Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM) ont publié en décembre 2014 leur "Évaluation scientifique de l'appauvrissement de la couche d'ozone 2014", dans laquelle est passé en revue l'état de la couche d'ozone. Ce rapport est rédigé tous les quatre ans par le Groupe d'évaluation scientifique du Protocole de Montréal - 300 scientifiques de 36 pays.
Le protocole de Montréal est un accord international pour la protection de la couche d'ozone qui a été adopté le 22 mars 1985. Il a pour objectif de réduire et à terme d'éliminer complètement les substances qui réduisent la couche d'ozone. Le Protocole a été signé par de nombreux pays suite à l'alerte donnée sur la concentration d'ozone au-dessus du continent antarctique. Il a d'ailleurs été le premier protocole environnemental à atteindre la ratification universelle.
Ce protocole, qui a imposé la suppression de l'utilisation de nombreuses substances chimiques appauvrissant la couche d'ozone, semble aujourd'hui porter ses fruits !
Il est en effet indiqué dans ce rapport que la couche d'ozone, protégeant les organismes vivants des effets nocifs du rayonnement ultraviolet, montre les premiers signes de reconstitution. " Grâce à une action internationale concertée visant au retrait progressif des substances qui appauvrissent la couche d'ozone, sa reconstitution complète (selon les valeurs de 1980, avant l'appauvrissement marqué de la couche d'ozone) est en bonne voie et devrait intervenir vers le milieu de notre siècle " précise l'OMM.
" Cette reconstitution peut intervenir plus tôt si nous accélérons le retrait des hydrochlorofluorocarbones (HCFC) et nous occupons d'autres substances appauvrissant la couche d'ozone et (malheureusement encore) présentes dans les équipements, les murs des bâtiments et les stocks de produits chimiques ". L'OMM estime que de telles mesures permettraient de gagner environ 11 ans.
Pour rappel, les CFC (chlorofluorocarbones) étaient autrefois utilisés dans des produits comme les réfrigérateurs, les aérosols, les mousses d'isolation et la lutte contre les incendies.
" Si le Protocole de Montréal reste respecté, la part des substances appauvrissant la couche d'ozone dans l'atmosphère devrait continuer de diminuer tout au long du XXIe siècle " précise l'OMM.
Sans le Protocole de Montréal et les accords connexes, les niveaux atmosphériques de substances appauvrissant l'ozone auraient pu décupler d'ici à 2050. Selon le PNUE, le Protocole aura permis d'empêcher 2 millions de cas de cancer de la peau chaque année d'ici à 2030, d'éviter des dommages aux yeux et aux systèmes immunitaires humains et de protéger les espèces sauvages et l'agriculture.
Les substances qui réduisent la couche d'ozone étant également de puissants gaz à effet de serre, le Protocole " contribue également de façon significative à atténuer le changement climatique et a permis d'éviter l'émission de plus de 135 milliards de tonnes d'équivalent CO2 " selon l'OMM.
" L'action internationale en faveur de la couche d'ozone constitue une avancée majeure dans le domaine de l'environnement ", a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, M. Michel Jarraud.
Espérons maintenant que ces bons résultats concernant la couche d'ozone encouragent nos gouvernements à faire montre du même niveau d'urgence et d'unité pour s'attaquer au défi encore plus grand du changement climatique. Car si la couche d'ozone semble doucement se reconstituer, il n'en demeure pas moins que les gaz à effet de serre atteignent aujourd'hui des concentrations records dans l'atmosphère et que le réchauffement climatique continue de s'accélérer.
Et le PNUE prévient les gouvernements : " Le devenir de la couche d'ozone dans la seconde moitié du XXIe siècle dépendra en grande partie des concentrations de CO2, de méthane et de protoxyde d'azote - les trois principaux gaz à effet de serre à longue durée de vie présents dans l'atmosphère ".
Stella Giani