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Hausse de la consommation d’anxiolytiques après les attentats
Publié le 19 janvier 2015 par Antoinemoulin @medecinsurinter
Les attentats à Charlie Hebdo, à Vincennes et à Montrouge de Janvier 2015 ont traumatisés la population. Selon un bilan fourni par la société Celtipharm publié dans « Le Figaro », le nombre de ventes d’anxiolytiques (médicaments contre l’anxiété) ou somnifères a augmenté depuis ces attaques. Notons que 4800 pharmacies ont été prises en compte.
Une réaction normale à ne pas prendre à la légère
Selon les spécialistes dans le domaine de la psychologie, les angoisses sont bel et bien réelles. Toutefois, il ne faut pas dramatiser les choses et investir dans la mise en place d’un traitement spécifique. Ignorer le problème est aussi une erreur. Focus sur les conseils des experts afin de panser les blessures comme il se doit. Entre vendredi et mardi dernier, une hausse de vente des boîtes d’anxiolytiques de 18,2 % a été enregistrée. Selon le docteur en psychopathologie au CHU Henri-Mondor, Hélène Romano, qui fournit un soutien moral aux victimes, ce chiffre peut encore s’élever à Vincennes et dans quelques quartiers parisiens. Le PDG de Celtipharm, Dr Patrick Guérin, a avoué que c’est la première fois qu’un tel phénomène se manifeste.
Confrontation à la mort
Est-ce que les attentats ont à ce point affecté les Français qu’ils ressentent un besoin intense de recourir à des soins spécifiques pour passer le cap ? Hélène Romano, auteur de « L’Urgence médico-psychologique » et « L’Enfant face au trauma », répond à cette question. Elle avance, selon sa propre expérience, que lorsqu’une personne a assisté à un évènement traumatisant, sa santé morale est fragilisée et il faut beaucoup de temps pour qu’il recouvre tout son esprit. Le fait d’être confronté directement à la mort constitue une véritable tragédie. Cela explique ainsi les réactions des Français surtout les habitants de la capitale. Trop stressés par les problèmes vécus au quotidien comme les difficultés financières ou les troubles familiaux, ils sont les plus secoués par ces derniers évènements.
Privilégier le dialogue
Hélène Romano déclare que cette augmentation de la vente d’anxiolytiques est normale. Il faut maintenant se pencher sur la manière de soigner les blessures. Les rassemblements organisés depuis mercredi constituent déjà une solution appropriée. Mais si les grands ont réussi à exprimer leur émotion, les enfants ont encore besoin de comprendre la situation. Les manifestations pacifiques organisées ces derniers temps sont des sortes de message qu’on transmet aux enfants selon le pédopsychiatre belge Jean-Yves Hayez, professeur à l’Université catholique de Louvain. On les enseigne alors à agir avec force et dignité et non avec colère et désir de vengeance. On doit également privilégier le dialogue et leur parler de valeurs morales.
Hélène Romano n’a pas caché son inquiétude quant aux réactions négatives occasionnées par les traumatismes. Elle a peur qu’à force de ressentir une trahison, certaines personnes puissent agir de manière violente surtout envers les étrangers. Elle espère se tromper sur le sujet.