Pas simple, la vie de Malika. A treize ans, au cœur de la cité, elle doit gérer seule le départ de son père, les disparitions subites de sa mère et surtout cette petite sœur de cinq mois dont elle s’occupe comme une grande. Le jour où le centre social propose aux gamins du quartier une semaine à la mer, Malika doit y renoncer pour jouer la nounou. Pourtant, la mer, elle en rêve Malika, elle ne l’a jamais vue en plus. Alors avec l’aide de Steven, elle va imaginer un stratagème pour partir quand même, quitte à glisser un bébé dans ses bagages...
La vie de Malika est difficile, c’est une vie minuscule et âpre, comme tant d’autres. Les cages à lapin des HLM, le collège, les trafics, les copains. J’avoue que j’ai eu du mal à croire au déroulement de l’intrigue. Des éducateurs qui laissent une gamine les accompagner à la mer avec un bébé caché dans un sac de sport, ça me paraissait totalement improbable. Mais le fait est que l’anecdote est réelle, Dominique Sampiero devait même en tirer un film. Le projet n’ayant pas abouti, il en a fait un roman jeunesse. Je trouve quand même le trait un peu forcé. Je l’espère en tout cas, parce qu’un tel niveau d’irresponsabilité de la part des adultes accompagnateurs, c’est juste effrayant !
Les points forts de ce texte tiennent dans les dialogues très travaillés, d’un grand réalisme, comme les interactions entre les différents personnages. La langue est parfois poétique, à d’autres moments très familière. La bienveillance et l’altruisme alternent sans cesse avec des scènes de tension, la tendresse se mêle à une certaine forme de violence. Et puis il y a cette fin que je ne m’imaginais pas une seconde. Ce ne pouvait être qu’une happy end, pas possible autrement. Sauf que…
Les bébés ont un goût salé de Dominique Sampiero. Rue du monde, 2014. 108 pages. 9,50 euros. A partir de 12 ans.
Et comme chaque mardi ou presque, c'est une lecture commune que je partage avec Noukette.