Série : Les ogres-dieux
Volume : Tome 1
Titre : Petit
Dessin : Bertrand Gatignol
Scénario : Hubert
Editions : Soleil Productions
Collection : Métamorphose
Année : 2014
Résumé :
Une
famille auto-proclamée « Ogres-dieux », de par leurs tailles et leurs
voracités de chair humaine, règne sur une cour d’humains en imposant la
terreur. Cependant cette famille est en proie à la décadence, suite à de
multiples accouplements consanguins dans le but d’obtenir des rejetons
de plus en plus grands. Seulement voilà, le contraire se produit. Les
ogres s’abrutissent et diminuent en taille de génération en génération.
Lors d’un banquet, la reine Ermione, se sentant nauséeuse, finit par accoucher d’un tout petit être.
Si petit qu’il pourrait en être humain.
La
reine y voit un signe de renouveau pour la famille et sauve celui-ci de
la voracité de ses congénères en le cachant dans sa bouche. Puis elle
le confie à la tante Desdée, la plus sage et l’une des plus grandes et
plus vielles ogresses de la lignée, mais reniée par les siens car elle
protège les humains. Tous les ogres la redoute, et elle se tient à
l’écart, enfermée dans son antre, pour ne pas avoir à faire à ses
semblables. L’enfant, désormais dénommé « Petit » y sera en sécurité
pour grandir.
Desdée va ainsi lui faire son éducation jusqu’à lui inculquer de ne pas manger de chair humaine.
Le père de Petit, quant à lui, le renie… Jusqu’à la confrontation père-fils-mère….
Mon avis :
Certainement l’une des meilleures BD que j’ai pu lire en 2014 !
Les auteurs (et Papa Noël) nous ont gâté, et ont particulièrement soigné leur bébé.
Ce livre est beau !
La
couverture tout d’or, de noir et de blanc est agréable au touché, et
annonce un travail de précision et de recherche graphique important.
Elle donne envie d’ouvrir l’ouvrage et de le lire.
Le dessin :
Bertrand Gatignol est un illustrateur hors pair. Il nous a réalisé ce livre avec une maestria parfaite.
Le noir et blanc nous plonge directement dans cet univers de conte baroque et cruel.
Les jeux de lumière et la place belle aux grandes étendus noires ou blanches sont une merveille pour notre œil !
Les
contrastes des dimensions sont exagérés mais ne le paraissent
étrangement pas, l’alternance de gigantesque et de minuscule permet
d’accentuer les compositions et les émotions des héros.
Le trait fin, épuré, classique, détaillé, minutieux est tout simplement envoutant et captivant.
Les
dessins sont tantôt durs et sombres, et tantôt légers et tendres… On y
retrouve donc tous les ingrédients nécessaires pour un merveilleux conte
graphique digne des grands histoires illustrés…
Le scénario et le découpage :
Hubert
nous décrit l’évolution de ce petit Ogre (ou humain ?), de sa naissance
à son indépendance, à laquelle il y mêle habilement une petite histoire
d’amour, d’une manière magistrale et digne d’un classique de notre
enfance.
Il nous
amène aussi à réfléchir sur la tolérance et l’intelligence en
confrontation de la tyrannie et la loi du plus fort (ce qui est plutôt
d’actualité hélas…).
Il
nous décrit des relations familiales effrayantes, avec un père qui
renie son enfant parce que trop petit, et une mère prête à mourir pour
sa progéniture...
Hubert
nous agrémente aussi très intelligemment d’intermèdes entre chaque
chapitre, sous forme romancée, nous apportant multitude d’informations
sur la lignée des ogres et les personnages clés de cette lignée.
Le
découpage, quant à lui, rythme très bien la BD, alternant pleine page
et division simple sur 2-3 bandes, et des effets de plongée,
contre-plongée, gros plans, vue globale, etc…, comme au cinéma. Il en
ressort donc un certain dynamisme au point que l’on ne s’y ennuie pas à
la lecture.
Au final, ce conte, retrouvé au pied de mon sapin, a fait mon bonheur imaginaire, visuel et scénaristique.
Merci Papa Noël !!
Yann