L’interview de Lenparrot s’est faite sans prévoir. Sur un coup de tête. Ou plutôt un coup de cœur. C’est le lendemain de son concert à Nantes qu’il nous a semblé indispensable d’en savoir un peu plus sur le projet solo du chanteur de Rhum For Pauline et claviériste de Pégase. Hybride new r’n’b/pop minimaliste, Lenparrot aka Romain Lallement révèle un univers totalement inédit, qui captive autant qu’il marque. C’est donc encore sonnés par une performance qui n’a rien à envier aux plus grands que nous le rencontrons à Nantes, là où tout a commencé.
ATD : Pourquoi ce nom de scène ? Qu’évoque-t’il ?
Lenparrot : C’est une référence au premier album de Baxter Dury qui est pour moi un véritable chef d’œuvre. J’aime beaucoup les empreintes dans la musique, je trouve que c’est une jolie manière de faire un clin d’œil, même quand il n’y a pas forcément de rapport entre les deux artistes. L’exemple le plus classe et le plus parlant pour moi c’est Radiohead, dont le nom provient d’un morceau de Talking Heads.
Avant d’écrire pour Lenparrot, j’ai énormément écouté Baxter Dury donc c’est une sorte d’hommage à ce disque que je trouve absolument grandiose et qui représente une période assez difficile, donc c’était un bon camarade !
ATD : J’ai lu que ce projet était né d’une panne d’inspiration. Peux-tu nous en dire un peu plus sur la création de Lenparrot ?
Lenparrot : Parallèlement à Rhum For Pauline, j’avais un projet qui s’appelait Arrêtez, Monsieur !, qui était bien plus folk. Lorsque mon pote Youen, binôme d’Arrêtez, Monsieur !, est parti à Paris, le groupe a pris fin, d’une manière assez brutale. Parallèlement, on commençait à changer d’esthétique avec Rhum For Pauline et les compositions d’Emile (batteur de Rhum For Pauline) correspondaient plus à l’envie collective. Je n’avais donc plus vraiment l’occasion d’écrire pour ces projets, et cette pause s’est soldée en véritable trauma. Le départ d’un des membres de Rhum For Pauline à la même époque a également été un choc, car nous avions monté ce groupe ensemble. Passé le deuil, il y’a eu une longue phase pas vraiment évidente où il m’était difficile d’écrire des choses qui me plaisaient. Heureusement, cette période a coïncidé avec la tournée de Pégase, ce qui m’a empêché de perdre le fil, musicalement parlant. Et puis Emile et Théo (de Von Pariahs) m’ont pas mal aidé. J’ai écrit le premier titre de Lenparrot, Inner Place, puis les autres se sont rapidement enchaînés. Fin janvier 2014, j’avais composé 9 titres, puis fin mars 2014, j’ai fait mon premier concert au Blockhaus à Nantes.
ATD : Qui peut-on compter parmi tes inspirations pour ce projet ?
Lenparrot : Quand j’ai commencé à écrire, j’écoutais beaucoup le premier Baxter Dury mais sinon je citerais principalement du post-punk, même si ce n’est pas forcément ce que je fais, mais c’est cet aspect minimaliste que je trouve intéressant. Je peux citer les canadiens Women, Clinic, le premier Suuns, Talking Heads ou encore, dans l’esprit dépouillé, je dirais Anika. Sinon, ma découverte de cette année c’est Chassol. Avec Pégase, nous avons partagé un plateau lors du Prix Deezer Adami. Son travail sur l’harmonisation du réel (enregistrements de bruits de la rue, de sons qu’il entend dans différents pays qu’il retravaille ensuite) me fascine.
ATD : Ta première date en duo était le 10 juillet dernier lors de la FVTVR Party à Trempolino. Depuis, tu as joué notamment à Bordeaux, Rennes, deux fois à Paris et au Stereolux à Nantes. Qu’est ce que ça fait de passer en si peu de temps d’un concert « en famille » à des dates partout en France ?
Lenparrot : C’est génial ! Après je dois avouer que j’avais pas mal la pression lors de la FVTVR party, même si je jouais avec notre famille. Ensuite, les dates se sont enchaînées assez rapidement, et c’était très intéressant de pouvoir se produire si vite devant des gens qui n’avaient jamais, ou très peu, entendu parler du projet. Et on a aussi la chance d’avoir une famille de copains qui s’est penchée sur le projet pour le faire avancer, notamment à travers les remix d’Anoraak, Maethelvin, Karl de Jupiter ou encore Pégase. Donc au final, je ne peux qu’être absolument ravi !
