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Timbuktu, un beau film sur le dur sujet du terrorisme religieux

Par Filou49 @blog_bazart
20 janvier 2015

 On a malheureusement certainement jamais autant parlé de terrorisme en France que depuis ce début d'année 2015 et surtout depuis ce qui restera une date tristement célèbre, le 7 janvier 2015 avec ce terrible attentat contre Charlie Hebdo.

Mais les artistes n'ont pas attendu évidemment cet évenement tragique pour parler de terrorisme, un sujet dramatiquement très fort, et un film que j'avais pu voir bien avant  ce terrible attentat apportait sa propre vision du terrorisme, il s'agit de  "Timbuktu", ce film fort et courageux dont on a reparlé pas mal la semaine passée avec la décision vraiment ridicule du maire de Villiers sur Marne de le déprogrammer.

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Je l'avais dit dans mon article pour faire gagner des places pour aller le voir, le cinquième long métrage du réalisateur Abderrahmane Sissako a été applaudi chaleureusement par les journalistes et les festivaliers du dernier festival de Cannes tant, sur la Croisette,  il avait su susciter l’engouement des festivaliers, de par sa maîtrise cinématographique et ses propos cruellement d’actualité.

Pour de nombreux observateurs,  ce film coup de poing sur l'extrémisme religieux qui se développe en Afrique avait de bonnes chances d'être la Palme d'Or du 67e Festival de Cannes et  son absence au Palmarès fut assez incompréhensible aux yeux de beaucoup.

 Il faut dire que le sujet du film avait de quoi interpeller et était potentiellement délicat sur le papier : le grand cinéaste africain (sans doute le plus prestigieux cinéaste africain actuel) Abderrahmane Sissako avait choisi de prendre le parti de cibler une ville symbolique Tombouctou, au moment où elle est tombée aux mains des islamistes salafistes en 2012. Le scénario de ce film  est inspiré de faits réels.

Tombouctou, au Mali, surnommée «la perle du désert» a été occupé pendant près d'un an en 2012 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine (Défenseurs de l'Islam), qui ont laissé de profondes cicatrices -- amputations, coups de fouet aux couples «illégitimes», aux fumeurs, brimades et humiliations -- avant d'être délogés par les forces françaises début 2013 avec l"opération Serval. Sissako situe l'action de son film non loin de Tombouctou, tombé sous la coupe des jihadistes.

Mais plutôt que d’en tirer un documentaire (même si l'aspect documentaire n'est pas loin et empeche parfois le film de s'envoler vraiment), basé sur des faits réels historiques, Sissako choisit, pour illustrer son propos, de brosser une galerie de portraits d’oppresseurs et d’oppressés dont les histoires s’entremêlent avec habileté, même si on aurait aimé parfois que le récit soit plus resseré sur certains personnages que d'autres.

Timbuktu, un beau film sur le dur sujet du terrorisme religieux

Mais le grand talent du réalisateur est de parvenir à saisir avec subtilité ce qui reste d’humanité chez ces combattants d’un Islam radical , et cela passe par des scènes a priori anodines (fumer une cigarette, une discussion sur le foot, une vidéo de propagande que l'on fait sans conviction aucune) qui en disent beaucoup sur le doute qui animent ces terroristes, ce qui rend le film trouvlant, mais qui n'en fait pas pour autant évidemment une apologie du terrorisme comme le prétendait le maire de Vililers sur Marne, qui du reste ne l'avait pas vu avant de prendre une décision (ca se saurait si les maires UMP étaient cinéphiles :o).

Car ces combattants de Dieu, Abderrahmane Sissako les montre surtout bien plus pathétiques que glorieux, des êtres pas bien malins ne parlant souvent pas la langue du pays, mais bien décidés à terroriser les habitants du Nord-Mali, avec comme mot d'ordre " l'interdiction" de toute forme de plaisir, comme le football, ce qui donnera lieu à cette scène magnifique, la plus belle du film sur une partie de football sans ballon.

Si le rythme du film est évidemment lent ( on est pas dans un James Bond filmé à 100 à l'heure), Sissoko réussit parfaitement sa chronique sur le temps qui passe dans un village où des activistes du djihad imposent leur loi, et parvient à toujours garder le ton juste devant cette nouvelle barbarie qui déchire son propre pays.

A ma grande surprise, car je m'attendais à un film sombre à 100%, le film est loin d'être dépourvu de petites touches d'humour, qui parvient à alléger l'atmosphère forcément un peu lourde de l'intrigue.

Timbuktu, un beau film sur le dur sujet du terrorisme religieux

Filmé avec une grande beauté formelle dans des paysages somptueux du désert mauritanien, ce film ne peut laisser indifférent, ne donne aucune leçon, mais nous assène des vérités difficiles à dire et à voir sur la situation insoutenable de ce pays. Hélas, on regrette que, malgré toutes ces qualités, "Timbuktu" ne bouleverse pas autant qu'on aimerait. En effet, Cissoko préfere filmer avec une certaine distanciation, cherchant à éviter le trop-plein d'émotion et le film ne se départit alors pas  assez d'une certaine froideur.

Cependant malgré ces réserves (qui font que pour moi, " Winter Sleep" qui a obtenu la Palme lui est supérieur même si ce n'est pas non plus mon chouchou de l'année), "Timbuktu" reste un témoignage intense et captivant sur les dérives  criminelles du fondamentalisme.

 Cinéma : "Timbuktu", un film lumineux


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