Dieu, ce Dieu qui n'existe pas, est à la fois l'amour et l'impossibilité de l'amour. C'est pourquoi, aussi souvent, aussi absurdement, il se transforme en violence haineuse.
Dans toute écriture sacrée, qui, elle, existe, l'esprit est pour les saints, la lettre pour les imbéciles.
Dans l'interdit de la représentation que l'on attribut à la tradition musulmane (mais qui ne se trouve pas dans le Coran), la dimension impie tient à la substancialisation du divin par l'image. Or prétendre venger le prophète renvoie là aussi à une substancialisation. Un homme peut venger un autre homme, il ne peut venger le divin. La violence au nom du prophète est donc impie.
Mais qu'importe les logiques. Descartes savait cela. Spinoza savait cela. Nous faisons éternellement, au nom de Dieu qui n'existe pas, des guerres bien réelles. Cela galvanise les pauvres d'esprit. C'est l'humiliation du philosophe que de voir ainsi les passions l'emporter perpétuellement sur la raison.