ATD : D’ailleurs, comment s’est passée la collaboration avec les 5 artistes qui ont remixé ton premier titre ?
Lenparrot : Après la sortie du single, les gars m’ont proposés des remixes ce qui m’a beaucoup touché. Nico, Quarles, Emile et Raph m’ont demandé les pistes et ont chacun bossé sur Les Yeux En Cavale à leur façon et j’étais ravi de chacun des résultats.
Pour les prochains morceaux, j’aimerais beaucoup collaborer avec Tahiti 80, Ricky Hollywood, Cléa Vincent, ou pour rêver un peu, avec Chassol !
ATD : Durant tes lives, tout est très épuré. Pas de grande mise en scène, vous n’êtes que deux sur scène… Pourtant tu parviens à remplir l’espace complètement et à t’approprier la scène. Est-ce plus dur d’être seul sur scène qu’avec un groupe ? Qu’est ce que ça change véritablement ?
Lenparrot : Pour avoir fait l’expérience d’être vraiment tout seul lors de mon concert en mars au Blockhaus, oui c’était très dur de ne pas pouvoir se reposer sur quelqu’un d’autre. Après, pour Lenparrot c’était une volonté très claire de ma part d’uniquement chanter sur scène, et j’avais très envie de bosser avec Olivier (deuxième moitié de Lenparrot) et d’en faire un projet à quatre mains. Etre membre du backing band de Pégase est un élément extrêmement enrichissant et en parallèle, j’ai eu cette envie de grande liberté sur scène, de ne m’occuper que du chant pour découvrir un rapport au public inédit. Je pense que si j’étais affairé à manipuler des machines ou un clavier, ça serait réellement différent de ce que je souhaite.
ATD : Un seul single et déjà une ovation des Inrocks. Comment prends-tu ces compliments ? As-tu la pression pour ton E.P à venir ?
Lenparrot : Evidemment, de voir qu’il y a un tel intérêt pour ce premier single, c’est extrêmement plaisant. Que des gens trouvent ça bien, qu’ils puissent être touchés, c’est très satisfaisant car au delà de la musique que l’on fait pour soi, il y a bien sûr la volonté que ça plaise au public. De savoir que des médias comme les Inrocks sont attentifs, c’est super. Après, je tâche de garder la tête froide et, oui ! Ca met la pression, notamment pour les morceaux à venir ! J’espère qu’il y aura autant de belles choses qui se passeront.
ATD : Tu collabores également avec « À deux doigts », pour tes visuels. Comment ça se passe et comment cela va-t’il évoluer ?
Lenparrot : On se croisait depuis des années, on traînait dans les mêmes lieux de Nantes, on avait quelques potes en commun mais je ne savais pas du tout qu’ils faisaient ça ! En mars 2014, je voyais l’esthétique du projet se dessiner et c’était un point primordial pour moi. J’ai toujours été fan de romans graphiques et, quand je suis tombé sur le magazine Kostar qu’Anne et Grégoire (A deux doigts) avaient habillé, ce fut le déclic. Coup de chance, ils ont carrément accroché au projet et c’est à ce moment que la collaboration a commencé. Elle fonctionne d’ailleurs très bien car il y a une sorte de synesthésie dans notre travail commun. C’est une carte blanche tronquée qui leur est proposée, et je n’ai jamais rien à redire sur leurs propositions.
ATD : En ce début 2015, que peut-t’on te souhaiter pour cette nouvelle année ?
Lenparrot : D’être heureux ? (Rires)
Que les titres à venir connaissent le même accueil que le premier single, rencontrer encore plus de gens.. Ah oui, deux choses :
J’adorerais jouer à l’étranger avec Lenparrot, par exemple dans un pays anglophone et puis avoir un titre harmonisé par Chassol serait un super beau cadeau aussi ! (rires)
ATD : Pour finir, dis moi quelle est…
ATD : La première chanson qui t’a marqué étant petit ?
Lenparrot : Don’t Stop Me Now de Queen
ATD : La chanson que tu aimes bien écouter pendant la période de Noël ?
Lenparrot : Some Kinda Love de The Velvet Underground
ATD : La chanson dont tu n’arrives pas à te passer en ce moment ?
Lenparrot : Do Si Do Mi Fa de Chassol
ATD : La chanson que tu aurais aimé écrire ?
Lenparrot : Eyesore de Women
ATD : La chanson que tu chantes quand tu es saoul ?
Lenparrot : Black Math de The White Stripes !