Cette ville était faite à la taille de l’amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même.
Qui es-tu ? Tu me tues.
J’avais faim. Faim d’infidélités, d’adultères, de mensonges et de mourir.
Depuis toujours. Je me doutais bien qu’un jour tu me tomberais dessus.
Je t’attendais dans une impatience sans borne, calme.
Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu’aucun autre,
après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir.
Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir.
Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus.
Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien.
Marguerite Duras, Hiroshima mon amour