Dans les années 1930, le roman est utilisé comme outil de propagande pour inciter les colons canadiens-français à demeurer au pays et favoriser la colonisation en Abitibi.
L'histoire : Maria a dix-huit ans et vit sur une terre de colonisation au Lac Saint-Jean. Trois hommes la courtisent, trois destins s'offrent à Maria : François Paradis, Lorenzo Surprenant et Eutrope Gagnon. Le premier est un bucheron épris de liberté, le second est citadin aux États-Unis et le troisième est, comme le père de Maria, un colon.
On raconte que Maria a réellement existé.
Les personnages : Le père de Maria est un colon infatiguable et féru de labeur. Contrairement à son mari, la mère de Maria désire s'installer définitivement sur une terre. François Paradis : coureurs des bois intrépide, il est le prétendant que Maria aurait voulu choisir. Il meurt durant l'hiver en tentant de traverser la forêt malgré maints avertissements de ses semblables. Lorenzo Surprenant : « deuxième choix » de Maria, il représente le changement, l'inconnu. Il vit aux États-Unis et il décrie la vie sur la terre des colons canadiens-français. Eutropre Gagnon: C'est finalement à Eutrope que Maria, résignée, donnera sa main. Eutrope est un colon qui adore le travail de la terre, contrairement à Lorenzo. Il représente la résignation et la continuité.
Le roman le plus célèbre, encore à ce jour, du Canada français, a été victime de son succès. Insistant sur ce côté « roman de la terre » porteur de valeurs que l'histoire a pu lui attribuer bien après sa parution, il a été considéré parfois comme un modèle si parfait du genre que l'on a pu y voir un pastiche inégalé de la littérature « terroiriste » du Québec.
Louis Hémon, de fait, se borne apparemment à donner un récit très simple d'une histoire d'amour presque silencieuse, sur fond de la vie d'une famille du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Mais c'est ignorer ce qui fait, au-delà de l'aspect banal, minimaliste, volontairement réduit à l'aspect terrien, de ce texte, sa grandeur et son souffle poétique. Quand bien même il y aurait là pastiche de la littérature régionaliste québécoise, le pastiche dépasserait si largement ses modèles qu'il aurait pris valeur universelle, et c'est cette ouverture et cette ampleur qui donnent à ce roman ce statut si particulier et, à vrai dire, unique.
Les lecteurs canadiens y voient un « classique » avant la lettre, le chef-d'œuvre du Canada français. Il s'inscrit dans la droite ligne des autres écrits de Louis Hémon, presque tous publiés après sa mort.
Les dimensions satirique et critique de cette œuvre ne sont pas à négliger : l'ouverture du roman sur un Ite missa est (« La messe est dite ») et l'insistance sur les mœurs religieuses et la misère des colons ne manque pas d'audace. Le pessimisme sur lequel s'achève le roman (résignation de Maria à épouser un colon), les descriptions vives de l'agonie de la mère Chapdelaine, etc., font apparaître un univers barbare sans salut hors du bois et de la terre, un univers obscur, froid et clos, où tout principe d'espérance ou d'avenir est réduit à néant.
Le roman connaîtra trois adaptations cinématographiques, deux françaises et une québécoise :
- Maria Chapdelaine, un film de Julien Duvivier, sorti en 1934 avec Madeleine Renaud (Maria Chapdelaine) et Jean Gabin (François Paradis) ;
- Maria Chapdelaine, un film de Marc Allégret, sorti en 1950 ;
- Maria Chapdelaine, un film québécois de Gilles Carle, sorti en 1983 avec Carole Laure.
Le roman sera aussi transformé en BD, pièces de théâtre, roman illustré, radio-roman, série télévisée. Des auteurs publieront même des suites au roman.
Il existe également une chanson d'Henri Kubnick, interprétée par Line Renaud, Les Noces de Maria Chapdelaine.