Dans la série, on sera bien content d’être rançonner de payer des frais d’université astronomiques pour nos enfants dans quelques années, voilà qu’un nouvel essai essentiel vient d’être pondu par une chercheuse émérite. Ça fait chaud au coeur, tiens. En plus, l’auteure de la chose est aussi peer (membre de la chambre des lords), nous voilà rassurés, même si on ne contribue pas à ses travaux remarquables à travers les tuitions fees, frais universitaires de nos gamins, on participe avec nos impôts, ouf! Vous l’aurez compris, j’ai un peu de mal avec les théories du professeur Wolf (rien à voir avec Virginia ni les trois petits cochons) qui a passé plusieurs années à cogiter avant de décider, hop, que les femmes qui réussissent sont antiféministes. Voilà. Et donc elle a pondu un bouquin pour éclairer les foules ébahies par ses travaux.
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D’après le professeur Wolf ( LA professeur? Professeuse? Professeuresse? Machine? ), les femmes qui réussissent tant dans le milieu des affaires que celui de politique (par contre, les sciences, les arts et tout ça, elle s’assoit dessus cette brave dame), ne sont que de vilaines méchantes égoïstes, bouh! qui trahissent leurs congénères pauvres, mal fichues, intellectuellement limitées et probablement à l’haleine fétide mais elle n’est pas allée vérifier. On ne va pas se pencher sur le bon peuple pour disserter de ses problèmes quand même, un peu de tenue. Déjà, je suis peut-être très bête comparée à cette dame, mais j’ai certainement plus d’humour qu’elle: cette politicienne qui a réussi (parce que membre des Lords, c’est quand même pas donné à tous) ne trouve pas ça légèrement ironique de développer ce genre d’argumentaire? Passons.
Si j’ai bien compris sa théorie, (c’est dans le times ici) ces femmes là, les golden skirts (jupes dorées) ne se préoccupent que de leur réussite personnelle sans se soucier des malheureuses débiles, pauvres et opprimées qui croupissent dans leur médiocrité. Ah. Et donc, non seulement elles trahissent lâchement la cause des femmes, mais elles font régresser le combat pour l’égalité. Si quelqu’un voit le rapport, merci de me l’indiquer dans les commentaires parce que ça me dépasse. J’aurais cru au contraire que c’était bien d’avoir plus d’élues par exemple. Mais non, au lieu de s’embêter à réussir dans un milieu d’hommes ( rien que l’expression « milieu d’hommes » me pose problème), et faire voter des lois utiles, elles devraient plutôt faire chômeuses et distribuer des tracts molasses pour réclamer sans conviction l’égalité des salaires pour les ploucs (puisque je le rappelle, les femmes réussissant ne méritent rien, ce sont des lâches). Tant qu’on y est pourquoi ne pas leur demander de se suicider en se jetant sous un carrosse royal, comme les suffragettes?
Après avoir lu l’article, j’avais le choix: soit je suis effectivement profondément stupide (je n’ai pas réussi ni en politique, ni dans les affaires donc je suis une pauvre femme non seulement exploitée mais aussi trop bête pour s’en rendre compte, peu importe que je fasse un boulot qui me plait), soit madame Wolf est un tantinet dépassée (elle a juste 65 ans pourtant). Ce qui me rassure, c’est qu’en lisant les commentaires sous l’article, je me suis rendue compte que je n’étais pas seule. Pour moi, une femme qui réussit , d’abord tant mieux pour elle et niveau féminisme c’est plus un modèle qu’une traître! Femme, ce n’est pas membre d’une secte style mousquetaire hippie ( toutes pour une et une pour toutes, my friend), on a le droit d’avoir des ambitions qui ne sont pas les mêmes que notre voisine quand même! Je ne vois pas en quoi le fait que certaines les réalisent enfonce les autres.
Et est-ce qu’on se demande si un homme politique ou un chef d’entreprise qui réussit brillamment trahit la cause des hommes? Non. On les juge à leur compétence. Alors madame Wolf, commencez par en faire autant avec les femmes, ça fera sûrement plus avancer le féminisme que des théories fumeuses et arrêtez de nous compliquer la vie!
(Je préfère la définition de Caitlin Moran. Souce Pinterest.com)