Il s’était perdu, Marilyn Manson. Il était devenu une pâle copie de lui-même, un espèce de fantôme errant sur son passé glorieux. Se reposant sur ses acquis, il avait même osé l’affreux « Born Villain », un album de métalleux rebelle sur les bords. On n’y croyait pas. Lui-même, je crois, n’y croyait pas. J’avais abandonné l’idée de retrouver le Marilyn Manson délicieusement provoc. Surprise. Il a fallu attendre ses 46 printemps pour que le rockeur américain sorte ce qui est actuellement son meilleur album depuis Mechanical Animals… C’était en 1998. Un bail. Assagi ? Non pas vraiment. Moins trash, adulte. Sans doute. Manson hurle moins, il chante pour de vrai. Mieux, parfois, il susurre, il chuchote même. Il avoue : pour la première fois, pendant l’enregistrement de cet album, il a entendu sa voix.
Ce qui ne changent pas ce sont la présence de ces guitares puissantes, c’est elles qui hurlent, qui se font maltraiter, triturer dans tous les sens. Elles guident. Mais en vrai, le rock de Manson n’a pas changé, il a évolué, à la violence des débuts s’ajoutent la moiteur du blues, musique qu’il a redécouvert récemment. Musique de l’âme, elle permet au rockeur d’extérioriser ses peines, ses maux, ses souffrances. Ces notes de blues, on les retrouve quasiment sur toutes les chansons, apportent un côté sensuel voire même sexy aux chansons de Manson. La preuve dès l’ouverture de The Pale Emperor : « Killing Stranger », puis plus loin sur le lancinant « Third Day of a Seven Day Binge » inspiré d’une scène érotique de « Twin Peaks ».
Grâce à son compère Tyler Bates, compositeur qui a co-écrit et produit The Pale Emperor, Marilyn Manson signe non seulement un album sexy, charmeur et terriblement rock. Oui, n’ayons pas peur de le dire, ce Pale Emperor s’écoute avec les hormones. On fire.