« Le mashup consiste en la création d’un titre à partir de deux ou plusieurs autres titres déjà existants. Généralement, les titres créés sont le mélange des parties vocales d’un premier titre avec la partie musicale d’un second. Le mashup se distingue du pot-pourri – « medley », en anglais. »
Cette pratique de DJ et de producteur s’avère d’une difficulté assez déconcertante à réaliser pour trouver les bons morceaux, faire les réaménagements nécessaires, caler les problèmes rythmiques et/ou harmoniques.
Bien que la transmission du talent n’a jamais été prouvée, être le fils d’un célèbre trompettiste de jazz aide forcément à ne pas être aux marges de la qualité quand on compose. Encore plus lorsque l’on est admirateur du hip hop.
Pour Amerigo Gazaway, le mash-up est en train de devenir addictif et détourne les limites de la création musicale jusqu’à les transformer. En 2011, il subjugue le monde de la production en faisant fusionner des morceaux de Fela Kuti et de De La Soul : Fela Soul est né. A noter le bon goût de choisir un trompettiste mythique et à un groupe légendaire, la facilité n’est pas de mise chez Amerigo.
Le projet est encensé par la presse et MTV, dans une illumination de bon sens, qualifie son travail de “virtuel hit” pour faire référence au mash-up. Et pour sur, Gazaway réalise une oeuvre de recomposition assez démentielle avec, par exemple, le génial morceau Feel Good Inc. Oui, le producteur américain s’est attaqué à un mash-up comprenant trois artistes avec De La Soul, Fela Kuti et Gorillaz. La voix de Damon Albarn trouve écho dans les cuivres de Fela Kuti, l’instru est partiellement modifiée et semble débarquée de la Louisiane pendant que De La Soul balance ses mots sur le couplet.
En 2013, son projet de mash-up entre A Tribe Called Quest et The Pharcyde, Bizarre Tribe, le dépasse tellement que The Pharcyde font appel à lui pour remixer certains de leurs morceaux. Amerigo Gazaway part ensuite faire des festivals en Amérique Latine.
En 2014, c’est l’apogée pour le fils de Gary Gazaway. Il dématérialise les instrus de Marvin Gaye pour les réadapter aux paroles fracassantes de Mos Def, Yasiin Bey de son vrai nom. Gazaway donne une nouvelle vie à ces classiques de la Motown et les sublime à tel point que ces morceaux sont difficilement dissociables de ce travail de recomposition avec Yasiin Gaye.
Contrairement aux mash-up précédents, l’écoute de l’album laisse plus croire à une authentique collaboration qu’à une dématérialisation qu’à une recomposition musicale. Sur Inner City Travellin’ Man, les voix des artistes se répondent dans des styles opposés alors que sur The Panties, elles s’unissent pour créer un bijou de sensualité.
The Source adoube Amerigo Gazaway en lui donnant le titre de “Mashup King” et les revues de presse s’exercent au concours du meilleur compliment. Le projet Yasiin Gaye et sa complexité musicale témoignent de l’influence non négligeable d’un père jazzman et de l’amour de la musique du producteur américain.
Des possibilités presque illimitées s’ouvrent quand on prend conscience que Gazaway “n’a fait que” des mash-up alliant artistes jazzy soul et artistes hip hop.
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